Mort d'Elisa Pilarski : Christophe, le maître de Curtis, mis en examen pour "homicide involontaire"

Le propriétaire de Curtis, Christophe Ellul, a été mis en examen pour "homicide involontaire" dans l'affaire de la mort de sa compagne enceinte, Elisa Pilarski...

Mort d'Elisa Pilarski : Christophe, le maître de Curtis, mis en examen pour "homicide involontaire"
© Capture d'écran - Facebook - Elisa Pilarski

[Mis à jour jeudi 4 mars à 16h32] Christophe Ellul, compagnon d'Élisa Pilarski et propriétaire de Curtis, a été mis en examen pour "homicide involontaire" le 4 mars, a annoncé le parquet de Soissons. Il a été placé sous contrôle judiciaire. Christophe Ellul est accusé 'avoir "involontairement causé la mort" de la femme de 29 ans, en octobre 2019, "résultant de l'agression commise par plusieurs chiens dont il était propriétaire ou gardien". Il se voit donc reprocher sa "maladresse, imprudence, inattention, négligence ou son manquement à une obligation de prudence ou de sécurité". L'enquête avait établi que Curtis, l'American Pitbull, était responsable de la mort de la jeune femme dont le corps avait été retrouvé en partie dévoré, dans la forêt de Retz, dans l'Aisne, en octobre 2019, alors qu'elle était enceinte. En outre, Christophe Ellul avait introduit le chien en France de manière illégale

Me Guillaume Demarcq, l'avocat de la société de vénerie qui avait d'abord été mise en cause dans le décès d'Elisa Pilarski, a commenté la décision sur BFM TV: "Ca fait un an que les charges s'accumulent contre Christophe Ellul, je parle des témoignages, des expertises, de la téléphonie, aujourd'hui c'est la suite logique des actes menés par la juge d'instruction".

Christophe Ellul : sa version des faits

En novembre 2020, Christophe Ellul avait donné sa version des faits, devant les caméras, lors d'une conférence de presse. "Elisa me manque beaucoup, tout ce que vous pouvez entendre sur les médias, c'est que des bêtises", avait-il d'abord déclaré.

Une analyse ADN a récemment prouvé que l'American Pitbull Curtis était responsable de la mort de sa maîtresse, mais Christophe Ellul est convaincu du contraire: "Curtis est innocent car il n'aurait jamais touché Elisa (...) Il aimait trop Elisa (...) Curtis n'a jamais eu d'agressivité envers moi, envers Elisa, envers n'importe qui".

"Il manque cinq chiens"

Une soixantaine d'ADN des chiens de chasse à courre également présents dans la forêt ce jour ont été analysés, et il s'est avéré qu'aucun d'entre eux n'a été retrouvé sur le corps de la jeune femme. 

L'hypothèse de la morsure par un ou plusieurs de ces chiens avait donc été écartée par l'expertise, mais le compagnon d'Elisa Pilarski pointe que sur les 67 chiens qui étaient présents ce jour-là, cinq ADN n'ont pas été prélevés. 

"On a une meute de chiens de chasse qui n'est pas en règle. Je demande à la justice de me donner tous les vaccins des chiens. Il manque cinq chiens. Ces cinq chiens ont disparu. Ils sont décédés d'après ce que dit Monsieur Van Den Berghe (le maître, ndlr). Il n'y a pas eu de certificat de décès. Il dit que ces chiens sont enterrés sur son terrain et dans la forêt", a-t-il martelé.

À ceux qui soulignent la race de Curtis, dont l'importation est interdite en Europe, Christophe Ellul répond que son canidé est arrivé en France "avec un passeport européen, avec tous ses vaccins, et une puce électronique".

Christophe Ellul, prêt à se battre "pour Elisa et Enzo"

Le maître de Curtis a également commenté l'incident qui s'était produit le soir qui a suivi la découverte du corps d'Elisa Pilarski. À l'époque, il s'était rendu à la gendarmerie avec le canidé... qui l'avait mordu à la jambe.

Lors de la conférence de presse, il a expliqué que ce soir-là, il ne disposait pas de la muselière et de la laisse habituelle de Curtis, puisque celles-ci avaient été prises en tant que pièces à convictions. Il avait donc attaché son chien à une laisse qu'il n'avait pas l'habitude de porter. 

Arrivé à la gendarmerie, il dit avoir voulu fermé la porte du chenil, et détaché son chien en même temps.  "La laisse est partie, Curtis a voulu attraper le mousqueton, mais malheureusement il m'a attrapé le bras, ça a duré deux secondes", a-t-il assuré, évoquant une "morsure accidentelle".

Il a également affirmé qu'il tenterait à tout prix de mettre en lumière l'innocence de son chien, "pour Elisa et Enzo", le prénom de celui qui allait être leur fils.

Curtis a-t-il tué sa maîtresse ?

Curtis aurait tué sa maîtresse, Élisa Pilarski, alors qu'elle était enceinte, dans la forêt de Retz, dans l'Aisne. Au moment de sa mort, 67 chiens de chasse avaient couru dans la forêt.

Sur la soixantaine d'ADN prélevés, aucun n'a finalement été retrouvé sur le corps d'Élisa Pilarski, retrouvé déchiqueté. "Les chiens du 'Rallye la Passion' sont donc complètement innocentés et exonérés de toute responsabilité relative à l'accident", a déclaré la société de vénerie dans un communiqué;

Seul l'ADN de l'American Pitbull a été retrouvé sur le corps de la victime, sous l'un de ses ongles ainsi que sur ses vêtements, selon BFM TV. Des traces du sang de la jeune femme ont également été retrouvées sur l'œil droit et la mâchoire du chien. Toutefois, l'ADN d'un autre chien non identifié, qui ne faisait pas partie de la meute, a été prélevé sur les vêtements de la jeune femme. 

