Enfants maltraités à Noyelles-sous-Lens : "scènes de sexualité", "coups de fouet"...

"J'ai vu mes parents laisser deux de mes sœurs attachées chaque jour 23h30 sur 24h". Bryan, l'un des fils du couple accusé de maltraitance infantile dans le Pas-de-Calais, a fait de terribles nouvelles confidences...

Enfants maltraités à Noyelles-sous-Lens : "scènes de sexualité", "coups de fouet"...
© Bryan témoigne face à BFMTV - Capture d'écran

Une "maison de l'horreur"? Le procureur de la République de Béthune, Thierry Dran, ne souhaite pas utiliser ce terme, considérant qu'il est exagéré, pour décrire le foyer de Noyelles-sous-Lens, dans lequel deux quadragénaires, parents de dix enfants, sont accusés de maltraitance sur leurs enfants. Mais pour leur fils de 21 ans, Bryan, qui témoigne face aux caméras de BFMTV, "le mot est trop faible", au contraire. "J'ai vu beaucoup de choses et vécu beaucoup de choses dans ce foyer. Il n'y a aucune famille à ma connaissance qui a ce fonctionnement-là, avec autant de violences physiques et verbales", a confié le jeune homme, le 6 septembre.

"Coups de fouet", "scènes de sexualité"... Bryan raconte

"J'ai vécu beaucoup de violences physiques et verbales, et je suis l'un des enfants qui a le moins vécu toutes ces violences", a expliqué Bryan, désormais père d'un enfant de vingt mois. Alors, pour aider ses frères et sœurs encore pris au piège dans cette maison, le jeune papa a porté plainte contre ses parents, le 30 août. Auprès des assistantes sociales, il a évoqué des "coups de bâton, de fouet, de raquette, de balai", ainsi que des "scènes de sexualité". "J'ai vu mes parents laisser deux de mes sœurs attachées chaque jour 23h30 sur 24h", a-t-il ajouté.

"Porter plainte contre ses parents, c'est très difficile", avait-il d'ailleurs confié, bouleversé, face aux caméras de TF1. Après une garde à vue le 31 août, les parents, âgés de 44 et 40 ans, ont été placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction d'entrer en contact avec leurs enfants. Ils sont accusés de "soustraction par ascendant aux obligations légales" et de "violences sur mineurs de 15 ans par ascendant". Ils encourent trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Leur procès doit avoir lieu le 24 janvier.

Enfants maltraités dans le Pas-de-Calais : Bryan raconte l'horreur

Stupeur et indignation lorsque les policiers ont débarqué le 30 août au domicile du couple de quadragénaire à Noyelles-sous-Lens, dans le Pas-de-Calais. Deux bambins étaient ligotés à leur chaise haute, dans un "état d'hygiène déplorable". 

Si Bryan Rouzé a décidé de porter plainte contre ses parents, c'est pour empêcher qu'un drame ne se produise. Le jeune homme vivait dans une peur constante. "Un jour, on va m'appeler et me dire que mon petit frère de six ans est mort à la suite d'un coup", s'imaginait-il. Dans cette famille de dix enfants, âgés de 4 mois à 24 ans, dont sept mineurs, les violences seraient quotidiennes, selon le témoignage de Bryan. 

Des enfants qui "servaient de salaire" ?

D'après le jeune homme de 21 ans, le couple, qui ne travaillait pas, aurait donné naissance à de nombreux enfants uniquement dans le but de percevoir l'argent des aides sociales. "On leur servait de salaire. À chaque enfant parti, un nouveau-né arrivait", a expliqué Bryan après de TF1. "C'était leur seul revenu, s'il n'y avait pas d'enfant à la suite, ils perdaient de l'argent", a-t-il précisé.

Pourtant, les services sociaux avaient reçu plusieurs signalements et avaient effectué de nombreuses visites au sein du foyer depuis 2013. Mais à chaque fois, les parents étaient prévenus à l'avance de leur arrivée. "Il ne faut pas prévenir quand on vient. A chaque fois, mes parents embobinent le cerveau des petits pour leur faire dire qu'ils ne subissent pas de violences", a déploré Bryan.

Ce qui est reproché au couple

Le jeune homme de 21 ans, récemment devenu papa, souhaite que ses parents écopent d'une peine "à la hauteur de ce qu'ils ont fait". "Ce qui est reproché, c'est surtout le manque d'hygiène total, et des carences éducatives graves, le fait de ne pas s'être occupé de façon normale de ses enfants", a précisé Thierry Dran, le procureur de la République de Béthune. Toutefois, les enfants ne présentent "pas de traces de sévices graves qui auraient provoqué des cicatrices".