Farkhunda, 27 ans, assassinée sous le regard des policiers : l'Afghanistan se révolte

Lynchée et brûlée à Kaboul par la foule et devant des agents de police, Farkhunda, 27 ans, a perdu la vie le 22 mars : elle avait été accusée d'avoir brûlé un Coran, à tort. Son assassinat a créé une immense vague d'émotion et de rébellion dans le pays.

Elle s'appelait Farkhunda. Dimanche 22 mars, cette jeune femme de 27 ans a été battue à mort dans le quartier de Shash-Do Shamshera, à Kaboul après avoir été accusée d'avoir brûlé un exemplaire du Coran.
Lynchée par la foule avant que son corps ne soit calciné puis jeté dans une rivière, le tout sous les yeux d'agents de police qui n'ont rien fait pour porter secours à la victime : voilà le triste sort de Farkhunda, qui était en fait innocente, révèle quelques jours plus tard le gouvernement.
"L'accusation la visant est complètement fausse. Farkhunda était une femme religieuse, elle n'était pas impliquée. Elle était innocente", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Noorul Haq Ulumi, lundi 23 mars, devant le Parlement.
Aujourd'hui, des milliers d'Afghans, hommes et femmes, demandent justice pour Farkhunda. Et ils ont décidé de descendre dans la rue pour manifester leur colère. "Cela relève de l'horreur et de la barbarie absolue, a déclaré Soraya Parlika, défenseuse des droits des femmes à l'AFP. Cela s'est passé à quelques mètres du palais présidentiel et personne ne l'a défendue pour empêcher cet acte haineux. Les femmes afghanes, et la majorité des hommes afghans condamnent cet acte inhumain."
Selon des informations communiquées par le ministère de l'Intérieur afghan, 13 policiers aurait été suspendus depuis, en plus d'une dizaine d'autres personnes, dans le cadre de l'enquête.
De son côté, le président Ashraf Ghani a tenu à condamner cet acte qu'il juge "clairement en contradiction avec la charia et le système de justice islamique".

Des milliers d'Afghans sont descendus
dans la rue pour réclamer justice  © Massoud Hossaini/AP/SIPA