Dieudonné incite son public "atteint du virus" à contaminer la police

Venues assister à un spectacle sauvage de l'humoriste Dieudonné, 300 personnes -qui n'étaient majoritairement pas masquées- se sont rassemblées, samedi soir, dans un hangar de Geispolsheim. Un événement qui fait l'objet d'une salve de plaintes.

Dieudonné incite son public "atteint du virus" à contaminer la police
© Michel Euler/AP/SIPA

Après s'être mis sous les feux des projecteurs, l'humoriste de 54 ans est sous celui des critiques. Samedi 10 octobre, Dieudonné a donné un spectacle clandestin dans un hangar de la ville de Geispolsheim, située au sud de Strasbourg. En tout, trois cents personnes s'y sont amassées en pleine période de Covid-19. Et si les rires (jaunes) étaient au rendez-vous, les gestes barrières, eux, étaient absents. 
Une donne qui n'a pas échappé à la préfète du Bas-Rhin. Lors d'une conférence de presse organisée ce 12 octobre, Josiane Chevalier a annoncé avoir porté plainte pour mise en danger de la vie d'autrui contre le propriétaire de l'établissement et la société des Productions de la Plume gérée par l'épouse de Dieudonné, organisatrice des festivités.
"Ce que nous avons vécu samedi soir est extrêmement grave, s'est insurgée la préfète. Nous sommes dans une situation sanitaire grave". Et d'ajouter : "L'organisateur est bien rodé, les billets sont vendus par Internet et les participants sont prévenus quelques heures, voire minutes avant le spectacle. Là, ils étaient serrés les uns contre les autres, donc c'est extrêmement grave. […] Ces personnes ont des familles et travaillent, c'est donc bien un cluster potentiel." A son tour, le maire de la commune, Jean-Michel Schaeffer, a également condamné cet acte "inacceptable". "La commune, ses habitants et habitantes ont été victimes d'un spectacle sauvage, dans un bâtiment privé", a-t-il dénoncé. 

Une courbe des contaminations en croissance dans le département

Pour rappel, la courbe des contaminations dans le département du Bas-Rhin a cru de façon vertigineuse cette dernière semaine, passant de moins de 40 pour 100.000 habitants à 94,3 samedi soir. Un chiffre qui pourrait subir une nouvelle hausse, à en croire les propos de Laure Pain, médecin de l'ARS qui parle d'un "acte irresponsable".

"Dans ce hangar tout était clos, le lieu n'est pas prévu pour accueillir du public. Il n'y a pas de ventilation, donc une personne porteuse peut avoir contaminé cinquante ou soixante autres personnes, qui peuvent chacune à leur tour, en contaminer quatre ou cinq dans leur entourage", a-t-elle précisé. Au vu du risque épidémique que représente un tel rassemblement, l'ARS Grand Est a sommé les personnes présentes lors du spectacle à se faire tester.

Sur scène, Dieudonné n'en est pas resté à cette unique provocation. Egal à lui-même, le mari de Lola Marois, déjà condamné pour incitation à la haine, négationnisme et antisémitisme, a invité ses fans à contaminer les gendarmes.

"Ceux qui sont atteints du virus sont priés de sortir et de vous rendre au commissariat afin de contaminer les fonctionnaires de police", peut-on le voir lancer à une salle conquise dans une vidéo postée depuis sur son compte officiel.

Le ministre de l'intérieur annonce un dépôt de plainte

Ne souhaitant pas commenter cette blague douteuse, le commandant du groupe de gendarmerie du Bas-Rhin le général Marc Clerc a annoncé avoir ouvert une enquête judiciaire. "Nous relèverons toutes les infractions commises, la sécurité des personnes, notamment en cas d'incendie ne semblait pas assurée non plus. Les organisateurs et le propriétaire ont été identifiés et ils seront entendus", a-t-il ajouté.

De son côté, le premier flic de France, Gérald Darmanin, a annoncé, à son tour, un dépôt de plainte. "Ces nouvelles provocations envers nos forces de l'ordre doivent cesser. Comme à chaque fois qu'on attaque les forces de l'ordre, je porte plainte", a-t-il écrit sur son compte Twitter. 

La veille, Dieudonné avait déjà donné un spectacle sauvage dans une ancienne scierie du village de Favières, en Meurthe-et-Moselle. Jointe par l'AFP, la maire de la ville, Valérie Hoffmann, a précisé qu'il y avait "environ 300 à 400 personnes" dont seulement "la moitié était masquée". 

Un enchaînement d'événements qui laisse à penser que cette salve d'accusations n'est pas certaine de calmer les ardeurs de l'humoriste le plus irrévérencieux de France.