"100 000 vierges, Harem, Guérisons miraculeuses"...: le gourou d'une secte sexuelle en Corrèze, mis en examen

Bort-les-Orgues, un petit village de Corrèze où les 2600 habitants pensaient tous se connaître... jusqu'à cette étrange matinée du 12 octobre où des riverains ont aperçu "un homme avec une barbe blanche" se faire menotter par des gendarmes, racontent-ils au Parisien. Surpris, les témoins ne comprennent l'ampleur de l'affaire que le lendemain, en lisant les journaux. Quatre personnes ont été placés en détention et mis en examen pour viols et agressions sexuelles dont certains actes ont été perpétrés sur des mineurs. Parmi les accusés, un homme de 73 ans Roger S., désigné comme le gourou d'une secte sexuelle. Il se qualifie lui-même de "chaman", "sorcier", "druide" ou encore "hypnothérapeute quantique". Il prétendait enseigner à ses adeptes les moyens de s'élever spirituellement.

Des adeptes tenus en laisse pour un "dressage sexuel"

"Selon le vocabulaire du groupe, pour pouvoir accéder à une élévation spirituelle, il faut tuer son ego et cela commence par un dressage sexuel", a précisé le parquet de Tulle. Concrètement, les adeptes étaient parfois tenus en laisse, les yeux bandés, et contraints à se laisser humilier. Certains ont été photographiés ou filmés.
Sur le site internet de son Ecole de la Connaissance, Roger S. se fait appeler Alexandre Surin. Il prétend maîtriser le Mind Virtual Game, "associant le jeu de rôle aux pratiques ésotériques issues des grands ordres secrets" et promet d'ouvrir à "la magie de la vie". Parmi les commentaires, un anonyme avoue qu'en lisant les premières pages de l'un de ses livres, il est "entré en légère transe, un état second qui s'est ouvert sur un monde inconnu et captivant". La manipulation à son paroxysme.

Le gourou voulait une "île avec 100 000 vierges"

Il y a près de huit ans, Roger S. s'est installé dans ce village de Corrèze dans les locaux d'une entreprise de plomberie désaffectée. Avant d'endosser l'habit de "sorcier", il était ingénieur en chimie nucléaire. L'un de ses adeptes a tenu à prendre sa défense dans Le Parisien: "C'est un enseignant, un formateur qui, toute sa vie, a été dans l'expérience. Dès qu'on fait des choses qui sortent de l'ordinaire, on dit que c'est une secte. Ici, il n'y avait pas de rituel, pas de paiement abusif. Les gens partaient et revenaient quand ils voulaient".  
Sur sa chaîne YouTube, celui qui se fait appeler Alexandre Surin prétend expliquer comment "naviguer entre les mondes", évoque "l'énergie sexuelle dans un couple" et relaye le témoignage d'une de ses adeptes, qui assure avoir été "miraculeusement" guérie de l'Hépatite B grâce au gourou.
Lui, jure qu'il s'est guéri lui-même de la tuberculose alors qu'il avait 11 ans et que ses parents n'avaient "pas de quoi payer le sanatorium".
Selon le quotidien local, dans une vidéo désormais passée en accès masqué, il déclarait: "Si je suis un humain aujourd'hui et que j'ai à disposition 100 milliards, moi, personnellement, je m'achète une petite île tranquille avec les 100 000 vierges, ou les 10 000, et j'en profite un peu". 

"Méditation orgasmique" et "Harem" : des victimes manipulées

La "méditation orgasmique", le "tantrisme" pour "maîtriser son énergie sexuelle"... La véritable obsession de Roger S. n'est pas difficile à percevoir. "Son truc à lui, c'est le cul à la sauce ésotérique! Il se retrouve à la tête d'une communauté sexuelle qui est son harem", a analysé un expert des groupes occultes, toujours auprès du Parisien. "Ce mystique a été nourri de traditions ésotériques ancestrales, de magie, d'astrologie… Lui et ses adeptes étaient en partage de spiritualité et se réunissaient pour s'envoyer en l'air. Jusqu'à ce que la ligne rouge soit franchie", a décrypté quant à elle une avocate spécialiste des dérives de sectes. "C'est une personne intelligente, un manipulateur qui a fait de nous ce qu'il a voulu", a ajouté l'une de ses ex-compagnes.
Les adeptes de ce genre de groupuscule occulte sont bien souvent en détresse. "Leurs gourous invoquent des doctrines spirituelles pour recourir à des pratiques sexuelles débridées. Quand on rejoint ce genre de groupes, c'est qu'on est dans une situation de précarité existentielle", a analysé Didier Pachoud, président du Groupe d'étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l'individu (Gemppi). Au moins quatre victimes, parmi lesquelles trois femmes et un homme, ont porté plainte, espérant, désormais, que justice soit faite.