Loi travail : les femmes vont-elles trinquer ?
De nombreuses associations féministes dénoncent un renforcement des inégalités femmes-hommes à cause du projet de loi travail. Voilà pourquoi.
"Parce que ce sont elles les plus précaires, parce que ce sont elles qui touchent les salaires les plus bas. Parce que ce sont elles qui sont majoritairement à temps partiel. Parce que ce sont elles et leurs enfants qui constituent la grande majorité des familles monoparentales." Cette entrée en matière rédigée par le collectif national pour les droits des femmes accuse le nouveau projet de loi El Khomri d'être défavorable aux femmes, qui seront les plus touchées par cette révision du code du travail.
La réforme de la loi travail s'articule autour d'un concept clé, celui de "l'inversion de la hiérarchie des normes". Jusqu'à présent, c'est la loi qui primait sur les accords de branches et/ou d'entreprise, un système favorable aux salariés. Le nouveau projet de loi porté par la ministre Myriam El Khomri sur la réforme du code du travail fera primer les accords d'entreprise sur la loi, même s'ils sont moins favorables aux employés. Or, seule la loi fait avancer l'égalité professionnelle puisque sans contraintes, les entreprises sont moins enclines à adopter des mesures pour rééquilibrer la balance entre les sexes.
Ce système risque de creuser les inégalités femmes-hommes déjà trop existantes, pour plusieurs raisons, comme le fustige le collectif Osez le féminisme dans son décryptage Féministe de la Loi travail 2016. Ces inégalités s'articulent autour de trois axes majeurs : une inégalité professionnelle renforcée, davantage de pression sur le temps de travail et une plus grande exposition aux risques de licenciement.