Mort atroce de Tony, 3 ans : verdict (clément ?) pour le supplice d'un enfant

En 2016, Tony, petit garçon de trois ans, décède aux urgences de Reims, après avoir été battu à de multiples reprises par son beau-père... A l'issue du procès le 5 février, son bourreau Loïc Vantal a reconnu avoir tué l'enfant et a écopé de 20 ans de réclusion criminelle et sa maman Caroline Létoile à été condamnée à 4 ans de prison dont un avec sursis. Des peines plus faibles que celles requises...

Mort atroce de Tony, 3 ans : verdict (clément ?) pour le supplice d'un enfant
© Le petit Tony Capture d'écran émission Crimes

Le petit Tony, 3 ans, a trouvé la mort en novembre 2016 à la suite de violences, mais aussi du silence, à Reims.
Une semaine de procès a débuté le 1er février devant les assises de la Marne pour déterminer quelles peines seraient retenues à l'encontre de Loïc Vantal et Caroline Létoile, le beau-père et la mère de l'enfant.
Le 5 février, l'homme, accusé de "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et "violences habituelles sur mineur de 15 ans", a écopé de 20 ans d'emprisonnement, ainsi que d'une peine de sûreté des deux-tiers et d'un suivi socio-éducatif de 7 ans.

La mère, jeune femme de 19 ans au moments des faits, a été reconnue coupable de "non-dénonciation de mauvais traitements" ainsi que de "non-assistance à personne en danger".
Elle a été condamnée à quatre ans de prison, dont un avec sursis probatoire, contre les cinq ans demandés par l'avocat général.

Un martyre sans fin 

Deux mois après l'arrivée de Loïc Vantal dans le logement social qu'elle occupe, le 26 novembre 2016, Caroline Létoile finit par appeler les pompiers de Reims. Son fils a perdu connaissance.
Selon elle, le petit garçon est tombé dans les escaliers... Mais une fois sur place, les secours constatent de nombreuses traces de coups anciennes comme récentes et ecchymoses sur le corps de Tony, seulement âgé de trois ans.

Un "état particulièrement grave" d'après les mots du procureur de la République de Reims.

C'est à son arrivée aux urgences pédiatriques du CHU de Reims que Tony décède tragiquement, après des semaines au cœur d'une violence inouïe. 

A la suite de l'autopsie, il est déterminé que la mort a été causée par une double fracture de la rate et du pancréas, "qui n'a pu être provoquée que par deux coups particulièrement violents, qui ressemblaient à des coups de poing", comme l'a relaté le docteur Béatrice Digeon lors d'une des audiences.

Des lésions sur le visage, le dos, les bras, le ventre et les jambes ainsi que plusieurs côtes fracturées ont également été signalées.

Au total, ce sont 23 lésions sur la tête de l'enfant qui sont comptabilisées.

Des traces de sang  auraient été retrouvées dans chacune des pièces, des sols aux meubles, de l'appartement familial. En plus des coups, Tony n'avait pas de jouets ni de repas quotidiens, et dormait dans une chambre sale. 

La maman, "responsable mais pas coupable"

Caroline Létoile, jeune femme "influençable", qui tombe "facilement amoureuse" selon ses propres mots à reconnu "se sentir coupable" de la mort de son fils.

Elle a d'abord évoqué "la peur de perdre son compagnonconcernant sa passivité face à la brutalité de ce dernier, et qu'elle se sentait "responsable, mais pas coupable".

Si le calvaire de Tony s'intensifie au fur et à mesure des semaines, Caroline Létoile ne semble pas en prendre conscience tout de suite. "J'ai autorisé Loïc à s'occuper de l'éducation de Tony[… ] Au début, c'étaient des tapettes, punitions au coin", a-t-elle affirmé, ajoutant que la situation avait dégénéré "à partir d'octobre".

Elle explique ignorer "les coups qu'il a pu lui mettre", et s'imagine que "ce n'était pas si grave". A tel point que lorsque le petit garçon vomit littéralement de douleur, sa mère "pense à une gastro".

Et malgré des signes qui ne trompent pas, Caroline Létoile évite tout contact avec les professionnels de santé. "Je n'ai pas pris de rendez-vous médical parce que je ne voulais pas que le médecin voie les bleus"; a-t-elle admis.

"Je ne sais pas si je voulais dissimuler. Je ne pouvais pas le dire. Je n'avais pas conscience que mon fils était en danger".

L'horreur infligée par le beau-père

Tony aurait été le "souffre-douleur" de son beau-père, déjà condamné sept fois pour menaces, dégradation, violences et outrage entre 2009 et 2015.

Loïc Vantal, âgé de 28 ans aujourd'hui, est décrit comme un homme "égocentrique", "violent", rempli de "méchanceté gratuite". Interrogée à la barre pour apporter sa déposition, Chantal, sa mère, n'a reconnu "aucune qualité" à son fils.

Froid, il ne nie pas les faits mais assure que son ex-compagne est tout aussi responsable que lui dans le décès de l'enfant.  "Ce que j'ai fait à Tony ? Je l'ai frappé. Je l'ai terrorisé. Je lui ai fait du mal. J'ai entraîné sa mort ", a-t-il déclaré.
Des mots glaçants auxquels il tient à ajouter une nuance: "Je ne l'ai pas tué volontairement".

Le bourreau de Tony a détaillé l'enfer qu'il lui a fait subir. D'après lui, le garçonnet "répondait" sans respecter les règles qu'il souhaitait imposer au sein du foyer. Sans émotion devant les larmes du petit, Loïc Vantal a avoué qu'il ne "pouvait pas" s'arrêter "de taper" et qu'il l'avait déjà insulté de "crasseux " et de "petit con" mais qu'au fond il appréciait ce garçon "gentil".

Selon ses dires, il aurait pris conscience de la gravité de ses actes seulement après le drame.

Avant la délibération des juges, le beau-père a pris une dernière fois la parole : "Je regrette tout ce qui s'est passé, d'avoir fait du mal aux deux familles. J'ai eu un comportement inacceptable. Je mérite d'être condamné. Je travaille et continuerai de travailler sur mon comportement".