"J'en tremble encore" : Une ministre victime de racisme dans un lieu "emblématique de Paris", que s'est-il passé ?

Dans une tribune publiée dans le "Huffington Post", l'ancienne ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, Elisabeth Moreno, relate l'agression raciste qu'elle a vécu en plein coeur de Paris.

"J'en tremble encore" : Une ministre victime de racisme dans un lieu "emblématique de Paris", que s'est-il passé ?
© Lafargue Raphael/ABACA

Ce mardi 12 octobre 2022, Elisabeth Moreno, l'ancienne ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes, à la Diversité et à l'Égalité des chances du gouvernement de Jean Castex, Elisabeth Moreno, a publié une tribune dans les colonnes du Huffington Post. Elle y raconte l'agression raciste dont elle, ainsi que plusieurs autres femmes "noires et métisses", ont vécu dans "l'un des cafés les plus emblématiques de Paris"

Elisabeth Moreno victime de racisme : où cela s'est produit ?

De manière très précise, l'ancienne ministre raconte son histoire et confesse "trembler encore de colère et de tristesse". "Qui aurait cru qu'il serait plus facile pour une femme noire en 2022 d'aller dans l'espace que d'être servie dans un des cafés les plus symboliques de Paris ?", écrit-elle d'abord pleine de désillusions. Avant d'entrer dans les détails : "Il est 16h. À peine assises et pas encore servies, dans en ce lieu hautement symbolique qui porte en lui une partie de notre patrimoine littéraire et philosophique, celui-là même qui scelle nos valeurs républicaines, un manager s'approche de nous et sur un ton péremptoire nous indique qu'il va nous installer à l'étage car nous dérangeons notre voisin". "'Ce Monsieur travaille, et c'est un habitué, lui'", nous justifie-t-on.

"Nous n'étions pas à notre place. Nous n'étions pas des habituées, nous. Nous n'étions qu'un groupe de femmes noires et métisses, certaines étrangères, et notre présence dérangeait un habitué", poursuit-elle encore. 

Elisabeth Moreno sur le racisme ordinaire 

"Je constate amèrement que ces actes inadmissibles se camouflent dans les pratiques de certains établissements qui, sous couvert d'être sélectifs, se permettent d'exclure à l'entrée les femmes et les hommes issus de la diversité", relate ensuite Elisabeth Moreno. Pourtant, études à l'appui, elle rappelle que "ces phénomènes sont loin d'être rares". "Ces dix dernières années, la discrimination ressentie par les femmes pour motif sexiste observée en France est en hausse", étaye-t-elle. Avant de donner quelques chiffres aberrants : "En 2019-2020, 46 % des femmes estiment avoir été discriminées en raison de leur genre, lorsqu'elles étaient 28 % entre 2008 et 2009, selon une étude de l'INSEE en juillet 2022".

Décidée à voir les choses bouger, Elisabeth Moreno écrit ensuite vouloir croire en la force de son pays. "C'est pourquoi, je veux pouvoir dire à celles et ceux qui me lisent que la France est un pays qui n'accepte pas ce genre de comportement", déclare-t-elle. "Je veux que les personnes qui sont victimes de discriminations sachent qu'elles ne sont pas seules face à l'injustice, qu'il y a un recours possible, que notre système marche". Et à elle de conclure : "Il y a plus de 70 ans, un Afro -Américain traversait l'Atlantique pour devenir écrivain (…) Cet homme s'appelait James Baldwin, et c'est à Paris qu'il écrivit son premier roman, La Conversion. À une table du Flore. On ne l'en a jamais chassé. Il était un habitué. Le serait-il encore aujourd'hui ? Je veux le croire"