Cet accro lit tous les jours et voici le meilleur livre qu'il ait jamais ouvert - "Il m'a fallu moins de quelques paragraphes"

Il lit parce qu'il en a besoin, parce qu'il aime ça, et ce, tous les jours. Il a lu des classiques, des nouveautés, des romans étrangers, des chefs-d'œuvre annoncés. Et un jour, il est tombé sur un livre qui, selon lui, surpasse tous les autres.

Cet accro lit tous les jours et voici le meilleur livre qu'il ait jamais ouvert - "Il m'a fallu moins de quelques paragraphes"
© Cup of Couple / Pexels

"Il m'a fallu moins de quelques paragraphes pour réaliser que je lisais probablement la meilleure chose que j'aie jamais lue, ou que je ne lirai jamais", confie Steffan Rhys, journaliste et mordu de lecture, au Daily Express. Il ne s'agit pas d'un roman avec une intrigue spectaculaire ou un suspense haletant, ni d'un livre qui cherche à faire pleurer ou à séduire par l'émotion. Ce roman joue sur un autre registre : celui de l'absurde, de la logique tordue, du comique amer. Il montre des situations grotesques racontées avec un sérieux total. L'action se déroule en pleine Seconde Guerre mondiale, mais l'histoire ne ressemble à aucune autre.

Dès les premières lignes, le ton est donné : le personnage principal est hospitalisé à cause d'un symptôme étrange, une "douleur au foie qui frisait la jaunisse". Les médecins hésitent, ne savent pas trancher. "S'il s'agissait vraiment d'une jaunisse, ils pourraient la traiter. Si cela disparaissait, ils pourraient le laisser sortir. Mais le fait d'être constamment à deux doigts de la jaunisse les a désorientés", résume-t-il. Le genre de passage qui, selon lui, dit tout du livre en quelques lignes. C'est drôle, déroutant, précis, et ça pousse à continuer.

Mais ce n'est pas seulement une farce littéraire. C'est aussi une critique acerbe de la guerre, de la hiérarchie militaire, des règles absurdes qu'on applique sans réfléchir. Le roman accumule les situations où chaque tentative d'échapper à une règle se retourne contre celui qui tente justement d'y échapper. Au fil des pages, on croise des personnages hauts en couleur : un homme qui s'ennuie volontairement pour avoir l'impression que le temps passe plus lentement, un officier si moyen que tout le monde s'en rend compte, une série de soldats paumés, résignés ou révoltés, coincés dans un système qui les dépasse. Le ton est parfois délirant, parfois grinçant. 

Ce roman n'a pas connu un succès immédiat à sa sortie, mais il a gagné peu à peu une reconnaissance massive. Aujourd'hui, il est étudié, cité, adapté, traduit dans de nombreuses langues... Ce n'est donc pas uniquement une expérience personnelle. D'autres lecteurs, d'autres critiques, partagent le même sentiment : le roman Catch 22 de Joseph Heller reste unique. Il a été écrit en 1961, à peine seize ans après la fin de la guerre, et pourtant, les questions qu'il soulève restent actuelles. 

En 2015, le Guardian l'a classé parmi les 100 meilleurs romans en anglais. Des critiques littéraires le décrivent ainsi comme "une comédie absurde et impitoyable qui laisse entrevoir le vide profond qui se cache au cœur des choses". Steffan Rhys reconnaît, lui, que d'autres préféreront des romans plus classiques, plus linéaires, plus émouvants. Mais pour lui, c'est définitivement celui-ci qui trône en haut de sa liste. Inspirant.