Polytechnique, une école de filles ?

Quarante ans après les pionnières, une nouvelle génération de filles entre à l'X. Réjouissant.

En 1972, sept femmes, dont Anne Chopinet, major de promo, poussaient pour la première fois les portes de Polytechnique. En 2012, elles sont 61 brillantes représentantes de gent féminine à intégrer l'immense campus de Palaiseau... pour 339 garçons.

La cour des grands

Malgré leur scolarité exemplaire, leurs résultats époustouflants en maths et en physique, aucune ne semblait s'autoriser à rêver à ce prestigieux établissement de l'Essonne, ex-École centrale des travaux publics.

Parmi les 1 800 femmes qui ont porté l'uniforme, le bicorne et l'épée, certaines réalisent des parcours exceptionnels : Anne Chopinet assure les fonctions de conseillère technique à la présidence de la République, Nathalie Kosciuzco-Morizet est députée-maire de Longjumeau et candidate à la présidence de l'UMP, la femme d'affaires Pascale Sourisse a été nommée PDG de Thales Communications & Security, et Karine Berger, secrétaire nationale du PS à l'économie.
Pourtant, les débuts n'ont pas été simples et les premières étudiantes ont dû imposer leur présence dans cet univers resté masculin pendant près de deux siècles. "On était logées à l'infirmerie, l'école n'était pas faite pour accueillir les filles", se souvient Marion Guillou, de la promo X 1973, la deuxième à accueillir ces demoiselles.

bicorne
Porté avec le Grand Uniforme, le bicorne se place à l'inverse du chapeau de Napoléon, les cornes devant et derrière et non sur les côtés (c'est-à-dire "en colonne"). Une cocarde tricolore, sous un double galon lézardé or posé en biais (la ganse), orne le côté droit.Lors de l'intégration des premières filles, un Grand Uniforme avec tricorne est dessiné pour elles. Mais, sous l'impulsion de la promotion 1994, le tricorne disparaît au profit d'un couvre-chef unisexe. © MAYA - Fotolia.com

Une discipline de fer

"On était treize filles, ça a créé des liens très forts. Certaines de mes très bonnes amies étaient dans la même classe que moi", ajoute Mme Guillou. En mars 2008, elle est devenue la première présidente du conseil d'administration de l'école. "J'ai souvent été la première femme dans mes différents emplois", confie-t-elle à l'AFP.

Aujourd'hui, les femmes ne sont plus considérées comme "des animaux du zoo comme nous l'étions sans doute dans les premières années", se réjouit-elle. Mais elles restent toutefois ultra-minoritaires: entre 15 et 18% d'une promotion.
Les "Tossettes", étudiantes de première année dans le jargon de l'Ecole, sont parfois surprises par la discipline militaire et l'importance accordée au sport, mais elles se mettent rapidement, comme leurs camarades, à marcher au pas dans la cour.

Du travail reste à faire

"Il y a un problème d'attractivité des carrières scientifiques et des études d'ingénieur", regrette Mme Guillou.

"C'est à nous de témoigner dans les lycées. Il faut que nous arrivions à montrer que ça mène à une quantité de métiers, et qu'il est possible de conjuguer une carrière et une vie de famille", souligne cette mère de trois enfants.
Autre avantage : une étudiante y est en moyenne courtisée par une dizaine de garçons. Flatteur, non ?

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