Prostitution : le client ne sera pas puni

Si la suppression de la pénalisation du client a été décidée par les parlementaires mardi 8 juillet, elle est loin de faire l'unanimité.

La commission spéciale du Sénat a rendu mardi 8 juillet son rapport sur la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel. La pénalisation des clients de prostituées ne figure désormais plus dans le dossier. 
La disposition, qui punissait l'achat de services sexuels d'une contravention de 1 500 euros, a ainsi été supprimée par 16 voix contre 12 (et 2 abstentions).
Il faut dire que cette proposition de loi fait débat. D'un côté, ceux qui s'opposent à la pénalisation du client pensent que cela aggraverait la condition de ces femmes qui risquent leur vie chaque jour : "Nous avons mis en avant la précarisation des prostituées que la pénalisation entraînerait forcément, avec des clients plus rares qui pourraient imposer leurs désirs et des prostituées obligées de se cacher. L'exemple de la Suède nous montre que cela ne fonctionne pas", a déclaré la sénatrice EELV Esther Benbassa.
De l'autre, les partisans de cette proposition de loi y voyaient un véritable "pilier" de la lutte contre le système prostitutionnel, comme l'avait annoncé Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des Femmes. Ils arguent que ceux qui ont recours à la prostitution alimentent les réseaux criminels. "Le démantèlement des réseaux devrait être une priorité", a affirmé Hélène de Rugy, déléguée générale de l'association d'aide et de réinsertion des victimes de la prostitution, l'Amicale du Nid, interrogée par L'Express.
Dans un communiqué commun, deux députées PS membres de la commission spéciale "système prostitutionnel" de l'Assemblée nationale, Maud Olivier, auteure de la proposition de loi et Catherine Coutelle, ont souligné que "si la loi ne prend pas en compte la nécessité de réduire la demande autant que les autres aspects, la loi ne sera pas efficace". Maud Olivier a annoncé que cette proposition permettait d'affirmer une opposition à la "marchandisation du corps humain".

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