Simone de Beauvoir mourait il y a 35 ans : ce que vous ne saviez pas

Le couple que formait Simone de Beauvoir avec Jean-Paul Sartre après la Deuxième Guerre mondiale a produit quelques unes des grandes idées qui ont infusé la France, et ce bien des décennies après.
Trente-cinq ans après sa disparition, Simone de Beauvoir est régulièrement citée dans les débats. Son livre Le Deuxième sexe ainsi que sa participation au Mouvement de libération des Femmes dans les années 1970 l'ont établit comme une des théoriciennes les plus importantes du féminisme. 

Voici 35 anecdotes, révélations et secrets sur Simone de Beauvoir

Sa mère, très catholique, souhaitait que sa fille soit élevée dans la religion.

Simone de Beauvoir était une élève hors pair, elle partageait chaque année les meilleures notes avec sa grande amie Zaza. 

La mort à 22 ans de Zaza plonge Beauvoir dans un état traumatique qu'elle essaiera de relater tout au long de sa carrière. Elle développe l'idée que son amie est morte pour qu'elle puisse vivre.

Espérant avoir un fils, son père lui répéta tous les jours qu'elle avait un cerveau d'homme, pour la faire sortir de sa condition de femme. 

À seulement 15 ans, elle sait déjà qu'elle veut devenir écrivain. 

Elle a mené des études prestigieuses: en 1927, elle obtient le certificat de philosophie générale et la Licence de Lettres mention philosophie l'année suivante. 

C'est en rédigeant un mémoire sur Leibniz qu'elle rencontre Jean-Paul Sartre à l'Université de Paris. 

Elle sera reçue deuxième du concours d'agrégation de philosophie en 1929, juste derrière l'apprenti philosophe.

Ses parents considèrent que son métier d'enseignante est la preuve d'un "échec social"

Une grande amoureuse

Le grand amour de sa vie est la philosophie, elle écrit dans Pyrrhus et Cinéas : "Ce qui m'attira surtout dans la philosophie, c'est que je pensais qu'elle allait droit à l'essentiel. (…) c'est la totalité du réel qu'elle visait ; elle s'installait tout de suite en son cœur et me découvrait, au lieu d'un décevant tourbillon de faits ou de lois empiriques, un ordre, une raison, une nécessité."

Elle a refusé de se marier à Jean-Paul Sartre qui lui proposait cet arrangement pour qu'ils enseignent dans le même lycée et ne soient pas éloignés.

René Maheu, un ami du couple, lui donne le surnom de Castor. En effet, "Beauvoir" est proche de l'anglais beaver, qui signifie castor.

Boris Vian, également ami du couple, donne vie à Sartre et de Beauvoir dans son roman culte L'Écume des Jours sous les noms de Jean-Sol Partre et de la duchesse de Bovouard.

En 1941, Beauvoir et Sartre fondent le groupe de résistance "Socialisme et liberté".

En 1943, elle travaille pour Radio nationale ("Radio Vichy") où elle organise des émissions consacrées à la musique à travers les époques.

Simone de Beauvoir fonde avec Sartre et d'autres intellectuels de gauche la revue Les Temps Modernes pour faire connaitre le courant philosophique qu'ils défendent : l'Existentialisme. 

Outre la philosophie, son grand amour sera également les voyages. Un pays l'attire particulièrement : les États-Unis où elle se rend en 1947 pour la première fois. Simone de Beauvoir prend là-bas conscience du racisme structurel du pays et s'engagera dans l'anti-racisme en France

À Chicago, elle rencontre Nelson Algren, un romancier proche des communistes. Elle entame une relation passionnée et enflammée avec lui, mais elle doit rentrer en France, refusant également de se marier à lui.

En 1952, Beauvoir rencontre Claude Lanzmann, journaliste, écrivain et cinéaste. Il deviendra le réalisateur de Shoah en 1985. Il a dix-sept ans de moins qu'elle, ils vivent une histoire d'amour qui durera sept ans.

Avec Sartre, Simone de Beauvoir se rend à Cuba en 1960 pour y vivre la révolution et rencontrer Fidel Castro et Che Guevara. 

Le 7 janvier 1962, son appartement est détruit lors d'un attentat. Ce sont des représailles pour son engagement anti-raciste et anti-colonial durant la Guerre d'Algérie.

Elle n'a pas toujours été militante féministe. Son adhésion au socialisme de l'époque n'est pas compatible avec un engagement qui placerait l'égalité hommes femmes au cœur de son combat politique.

Dans Le Deuxième Sexe, en 1949, Simone de Beauvoir propose pour la première fois une réflexion philosophique sur la condition des femmes. 

Le livre est traduit dans plusieurs langues et aux États-Unis, se vend à un million d'exemplaires et nourrit la réflexion des principales théoriciennes du Women's Lib.

Le Deuxième Sexe fait tellement scandale qu'il est mit à l'Index par le Vatican, la liste des livres que les chrétiens n'ont pas le droit de lire.

Elle dira du mariage que c'est une institution bourgeoise aussi répugnante que la prostitution lorsque la femme est sous la domination de son mari et ne peut en échapper.

Son implication dans la cause des femmes prend réellement de l'ampleur dans les années 1960 en même temps que la libération des moeurs. 

Elle préside Choisir la cause des femmes, en 1971, un mouvement de lutte pour le droit à l'avortement et rejoint le Mouvement de Libération des Femmes.

La même année, Simone de Beauvoir fait partie des "343 salopes" qui signent un manifeste pour dépénaliser le droit à l'avortement.

Lorsque Sartre tombe malade et perd la vue en 1975, c'est Simone de Beauvoir qui s'occupe à la fois de l'aider dans son travail mais aussi de subvenir à ses besoins matériels. 

Sartre décède en 1980. Bien qu'elle ait refusé toute sa vie une relation exclusive, elle perd là son plus grand amour et plus fidèle complice.

Des dossiers secrets de la CIA déclassifiés par Donald Trump nous apprennent que dans les années 1960, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et Catherine Deneuve auraient financé un " réseau d'activistes " qui " aidait les déserteurs " de la guerre du Vietnam.

Mort, héritage et funérailles

Le 14 octobre 1981, Simone de Beauvoir adopte Sylvie Le Bon pour lui céder tous les droits de son œuvre et veut faire don des manuscrits de Sartre à la Bibliothèque Nationale. Elle sera sa seule enfant.

Le 26 mars 1986, elle est hospitalisée à cause de violentes douleurs abdominales, mais l'opération qu'elle subit l'affaiblit. Elle décède le 14 avril 1986 à Cochin.

Les obsèques se déroulent le 19 avril 1986, et la procession est suivie de milliers de personnes, femmes, militants et militantes, anonymes respectueux, qui accompagnent son cercueil jusqu'au cimetière Montparnasse. Simone de Beauvoir est inhumée dans la même tombe que Sartre.