Chahinez brûlée vive, un policier violent avait pris sa plainte

Chahinez, mère de trois enfants, a été brûlée vive par son conjoint à Mérignac, en Gironde. Quelques semaines avant sa mort, elle avait porté plainte contre son mari... mais le policier qui l'avait entendue venait d'être condamné pour violences...

Chahinez brûlée vive, un policier violent avait pris sa plainte
© Rassemblement à Mérignac, en mémoire de Chahinez, le 5 mai par UGO AMEZ/SIPA

[Mis à jour le vendredi 23 juillet à 11h44] Chahinez Daoud, qui avait été brûlée vive par son mari le 4 mai, avait déposé plainte pour violences de son conjoint le 15 mars, quelques semaines avant sa mort. La mère de famille avait expliqué que son mari l'avait frappée et avait également essayé de l'étrangler. Mais selon une information du Canard Enchaîné, confirmée par le parquet, le policier qui avait pris sa plainte venait d'être condamné pour "violences intra-familiales". Il avait été condamné le 10 février à une peine de 8 mois de prison avec sursis et non-inscription de cette condamnation au casier judiciaire. Une enquête administrative avait été ouverte et le policier devait être renvoyé devant un conseil de discipline, qui n'a pas encore eu lieu. "Son affectation au bureau des plaintes était discutable", a reconnu l'un de ses collègues auprès du journal.

Quant à la plainte de Chahinez, "la grille d'évaluation du danger et la fiche d'évaluation des victimes" ont bien été "remplies" mais "il existe un doute sérieux sur le soin avec lequel ces grilles ont été renseignées", précise la mission d'inspection dans un rapport.

Chahinez brûlée vive : son mari mis en examen

 Mounir, qui a brûlé vive sa femme Chahinez et a menacé un voisin qui tentait de lui porter secours, a été mis en examen pour "homicide volontaire par conjoint, destruction volontaire par incendie, violences volontaires sans ITT avec arme en récidive légale", début mai, avait annoncé le parquet de Bordeaux à l'AFP. 
Lors de son audition, le conjoint de la mère de trois enfants décédée a expliqué ses monstrueuses motivations. "Il voulait brûler un peu sa femme, pour lui laisser des marques", a expliqué la procureure Frédérique Porterie.
Ce terrible jour du 4 mai, il était sorti d'une fourgonnette et avait tiré à deux reprises sur sa femme, afin de "prévenir toute fuite", a saisi un bidon d'essence et l'a aspergée, sous les regards impuissants de deux témoins que Mounir menaçait.

Alors qu'elle hurlait de douleur, son mari a rechargé son fusil, s'est doucement éloigné, a regagné le domicile familial et a demandé au fils de la victime de sortir du logement avant qu'il l'incendie.
Les ministres Gérald Darmanin, Éric Dupond-Moretti et Marlène Schiappa avaient saisi l'inspection générale de l'administration et l'inspection générale de la justice.

Un terrible calvaire au quotidien

"Il semble que tout le monde savait qu'elle était en danger de mort et personne n'a pu la protéger", a déploré le maire de Mérignac, Alain Anziani, lors d'un rassemblement en mémoire de Chahinez, cette mère de trois enfants brûlée vive par son conjoint, Mounir, dans la ville de Gironde. Des voisins, des quidams, des membres d'associations : ils étaient des centaines, le 5 mai, à se recueillir devant le domicile de la victime, selon Le Parisien. Devant la porte de sa maison, des bougies ont été allumées.
"Elle s'est écroulée sur le trottoir, blessée à la cuisse et il l'a aspergée d'essence, avant de la brûler vive. Comment peut-on faire ça à quelqu'un ? Comment ?", s'est indignée une proche de Chahinez.

"Chahinez savait ce qui allait lui arriver"

Sa meilleure amie, elle, a dévoilé la terrible vérité : la mère de famille savait, depuis des années, que l'issue serait fatale : "Chahinez savait ce qui allait lui arriver. Elle nous l'avait dit en nous suppliant de nous occuper de ses enfants lorsque ce jour arriverait". 
Et de s'indigner: "Pourquoi personne n'a rien fait pour empêcher cet homme de lui faire du mal et de lui ôter la vie ? Nous ses amies, nous nous sentons totalement impuissantes. On se dit qu'on aurait peut-être pu la sauver, la mettre hors de portée de cet individu violent. On se sent perdues et on pense tellement fort à elle".

"Il était dangereux, un assassin en puissance"

Selon l'un des proches de Chahinez, sa famille et celle de Mounir ont "fait pression" pour que les conjoints se remettent en couple, après une brève séparation, explique Le Parisien.
"Il y a quelque temps, il a tenté de l'étrangler devant la supérette au bout de la rue. Il était dangereux. Un assassin en puissance. Elle fermait les volets pour ne pas que nous puissions entendre lorsqu'il venait crier sur elle", a ajouté un riverain.
"Chahinez disait que c'était un monstre. En juin, elle avait eu le larynx écrasé. Il n'a fait que trois mois de prison et il continuait à circuler dans le quartier", a déploré une autre de ses amies, à La Dépêche.

Chahinez, brûlée vive par son mari, à Mérignac

Elle était mère de trois enfants, âgée de 31 ans. Chahinez est morte après avoir été brûlée vive par son compagnon le 4 mai, à Mérignac, en Gironde.
Vers 18h30, son conjoint lui a tiré dans les jambes et la femme est tombée à terre. Alors qu'elle était encore tout à fait consciente, l'homme l'a aspergée d'essence et l'a brûlée vive. Deux personnes ont été témoins du drame. 
L'homme âgé de 44 ans a ensuite été interpellé par la BAC (Brigade anti-criminalité), dans la commune limitrophe de Pessac, puis a été placé en garde à vue. Il était "porteur d'un fusil de calibre 12, d'un pistolet à gaz et d'une ceinture de cartouches", a précisé le parquet de Bordeaux.

Le conjoint, déjà connu des services de police

Une enquête pour homicide volontaire a été ouverte. Le compagnon de la victime était déjà connu des services de police pour des faits de "violences volontaires par conjoint" sur la même femme.
"Séparé de la victime, il a notamment été condamné le 25 juin 2020 par le tribunal correctionnel de Bordeaux à une peine de 18 mois de prison dont neuf mois assortis d'un sursis probatoire pendant deux ans", a précisé la procureure Frédérique Porterie.
Libéré le 9 décembre 2020, "il était depuis suivi par le service pénitentiaire d'insertion et de probation de la Gironde".
Les enfants de la victime, âgés de 3, 7 et 11 ans habitaient chez leur mère mais "ne se trouvaient pas au domicile au moment des faits", a-t-elle ajouté.