Princesse de Luanda : Une mort suspecte dans l'affaire Isabel Dos Santos et ses 2,1 milliards volés

Alors qu'Isabel Dos Santos est accusée d'avoir détourné 2,1 milliards de dollars d'argent public angolais, un banquier employé dans la firme portugaise Eurobic, dont elle était actionnaire principale, a été retrouvé sans vie à Lisbonne le 23 janvier.

Princesse de Luanda : Une mort suspecte dans l'affaire Isabel Dos Santos et ses 2,1 milliards volés
© Paulo Duarte/AP/SIPA

"Le corps de Nuno Riberiro da Cunha a été retrouvé hier soir et tous les indices portent à croire qu'il s'agit d'un suicide" a indiqué au Figaro un porte-parole de la police portugaise. Le nom de ce banquier serait apparu dans les 'Luanda Leaks", une fuite de 715.000 documents accusant la fille d'un ancien président angolais, Isabel Dos Santos d'avoir détourné 2,1 milliards de dollars, selon une enquête menée par le Consortium international de journalistes d'investigations.
L'enquête accusant celle considérée comme la femme la plus riche d'Afrique selon Forbes, a été menée par le Consortium international de journalistes d'investigations (ICIJ) et publiée le 19 janvier dernier. Son père, l'ancien président José Eduardo Dos Santos, a dirigé l'Angola d'une main de fer pendant trente-huit ans, de 1979 à 2017.

Surnommée "la princesse de Lunda" , Isabel Dos Santos est accusée avec son mari Sindika Dokolo de fraude, détournement de fonds, blanchiment d'argent, trafic d'influence et abus de biens sociaux par la justice angolaise. Elle aurait également détourné l'argent de plusieurs entreprises publiques dont elle aurait été à la tête, le groupe pétrolier Sonangol en particulier, et des entreprises de téléphonie ou de mines. Selon Le Monde, elle aurait mobilisé une "nébuleuse composée de 400 sociétés identifiées dans 41 pays" pour s'accaparer et blanchir son milliard dérobé.

Cité par France Info, la justice angolaise a assuré mobiliser "tous les moyens possibles" pour juger Isabel Dos Santos et la ramener dans le pays.
Les journalistes de trente-six médias internationaux se sont réunis pour mener l'enquête, notamment la BBC, le New York Times ou Le Monde. Ils ont notamment exploité les fuites de document surnommées les "Luanda Leaks" pour en venir à la conclusion qu'Isabel Dos Santos aurait bénéficié de l'aide d'"une armée de sociétés financières occidentales, d'avocats, de comptables, de fonctionnaires et de sociétés de gestion" pour couvrir des avoirs aux autorités fiscales, des propos recueillis par France Info.
La justice portugaise et Monaco, selon Le Monde, ont fait ouvrir des enquêtes pour blanchiment d'argent public sur la personne d'Isabel Dos Santos, qui détient des intérêts dans des entreprises locales. Ses comptes bancaires et ses actifs dans les entreprises angolaises ont été gelés en décembre.

Un tissu de mensonges selon Isabel Dos Santos 

La fille de l'ex-dirigeant n'a pas tardé à répondre dans les médias aux accusations de l'ICIJ. Sur le plateau de BBC Afrique, la femme de 46 ans a dénoncé une "chasse aux sorcières", destinée à les discréditer, elle et son père. Elle se défend également sur Twitter en portugais et en anglais : "Le rapport de l'ICIJ est basé sur beaucoup de faux-documents et fausses informations. C'est une attaque politique en coordination avec le "gouvernement angolais". 715.000 documents lus ? Qui croit ça. ?

L'avocat d'Isabel Dos Santos a également dénoncé une action entamée par le dirigeant actuel de l'Angola, Joao Lourenço dans le journal britannique The Guardian.