Maitre Cathy Richard, avocate de la mère d'Élisa Pilarski, a précisé que la jeune femme de 29 ans n'aurait vu Curtis que "5 fois au maximum", sur BFM TV.

Le scénario de la mort d'Élisa Pilarski

Deux vétérinaires, experts auprès des Cours d'appel de Reims et Toulouse, ont livré les conclusions suivantes : "Le chien Curtis est l'unique auteur des morsures ayant causé le décès" d'Elisa Pilarski qui a succombé à la suite "d'un choc hémorragique consécutif à de multiples plaies".

Voilà le scénario du drame rapporté par le Journal du Dimanche : "Vers 13 heures le 16 novembre 2019, Elisa Pilarski quitte sa voiture. Curtis est en laisse et muselé. Quelques minutes plus tard, il se débat pour retirer sa muselière, excité par la chasse à courre qui se met en place à quelques centaines de mètres de là. Il mord la jeune femme qui appelle Ellul à l'aide à 13h19. Des traces de sang, de scalp, voire de matière cérébrale  jalonnent le parcours de la victime sur les chemins forestiers. Elle se dirige vers sa voiture, laisse tomber son téléphone. Elle meurt aux alentours de 13h30, heure à laquelle démarre officiellement la chasse à courre".

Dans leurs conclusions, les experts expliquent également la raison pour laquelle le corps d'Élisa Pilarski a été retrouvé en partie dénudé. Selon eux, la jeune femme mesurant 1m52 pour 56 kilos ne possédait pas le gabarit suffisant pour maîtriser un tel animal qui peut tuer une proie de deux fois ce poids. Elle aurait tenté de se dévêtir pour s'échapper...

Curtis : un chien dangereux dressé au mordant

Un expert canin, qui avait analysé en septembre le comportement du pitbull, avait déjà rendu un rapport accablant Pour lui, Curtis "pouvait bien être à l'origine de l'accident et restait dangereux pour d'autres personnes".

Alors que le chien est à la fourrière de Beauvais depuis la mort d'Élisa Pilarski, l'expert missionné par la justice avait décelé un comportement agressif du canidé, qui aurait notamment mordu Christophe Ellul, compagnon de la victime, et lui aurait arraché son pantalon. Il aurait même obligé la belle-sœur de ce dernier à retirer son manteau, en mordant l'une de ses manches. Or, le corps d'Élisa Pilarski avait été découvert, en partie dénudé, près du manteau de la jeune femme

Le mystère devrait définitivement s'éclaircir lorsque 67 analyses ADN seront effectuées sur les chiens de chasse qui étaient présents dans la forêt au moment du drame.

Curtis : Une première blessure six mois avant l'attaque

En février, plus de trois mois après le drame, les informations révélées par le journal Oise hebdo indiquaient que le chien avait déjà attaqué sa maîtresse le 14 mai 2019. Élisa Pilarski s'était alors rendue aux urgences avec la main droite enflée et des morsures de plusieurs centimètres au majeur, sur la partie intérieure et extérieure, selon le Figaro.  La jeune femme avait expliqué à sa mère: "C'est  Curtis, il ne m'a pas loupée". Mais Christophe Ellul avait démenti l'information, assurant que c'était un chat qui avait blessé sa compagne.

Cependant, plusieurs témoignages et faits viennent confirmer le comportement violent du chien. Le soir qui a suivi la découverte du corps, Christophe Ellul et sa sœur s'étaient rendus à la gendarmerie, accompagnés du chien, tenu en laisse par cette dernière. Il aurait ensuite "tenté de mordre [la sœur de M. Ellul], ne parvenant qu'à agripper son manteau, qu'elle avait alors dû enlever pour se débarrasser du chien", relate Le Parisien.

L'animal s'était ensuite retourné contre son maître et l'avait mordu à la jambe. Il avait alors été placé dans une fourrière de l'Oise et s'en était pris à une bénévole de 40 ans: "Il m'a sauté dessus au niveau de la poitrine. je le repousse et c'est à ce moment qu'il m'attaque au niveau de la jambe et ne veut pas me lâcher (...)", avait-elle témoigné.

Le Pedigree de Curtis

L'animal potentiellement impliqué dans la mort de sa maîtresse aurait été acheté dans un élevage hollandais, avec Drago, un autre chien du couple. Après avoir présenté Curtis comme un American Staffordshire, Christophe Ellul avait assuré que le chien était un croisement entre Lévrier whippet et un Patterdale terrier. Mais des images publiées par TF1 semblent indiquer que le canidé serait un Pitbull, une race dont l'importation est interdite. La race ne correspondant pas aux normes de l'Organisation Canine mondiale, Drago et Curtis, achetés au Pays-Bas, auraient été amenés illégalement en France.

Curtis, champion de "Mordant sportif"

Les cinq chiens du couple étaient également entraînés au combat. Trois mois avant la mort de la jeune femme, l'animal avait participé à des concours de "mordant sportif" spéciaux "American Pitbul" en Belgique, selon les images postées par Élisa Pilarski sur sa page Facebook. Les animaux présents devaient remporter des épreuves de saut, d'obéissance, mais aussi de mordant, c'est-à-dire attaquer et mordre de face. Et c'est Curtis qui aurait remporté le concours.

D'après un hebdomadaire de l'Oise, le chien du couple aurait continué son entraînement en France lors de "face-à-face", une pratique qui consiste à exciter les chiens puis à les positionner l'un contre l'autre.

Pour le moment, Curtis est toujours placé en statut de "saisie conservatoire" à la fourrière de Beauvais par le Procureur de la République de Soissons.