Comment une jeune femme a été "virtuellement violée" dans le monde de Facebook

Comment une jeune femme a été "virtuellement violée" dans le monde de Facebook

Une jeune femme effectuant des recherches sur le Métavers dit avoir subi un "viol virtuel" par l'avatar d'un autre utilisateur d'Horizon Worlds, le monde de réalité virtuelle créé par Facebook.

Une chercheuse de 21 ans dit avoir été "violée" virtuellement dans le métavers Horizon Worlds, un monde virtuel créé par Facebook. Chargée d'y étudier les relations sociales pour l'ONG SumOfUs, dont la mission consiste à empêcher "les grandes entreprises de se comporter de manière irresponsable", la jeune femme a vécu une expérience marquante au bout d'une heure d'interaction. 

Son avatar a en effet été agressé par celui d'un autre utilisateur. "Notre chercheuse a été conduite dans une salle privée lors d'une fête où elle a été violée par un utilisateur qui n'arrêtait pas de lui dire de se retourner pour qu'il puisse le faire par-derrière alors que les utilisateurs à l'extérieur de la fenêtre pouvaient les observer", indique l'ONG dans un rapport. 

Un viol virtuel avec des sensations physiques

Bien que virtuelle, la jeune femme a senti son agression sexuelle dans ses manettes, justement concues pour vibrer lorsque les utilisateurs établissent un contact. Elle pouvait également entendre ses agresseurs lui parler. "Une partie de mon cerveau était en mode 'c'est quoi ce bordel?', l'autre se disait que ce n'était pas mon vrai corps, et une encore se disait 'c'est important pour la recherche", a-t-elle expliqué, jugeant tout de même l'expérience "très désorientante et même dérangeante", auprès du Daily MailUne vidéo (en tête de ce papier) montrant le début de l'interaction avec son agresseur a été rendue publique : on y voit deux hommes du point de vue de la chercheuse, l'un voulant lui faire boire de l'alcool et l'autre se tenant à ses côtés. 

Extrait vidéo
Image extraite de la vidéo capturée par la chercheuse lors de son agression © DR

D'autres agressions sexuelles rapportées

Ce viol virtuel fait tristement écho à des faits d'agressions sexuelles déjà rapportés par des utilisatrices. En décembre 2021 notamment, l'une d'elles expliquait avoir été confrontée à quatre hommes essayant de la toucher, l'insultant et lui ordonnant de se masturber. 

En 2016 également, 20 Minutes rapportait déjà le cas d'une Américaine agressée sexuellement alors qu'elle testait le jeu de réalité virtuelle QuirVr. Bien que son avatar était le même que celui des utilisateurs masculins, sa voix a suscité l'intérêt malsain de l'un d'entre eux. "Sa main flottante s'est approchée de mon corps et il a commencé à frotter virtuellement ma poitrine, mon entrejambe. J'ai commencé à crier", a-t-elle expliqué. La jeune femme dit n'être restée connectée que 3 minutes.

La question de la sécurité dans le métavers

Le rapport de SumOfUs dénonce également des "discours de haine raciale", "homophobes" et rapporte l'usage de "drogues", "d'armes à feu" et de "harcèlement". La porte-parole de Meta s'est exprimée en mai suite au viol virtuel de la chercheuse et a indiqué qu'elle n'avait pas activé le dispositif de sécurité prévu pour empêcher les utilisateurs inconnus de s'approcher à moins de 1 mètre. 

Mais ces agressions virtuelles invitent à s'interroger sur l'impact psychologique que peut avoir ce genre d'application sur les utilisateurs et utilisatrices. Le fait que chacun puisse œuvrer dans l'anonymat depuis son salon peut en effet favoriser ce genre de dérives. Les géants de la tech doivent sérieusement prendre en considération cette liberté qu'ils offrent à certains utilisateurs pour porter atteinte à autrui en toute impunité. L'entreprise Méta (créatrice d'Horizon Worlds) assure travailler sur les questions de sécurité et envisage notamment la création d'une "safe zone" où se téléporter en cas de danger.