Agression sexuelle à Roanne : le père qui a tabassé l'agresseur de sa fille a été condamné à...

[Mise à jour le 8 mars 2023 à 10h22] Aniss, père de la petite fille âgée de 6 ans ayant été agressée sexuellement à Roanne, a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour avoir tabassé l'homme qu'il soupçonnait d'être l'agresseur de sa fille, indique Le Parisien. Un homme qui l'avait aidé dans cette expédition punitive a, lui, été condamné à six mois de prison ferme. Quant aux deux autres prévenus, ils ont été relaxés "au bénéfice du doute".

Le père de famille, condamné à de la prison 

Parmi les quatre prévenus, le père de famille, qui a finalement été condamné à de la prison avec sursis, a été le seul à reconnaître les faits de violence sur l'agresseur présumé. Quant à l'homme qui l'avait accompagné et a été condamné à de la prison ferme, il a été reconnu coupable de "violence en réunion avec arme" en état de récidive légale. Quant à l'adolescent accusé d'avoir agressé sexuellement la petite fille, et qui avait ensuite été passé à tabac, il reste en détention provisoire et a été mis en examen pour "agressions sexuelles aggravées sur mineure de moins de 15 ans", a expliqué le parquet de Roanne. Pour l'instant, celui-ci nie en bloc les faits.

Peines de prison requises : "On ne peut accepter certaines dérives"

Fin janvier 2023, le procureur de la République de Roanne, Abdelkrim Grini, avait requis 18 mois de prison contre le père de la fillette, doit 6 à 9 mois de sursis probatoire de 2 ans, indiquait BFMTV. Il a également requis des peines de prison contre deux autres prévenus soupçonnés d'avoir aidé le père de famille à tabasser l'agresseur de sa fillette. Un an de prison dont 6 mois avec sursis avait été requis contre l'un et deux ans de prison dont un an avec sursis avait été requis contre l'autre. Un quatrième prévenu devait être jugé, mais, le procureur n'étant pas certain de son implication, le parquet avait demandé à ce qu'il soit relaxé. Le procureur de la République de Roanne s'était adressé au père de famille et aux hommes soupçonnés de l'avoir aidé : "Je comprends votre émotion et votre colère, mais je suis là aussi pour dire qu'on ne peut accepter certaines dérives. Là, on a basculé". 

Un père tabasse l'agresseur présumé de sa fille

Après l'agression de sa fille âgée de seulement 6 ans, Aniss se venge sur le suspect... Dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 octobre, à Roanne, dans la Loire, l'homme organise une ronde pour retrouver l'agresseur de son enfant après un délit commis la veille. Il identifie l'individu et le roue de coups. Le jeune homme de 16 ans a été mis en examen et placé en détention provisoire après avoir été soigné à l'hôpital de Roanne. Le père de famille, lui, a été placé en garde à vue ce 27 octobre. Une enquête a été ouverte pour "violences en réunion avec arme par destination".

L'agression de la petite fille

Les faits se sont déroulés jeudi 20 octobre au domicile de la jeune victime, à Roanne, dans le quartier de Malloyet, au sud de la ville. Un individu s'est introduit dans la maison au milieu de la nuit, par une porte-fenêtre qui n'était pas verrouillée au rez-de-chaussée. Il s'est ensuite rendu au premier étage où se situent les chambres. Il est entré dans celle de la petite fille et a procédé à des attouchements de nature sexuelle. La mère, alertée par des bruits, s'est alors rendue dans sa chambre et a surpris l'agresseur. Le jeune homme s'est enfui rapidement. Selon nos confrères de BFMTV, les parents ont porté plainte dès le lendemain.

"J'ai tout fait pour le retrouver"

Le père se confie sur BFMTV ce mardi 25 octobre et affirme qu'il était nécessaire pour lui d'agir. Il explique : "J'ai tout fait pour le retrouver". Avec l'aide de trois voisins et amis, il organise une ronde dans le quartier, "on était persuadé que la personne n'était pas loin d'ici car elle a disparu trop vite", raconte-t-il à RMC. Les voisins surveillent la maison pendant la nuit de vendredi à samedi quand ils aperçoivent un jeune homme qui essayait d'enjamber la barrière. Le père prend en photo l'adolescent pour montrer son visage à son épouse. "Je reviens voir ma femme, j'ai à peine le temps de lui faire voir le téléphone et elle n'a même pas eu le temps de me dire 'oui, c'est lui', qu'elle a repris un deuxième choc dans la tête".

Aniss repart confronter le suspect qui tente de s'enfuir, "j'ai réussi à lui sauter dessus et à le rattraper." Il ajoute : "je suis devenu fou, mais fou, fou, fou. Je l'ai roué de coups et heureusement que j'ai été un minimum lucide pour appeler la police sinon on ne sait pas ce qu'il se serait passé après". RMC rapporte qu'une source proche du dossier affirme que si la police n'était pas arrivée, l'adolescent serait sans doute mort.

Des faits dénoncés par le procureur de la République

Le suspect a reçu des coups de poings, de pieds et de barre de fer, ce qui dénonce le procureur de la République de Roanne, Aldelkrim Grini. "On ne peut pas accepter que de tels faits soient commis, quand bien même ce jeune homme aurait commis les faits pour lesquels il a été interpellé et mis en examen, ça ne justifie pas et ça ne légitime pas les violences", explique-t-il à RMC. Selon BFMTV, les médecins ont prescrit 10 jours d'ITT à l'adolescent de 16 ans. Le père de la victime pourrait avoir à répondre de ses actes devant la justice mais il affirme à la télé : "Je ne regrette rien, malgré les risques".

L'agresseur présumé est un mineur isolé, originaire de Guinée, qui réside dans une structure spécialisée voisine de la maison de la victime. Selon RMC, le parquet dit que le jeune homme "nie les faits qui lui sont reprochés". Il a été écroué dimanche et placé en détention provisoire. Il encourt jusqu'à 10 ans de prison pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans.

Une plainte contre le père de famille ? 

Après sa mise en examen et sa détention provisoire dans une prison de la région lyonnaise, le jeune homme suspecté d'agression sexuelle "nie totalement les faits" selon son avocate, Me Camille Thinon. "Il faisait nuit. Mon client dit qu'il n'a jamais été dans cette maison, qu'il était au mauvais endroit, au mauvais moment (...) il va déposer plainte (...) Les expertises ADN menées vont être primordiales dans cette affaire", a-t-elle fait savoir au Parisien.

"Il a complètement perdu la raison, il le reconnaît", a assuré sur BFMTV Me Jean-François Canis, l'avocat d'Aniss ; ce dernier est depuis sous le coup d'une enquête pour ses actes de violence contre le suspect. Aniss avait le "sentiment que sa plainte", déposée après l'agression de sa fille, "n'avait pas été prise au sérieux" et pour cause : "aucun policier" ne serait venu patrouiller dans le quartier dans les 24 heures...