Les Femen au balcon, l'extrême droite remue les tisons

Dimanche, quatre Femen sont apparues sur un balcon surplombant une manifestation de groupes d'extrême droite en hommage à Jeanne d'Arc. Ambiance de braise.

A l'assaut. Plusieurs cortèges distincts s'étaient succédé hier, en fin de matinée, place des Pyramides, où se trouve la statue équestre de la Pucelle en bronze doré. Les Jeunesses nationalistes ont précédé une centaine de royalistes de l'Action française et une cinquantaine de militants du Renouveau français. C'est alors que ce dernier cortège s'apprêtait à se disperser dans les rues adjacentes, et que la police contenait les membres de l'Union sacrée des patriotes, que les activistes sans soutien-gorge sont apparues au 4e étage d'un immeuble haussmannien au-dessus de la place.
Du monde au balcon. Toute poitrine dehors, le néologisme "sextermination" inscrit au feutre sur leur torse nu, les jeunes femmes en micro-short ont déployé une grande banderole rouge sur laquelle était écrit "sextermination for nazis" et "neofeminism is watching you" (le néoféminisme vous regarde).
Topless et insultes. Elles ont brandi quelques fumigènes allumés, sous les huées de plusieurs centaines de militants d'extrême droite regroupés sur la place: "Femen au bûcher" ou "Femen salopes" puis "Police complice" lorsqu'un cordon de CRS s'est rapidement mis en place au pied de l'immeuble pour en barrer les accès aux militants.
Après plus d'une demi-heure de mobilisation, elles ont été évacuées via la grande échelle d'un camion de pompiers.

Dans l'après-midi, l'hommage à Jeanne d'Arc s'est poursuivi dans la capitale avec un défilé à l'appel du mouvement Civitas, proche des catholiques intégristes. Derrière une militante en armure et à cheval figurant la Pucelle, familles et prêtres en soutane, arboraient des drapeaux de l'Action française et chantaient des chants religieux et patriotiques.

Stratégie. Les actions du Femen consistaient initialement en des rassemblements classiques visant à protester contre la dictature patriarcal, le prostitution et l'intégrisme religieux, coupables à leurs yeux d'asservir les femmes. Personne ne prêtait attention à ces mobilisations. Et une journée d'hiver 2010, elles ont enlevé leurs T-shirts. Succès immédiat, expliquent-elles pour justifier leur mode de protestation. En monokini sur la voie publique, ces pin-up entendent "partir en guerre" contre l'oppression du sexe dit faible.

Regarder la vidéo des Femen nues contre l'extrême droite:

"Les Femen narguent un rassemblement de l'extrême-droite à Paris"