Violences faites aux femmes : la Tunisie se fait protectrice

En lutte contre les agresseurs. Après un long combat, la Tunisie adopte enfin une loi contre les violences faites aux femmes. Le texte est le plus avancé dans le monde arabe.

Violences faites aux femmes : la Tunisie se fait protectrice
© 123RF/Photootohp

C'est une grande avancée. Le Parlement tunisien a adopté une législation pour lutter contre les violences faites aux femmes. Un texte qui renforce la protection des victimes et supprime certaines dispositions controversées, comme l'article 227 bis qui permettait à un violeur d'échapper à toute condamnation s'il épousait la victime de moins de 15 ans. Autre pas en avant, les femmes pourront demander une ordonnance de protection contre leurs agresseurs, sans passer par une plainte ou une requête en divorce, s'il s'agit de leur mari. La loi prévoit également une assistance juridique et psychologique, ainsi que des programmes pour mettre en évidence "l'égalité des genres".

Selon la députée Bochra Belhaj Hmida, la loi introduit " la reconnaissance de toutes les violences (physiques, morales, sexuelles…) Ce qui se dégage de la philosophie de la loi, c'est que ces violences ne sont plus une question privée. C'est une question qui concerne maintenant l'Etat et la preuve, c'est que le retrait de la plainte n'arrête plus les poursuites ".

Victoire pour les femmes

"Il faut souligner qu'il s'agit d'un des textes de loi les plus avancés dans le monde en la matière, le plus avancé dans le monde arabe", a martelé Sophie Bessis, chercheuse à l'IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), sur France 24. Si en Tunisie, le droit des femmes est plutôt en avance sur le reste du monde arabe, une tunisienne sur deux affirme avoir déjà subi des violences, selon une étude de l'Office national de la famille.

Le texte a pu voir le jour grâce à la mobilisation de nombreuses associations de défense des droits des femmes. Pour Monia Ben Jemia, présidente de l'association ATFD, c'est une victoire : "Pour nous, c'est l'aboutissement de plus de 20 ans de militantisme. Je suis très émue."

La législation, adoptée à l'unanimité par les 146 députés présents (sur 217 élus), entrera en vigueur six mois après sa publication au Journal officiel.