"Au golf, on peut être en jupe ou en robe"

A la veille du début du Tournoi du Lacoste Ladies Open de France le 2 octobre dernier, nous avons rencontré Sophie Giquel-Bettan. A tout juste 30 ans, la championne de golf française revient sur son parcours, ses faiblesses, ses envies et sa vie hors du golf, aussi...

"Au golf, on peut être en jupe ou en robe"

Que représente le Lacoste Ladies Open de France  pour vous ?
Sophie Giquel-Bettan :
C'est le tournoi le plus important de l'année. On joue à la maison. En tant que Françaises, nous avons toujours envie de performer dans notre pays. En plus, comme Lacoste est un de mes sponsors, il me tient particulièrement à cœur. Ça donne envie de leur prouver qu'on fait partie de la famille et  qu'ils ont eu raison de nous faire confiance.

C'est la première fois que cela se passe à Chantaco, sur les terres de la famille Lacoste. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?
S. G.-B. :
Cela fait quinze ans que je n'étais pas revenue ici. J'avais joué en tant qu'amateur. On se sent un peu chez soi.

Comment arrivez-vous à gérer la pression ?
S. G.-B. :
C'est notre métier de pouvoir gérer ce genre de pression. On a l'habitude. On essaie de se dire que c'est un tournoi comme un autre, même si au fond de nous on sait que ce n'est pas le cas. On a envie de bien faire. Mais je me sens bien ici. La famille vient nous voir. En plus, je dors chez une amie juste à côté. Plein de gens sont là pour nous soutenir. C'est un super événement.

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Sophie Giquel-Bettan, joueuse de golf professionnelle. © Didier Chicot

A un moment donné, vous considériez davantage le golf comme un travail et un moyen de gagner votre vie que comme du plaisir. Aujourd'hui, ça y est, vous arrivez à prendre du plaisir ?
S. G.-B. :
Eh bien, je suis retournée un peu dans mes travers ces derniers temps. Donc je suis retournée voir mon coach, Corinne Soulès. On a rediscuté pour essayer de me remettre dans l'idée de jouer pour gagner et non de jouer pour gagner ma vie. L'objectif est d'essayer de tout faire pour gagner et prendre du plaisir.

Quelle est votre méthode pour lâcher prise ?
S. G.-B. :
Il n'y a pas de méthode spéciale. Je ne sais pas comment l'expliquer. Mon mari Axel, qui me caddeye, essaie de me pousser dans ce sens. Il faut juste essayer de changer d'état d'esprit, en se forçant.

Physiquement, comment vous préparez-vous ?
S. G.-B. :
J'ai un préparateur physique sur Lyon qui s'appelle Alexandre Gonzalez. Quand j'ai une semaine de break, je fais environ cinq séances par semaine de sport. Après, il y a l'entraînement golfique. Par exemple, je suis allée au centre Hélianthal faire une séance de cardio. Ça fait vraiment partie intégrante de l'entraînement pour pouvoir être prête physiquement et enchaîner les tours.

Et côté alimentation ?
S. G.-B. :
Je vais aussi voir un nutritionniste. Je fais assez attention. Le matin, j'évite tout ce qui est viennoiserie et je prends pas mal de protéines. Pour les autres repas, j'essaie d'équilibrer tout ce qui est féculent, protéines et légumes. Et puis pas trop d'écart ! Un dessert par-ci par-là, ça ne fait pas de mal mais j'essaie de faire attention.

Comment arrivez-vous à équilibrer vie pro et vie perso ?
S. G.-B. :
J'ai la chance d'avoir mon mari qui me caddeye. Les deux sont mélangées. C'est délicat aussi, mais au moins, on est ensemble. Il y a des moments difficiles quand ça se passe moyen. On est tellement tous les deux à fond dedans que c'est compliqué d'en sortir. Mais quand ça se passe bien, c'est tellement magique qu'on oublie les mauvais côtés.

Vous arrivez à discuter autre chose que golf ensemble ?
S. G.-B. :
Le golf, c'est ma passion. Donc même si on en discute, ce n'est pas forcément un mauvais point. Après, quand on n'est pas en tournoi, il aime bien aller jouer, donc j'essaie de faire autre chose pendant ce temps-là. C'est un équilibre à trouver. Le fait qu'on ait notre maison à Lyon, ça va être bien !

Vous allez vivre à longueur d'année à Lyon. Pourquoi  cette ville ?
S. G.-B. :
J'ai passé dix ans de ma vie dans la Drôme, à Valence. Et j'ai vécu six ans à Lyon. Tous mes entraîneurs sont à Lyon et j'adore cette ville. 

A quel âge avez-vous commencé à jouer au golf ?
S. G.-B. :
A 9 ans. Mon père jouait. Il m'y a mise. J'avais de facilités, donc j'ai continué. J'ai commencé à faire des résultats. J'ai continué, j'ai continué... Après, j'ai vite voulu être pro et puis voilà.

