Jean-Baptiste Rambla, condamné pour un meurtre atroce : le pull-over rouge au cœur du procès

Le verdict est tombé pour Jean-Baptiste Rambla. Il a été condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de la jeune femme de 21 ans, Cintia Lunimbu. L'affaire du pull-over rouge s'est retrouvée au cœur du procès du frère de Marie-Dolorès, la fillette tuée par Christian Ranucci dans les années 70. Agression, "transfert psychique", douleur des proches de la victime... Un procès glaçant.

Jean-Baptiste Rambla, condamné pour un meurtre atroce : le pull-over rouge au cœur du procès
© Jean-Baptiste Rambla étant enfant par COLIN MAX/SIPA

Il a été condamné à la prison à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, le 17 décembre. Jean-Baptiste Rambla a été jugé devant la cour d'assises de la Haute-Garonne pour le meurtre de Cintia Lunimbu, fille unique d'un couple Angolais qui s'était installée en France pour fuir la guerre civile. 
"Vous avez tué ma fille, vous m'avez tuée aussi… Pourquoi ? Pourquoi ?", s'était époumonée à genoux la mère de Cintia Lunimbu, devant l'audience médusée, le premier jour de ce procès qui s'était ouvert le 14 décembre. Sa fille a été retrouvée morte en juillet 2017, dans le quartier Arnaud-Bernard, à Toulouse, alors qu'elle n'avait que 21 ans. Elle avait été retrouvée par les pompiers dans son appartement, baignant dans une mare de sang, nue et violemment égorgée, presque décapitée.

Meurtre sauvage de Cintia Lunimbu

Ce sinistre jour de juillet 2017, cette employée de ménage rentrait tout juste de son travail lorsqu'elle a entendu la sonnette de sa porte. Elle s'est précipitée pour ouvrir… mais l'homme qui se trouvait à l'autre bout du palier s'est précipité pour mettre fin à sa jeune vie d'une manière incroyablement sauvage. 

C'est l'ADN retrouvé sous ses ongles qui a mis les enquêteurs sur la piste de Jean-Baptiste Rambla. Arrêté quelques jours après le meurtre, l'homme de 49 ans était alors en libération conditionnelle

Ce fils d'immigrés espagnols venait de purger sa peine pour le meurtre de Corinne Beidl, qui était l'épouse de son patron. Au début des années 2000, Jean-Baptiste Rambla était son amant. Au cours d'une violente dispute, celui-ci a tout bonnement étranglé Corinne Beidl, avant de placer son corps dans un sac dissimulé dans le cabanon d'un jardin. Il n'a été retrouvé que sept mois plus tard. 

L'affaire du pull-over rouge... ou le début de la fin pour Rambla ?

Qu'est-ce qui peut conduire un homme à perpétrer de tels actes ? La question reste sans réponse. Ou presque. D'aucuns argueront que l'histoire de Jean-Baptiste Rambla est aussi sombre que les crimes pour lesquels il est accusé. Vous vous souvenez peut-être de ce fait divers qui a secoué la France dans les années 70, l'affaire du pull-over rouge. Christian Ranucci avait été guillotiné pour l'enlèvement et le meurtre de la petite fille de 8 ans, Marie-Dolorès Rambla.

Le jour de la disparition de la fillette, Jean-Baptiste Rambla, son petit frère de 6 ans à l'époque, était à ses côtés. Il jouait avec elle en bas de leur cité marseillaise, quand un homme a demandé au petit garçon d'aller chercher son chien. Lorsque Jean-Baptiste Rambla est revenu, sa grande sœur avait disparu

Jean-Baptiste Rambla : son "deuxième meurtre"

L'ex-journaliste d'Europe 1, Roger Arduin, avait à l'époque suivi les policiers à l'appartement des Rambla, et a assisté à la terrible scène du désarroi d'une famille qui venait de perdre leur enfant.

"La mère était en larmes. Le père, affolé. Leurs deux derniers enfants, des jumeaux de 3 ans, une fille et un garçon, erraient perdus dans l'agitation. J'ai assisté à une scène dure, M. Rambla engueulait son fils Jean-Baptiste, il lui reprochait d'avoir abandonné sa grande sœur", s'est-il souvenu dans Le Monde

En 1978, celui que l'on surnomme à l'époque "le petit Jean" s'est retrouvé, bien malgré lui, l'élément principal du réquisitoire contre la peine de mort dans l'ouvrage de Gilles Perrault, Le Pull-Over Rouge. L'auteur insistait sur un fait troublant : le petit frère de Marie-Dolorès n'a pas reconnu Christian Ranucci lorsque les policiers l'ont interrogé. De quoi brandir l'hypothèse d'une erreur judiciaire...

Jean-Baptiste Rambla "est pris en étau entre la culpabilité inélaborable d'avoir survécu, d'avoir laissé sa sœur, de ne pas avoir reconnu Ranucci lors du tapissage, d'avoir été, à ses yeux, instrumentalisé par Gilles Perrault", a expliqué une expertise psychiatrique en 2018. C'était un "deuxième meurtre", selon son avocat.

Jean-Baptiste Rambla : "Pour les gens, j'innocente le coupable"

Nul doute que Jean-Baptiste Rambla a été scarifié à vie par ce drame.  Mais lors du procès pour le meurtre de Corinne Beidl, l'avocat général avait interpellé la cour : "Vous ne jugez pas le frère d'une petite fille tuée, vous jugez le meurtrier d'une femme". C'est aussi ce que l'audience a dû garder en tête pour le procès du meurtre de Cintia Lunimbu

Mais inoxérablement, le traumatisme du meurtre de Marie-Dolorès est revenu sur la table, le 14 décembre, premier jour de l'audience. "Je n'ai jamais eu de rêve d'enfant, je vivais un cauchemar", a lâché Jean-Baptiste Rambla. 

Et l'accusé d'ajouter : "Le pire, ça a été la médiatisation. Dans l'inconscient des gens, Ranucci est innocent. Je suis le frère de la victime. Et pour les gens, j'innocente le coupable, vous comprenez ?".

Mais l'avocat général David Sénat ne s'était pas laissé attendrir par ce discours. "Etre victime ne conditionne pas à devenir criminel", avait-il lâché, avant de rappeler l'atrocité du meurtre de Cintia Lunimbu, qui "a été trucidée" et "s'est vidée de son sang".

Me Simon Cohen, avocat de la famille de la victime, a surenchéri en rappelant que la jeune femme avait été tuée "par le cou et par la lame d'un cutter, oblique comme le tranchant de la guillotine". D'après Le Parisien, les photos de la scène de crime sont d'ailleurs si choquantes qu'elles n'ont pas été montrées à l'audience, mais remplacées par des croquis.

"Jean-Baptiste devient docteur Rambla"

Malgré tout, Jean-Baptiste Rambla a tenté de justifier le meurtre qu'il a commis en évoquant un excès de folie, et a raconté s'être fait agresser juste avant d'être passé à l'acte. L'homme de 49 ans a même parlé "d'état second, d'amnésie, de transfert psychique". Des propos dont s'est moqué l'avocat général qui a lâché : "Jean-Baptiste devient docteur Rambla".

Avant que la sentence ne soit prononcée, David Sénat a encore interpellé l'accusé, en lui lançant une phrase qui résonne certainement encore dans les esprits de ceux qui l'ont entendue : "Vous vous plaignez d'intellectuels, d'avocats courageux, qui ont fait évoluer la justice et abolir la peine de mort… Mais en cet instant, monsieur Rambla. vous devriez plutôt les remercier".