Amandine Bégot, anéantie par l'endométriose, nous raconte son calvaire
Amandine Bégot a longtemps dû souffrir en silence. Après un long combat contre la maladie, la journaliste a pu donner la vie et ses maux ont été apaisés. Cette battante, qui a rédigé la préface de l'ouvrage "Tout sur l'endométriose", nous raconte son parcours sinueux, mais néanmoins victorieux. Entretien.
Pendant de nombreuses années, la journaliste de RTL Amandine Bégot est restée désemparée face à d'inapaisables douleurs à l'apparition de ses règles. Après moult visites chez son gynécologue en vue de soulager ces maux inexplicables, le couperet tombe : la journaliste, âgée de 32 ans à l'époque, est atteinte d'Endométriose, une pathologie encore méconnue. Dès lors, confusion, angoisse et désarroi se mêlent dans l'esprit de la jeune femme. On lui explique qu'elle ne pourra pas avoir d'enfants facilement, qu'elle devra se faire opérer et certainement se faire greffer un anus artificiel... Aujourd'hui, Amandine Bégot a gagné la lutte contre cette maladie, dont elle est toujours atteinte, mais qui ne l'handicape plus au quotidien. À 38 ans, elle est mère d'un petit garçon de 3 ans. Pour éveiller les consciences sur cette maladie qui reste tabou, la journaliste a écrit la préface du livre Tout sur l'Endométriose de Delphine Lhuillery, Erick Petit et Eric Sauvanet, aux éditions Odile Jacob, dont la chanteuse Imany a également rédigé la postface. Amandine Bégot nous raconte son combat.
Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a convaincue de parler de votre histoire dans la préface du livre ?
Amandine Bégot : Il est dingue de constater qu'une femme sur dix est concernée par l'Endométriose. Depuis quelques années, certaines personnalités se sont fait l'écho de ce combat, certes, mais un tabou demeure autour de cette question parce que ce sont "des histoires de nana". On a longtemps dit que les douleurs des règles étaient dans la tête des femmes. Il ne faut pas avoir peur d'en parler. Souvent, on se plaint pour de bonnes raisons.
Vous avez été diagnostiquée en 2013, mais avez toujours subi d'atroces douleurs durant vos règles. Pourquoi le processus a-t-il été si long ?
Amandine Bégot : Il y a un décalage estimé de 7 à 9 ans entre les premiers symptômes et le diagnostic, à cause du manque de formation et de connaissances sur ce sujet. Quand je montrais à mon médecin où j'avais mal de façon précise, il me donnait simplement des anti-inflammatoires en me disant que la douleur allait passer. Lorsqu'un jour, j'ai lourdement insisté parce que j'avais de grosses crises, on a commencé à se pencher un peu sur le problème.
Comment avez-vous concilié souffrance et vie professionnelle ?
Amandine Bégot : Quand j'ai eu 30 ans, j'en étais arrivée au stade où j'avais d'horribles douleurs trois semaines par mois, pas seulement le temps de mes règles. Je ne pouvais pas me lever. À l'époque, je travaillais en matinale à la télévision, alors je me "shootais" de médicaments pour être à l'antenne pendant quelques heures, puis je rentrais chez moi et je restais couchée toute la journée. Mon travail me permettait d'agir ainsi, mais pour les femmes qui sont au bureau de 8h à 20h, ce n'est pas si simple…Avoir mal toute la journée est épuisant.
Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris que vous étiez atteinte d'endométriose ?
Amandine Bégot : Mon médecin m'a envoyé chez un spécialiste qui m'a dit qu'il fallait opérer l'appareil digestif, que le problème ne se situait pas au niveau des organes génitaux. Il m'a lancé : "Vous risquez d'avoir une poche pendant un certain temps, et pour les enfants, je ne suis pas sûr que vous pourrez en avoir, mais on verra bien…" Le type m'a annoncé cela avec une violence inouïe. Tout cela m'a fichu un vrai coup.
Aujourd'hui, vous êtes mère. Avez-vous lutté pour tomber enceinte ?
Amandine Bégot : Pas du tout, mon histoire est assez extraordinaire. Lorsque j'ai appris ma maladie, j'ai commencé à me documenter sur Internet, mais il n'existe que très peu d'autres livres informatifs sur l'Endométriose. En fouillant, je suis tombée sur une gynécologue spécialisée dans l'Endométriose, qui m'a dit de prendre rendez-vous à l'hôpital Saint-Joseph à Paris, mais il fallait attendre 18 mois avant d'avoir un rendez-vous. J'ai alors fais ce que je n'ai absolument pas l'habitude de faire : j'ai contacté le service de communication de l'hôpital. Ils ont réussi à m'obtenir un rendez-vous plus rapidement, mais j'ai tout de même attendu neuf mois. Lorsque j'ai été voir le médecin, il m'a fait une échographie, et surprise : de façon tout à fait inattendue, il a réalisé que j'étais enceinte ! Je me suis rendue compte que j'allais donner la vie, alors qu'un quart de secondes plus tôt, je craignais de ne jamais pouvoir tomber enceinte. La vie est parfois incroyable...
Depuis, vous suivez un traitement. En quoi a-t-il changé votre quotidien ?
Amandine Bégot : Grâce au traitement, je ne me sens pas malade, c'est comme quelqu'un qui vivrait avec de l'asthme. La grossesse apaise les symptômes. Mon traitement n'est pas contraignant, puisque c'est une pilule que je prends en continu, et il permet d'atténuer fortement les douleurs. C'est valable pour moi, mais le parcours de chaque femme est différent. Dès lors que l'on est pris en charge par les bonnes personnes, on vit très bien avec la maladie.
Quels sont les combats à mener en priorité ?
Amandine Bégot : La formation des médecins, ainsi que celle du grand public, n'est pas forcément quelque chose auquel on songe, pourtant elle est primordiale. J'ai toujours eu de fortes douleurs durant les règles, et c'est uniquement à 30 ans que l'on a supposé que j'avais de l'Endométriose. On part du principe que c'est qu'il est normal de souffrir pendant ses règles comme pendant un accouchement. Il faut donc former sur le diagnostic et la prise en charge de la douleur.
Retrouvez Amandine Bégot du lundi au vendredi à 8h38, au micro de RTL, dans La revue de presse et découvrez Tout sur l'endométriose, de Delphine Lhuillery, Erick Petit et Eric Sauvanet, aux éditions Odile Jacob, en librairies.