Comment a évolué le golf féminin depuis ?
S. G.-B. :
Dans les cinq dernières années, le niveau de jeu a complètement explosé, en Europe comme aux Etats-Unis. Les joueuses sont beaucoup plus pros. Elles font beaucoup plus de sport. C'est devenu beaucoup plus professionnel qu'avant. Du coup, tous les niveaux de jeux se sont élevés. J'espère que ça va pouvoir attirer plus de sponsors. Regarder les femmes jouer au golf est agréable : il y a un côté chic qu'on ne retrouve pas forcément chez les hommes. Et je pense que c'est un atout pour nous.

Le golf est en effet un des sports où les femmes sont le plus élégantes. Comment l'expliquez-vous ?
S. G.-B. :
On peut vraiment s'habiller comme on veut, contrairement aux autres sports où on est obligée de porter un short et un débardeur. Au golf, on peut être en jupe, en robe, en pantalon... Et avec Lacoste, on est chanceuse parce qu'on a pas mal de choix pour pouvoir se rendre élégante sur le parcours. Sur les tournois, j'essaie de faire attention, pour essayer de me faire remarquer...

Et au quotidien ?
S. G.-B. :
Un petit peu. Je trouve que notre génération est très "jean-tee-shirt-baskets". Je fais attention quand j'ai des soirées. Mais dans la vie de tous les jours, je me laisse plutôt aller vers le "jean-tee-shirt".

Vous faites d'autres sports en parallèle ?
S. G.-B. :
Pas tellement, en fait. J'ai habité trois ans en Floride où je n'ai fait quasiment que du golf. Mais j'aimerais bien faire un art martial. J'ai entendu dire que le kick-boxing était le moins dangereux parce qu'on a pas mal de protection. Je vais peut-être essayer cet hiver pour pouvoir me déchaîner un peu. C'est un peu frustrant le golf...

Pourquoi frustrant ?
S. G.-B. :
Parce que c'est beaucoup de travail et beaucoup d'abnégation pour arriver parfois à un résultat qui n'est pas celui qu'on attend.

Côté loisirs, quelles sont vos autres passions ?
S. G.-B. :
J'adore passer du temps en famille et avec nos amis. Vu qu'on voyage beaucoup, on n'a pas trop le temps de les voir. Mais j'aime tous les sports en général. Récemment, j'ai découvert le saut en parachute. C'est fabuleux. Je ne pense pas que cela pourra devenir un loisir parce que c'est juste hors de prix, mais c'était top.

En termes de personnalité, comment vous définiriez-vous ?
S. G.-B. :
Alors, c'est une bonne question... Je dirais que je suis quelqu'un de très joyeux. On a eu un petit questionnaire en début de tournoi. A la question sur notre citation préférée, j'ai répondu : " Qui ne tente rien n'a rien ". Eh bien, je pense que je ne tente pas assez de choses. Je fais un peu trop attention, au cas où. Je contrôle un peu trop. J'aimerais bien pouvoir un peu lâcher prise. C'est plutôt moi ça.

Vous avez identifié l'origine de ce problème ?
S. G.-B. :
Non, pas encore. Il va falloir je crois... (Rires)

Vous êtes originaire de Ploërmel... Ténacité, c'est l'un des traits de caractère breton. Ça vous correspond ?
S. G.-B. : Oui, je suis très têtue aussi.

Si vous étiez un objet...
S. G.-B. :
Alors ça, je n'en ai aucune idée.

Un animal ?
S. G.-B. :
Une lionne. Elle contrôle.

Vous ne partiriez jamais sans...
S. G.-B. :
Je ne suis pas du tout matérialiste... Je dirais mon iPhone. Je pourrais m'en passer, mais il faudrait faire un petit effort quand même.

Que contient votre valise ?
S. G.-B. :
Une trousse de toilette, comme tout le monde, des vêtements pour jouer au golf, des vêtements de sport, des vêtements pour sortir, mon épilateur, ma trousse à maquillage. J'utilise les maquillages SLA de Serge Louis Alvarez. Je mets aussi de la crème solaire : si je l'oublie je suis morte. Et puis des barres énergétiques...

Quels sont vos projets personnels ?
S. G.-B. :
Pour l'instant, pas spécialement. L'installation dans notre nouvelle maison va nous prendre pas mal de temps. Et puis, la saison prochaine va vite arriver, donc les entraînements vont reprendre.

Et côté pro ?
S. G.-B. :
J'avais prévu d'aller au Cart American Golf cette année. Finalement, je n'y vais pas. J'aimerais pouvoir y aller l'année prochaine.

La  vie après le golf, vous y pensez ?
S. G.-B. :
Oui, un peu. Mais je préfère vivre à fond ce que je suis en train de vivre, plutôt que de penser trop tôt à ma reconversion.

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