Prostitution : Liberté de vendre, mais interdiction d'acheter le travail du sexe

Près de 250 travailleurs du sexe et une vingtaine d'associations ont signé une tribune pour s'opposer à la pénalisation des clients et saisissent la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour abroger la Loi prostitution.

Prostitution : Liberté de vendre, mais interdiction d'acheter le travail du sexe
© lightfieldstudios

Ils ont saisi la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Soucieux des conséquences de la Loi prostitution, associations et travailleurs du sexe souhaitent faire barrage à ce texte passé en 2016. Le Planning Familial, le Sidaction, le Syndicat du Travail Sexuel (STRASS)... Elles sont 19 organisations à signer une tribune publiée sur le site de Médecins sans Frontières pour dire "non" à la pénalisation des clients, déjà en vigueur en Suède. "Nous n'avons de cesse de le répéter, celles-ci génèrent des effets contre-productifs dans la lutte contre l'exploitation, le travail forcé et mettent en danger la santé, la sécurité et la vie des personnes concernées. Nous exigeons que les moyens alloués servent à la lutte contre toutes les formes de violences, à permettre d'accompagner effectivement les personnes en difficulté dans toutes les dimensions sociales, sanitaires et juridiques et à garantir une réorientation de carrière pour les personnes qui le souhaitent".

Pénalisation des clients de la prostitution : quelles conséquences ? 

Si la pénalisation des clients entre en vigueur sur le territoire français, les travailleurs du sexe devront user de malice pour gagner leur pain quotidien et se plier aux demandes de leurs clients, qui risqueront une amende de 1500 euros et jusqu'à 3750 euros pour récidive. En plus du manque d'argent certains que cette loi va engendrer, les menaces et violences envers les travailleurs risquent de s'amplifier. Et face au manque de clients, quel avenir attend les travailleurs du sexe

Une prostituée raconte ses craintes à L'Express : "Les clients ne veulent plus aller dans les hôtels ou même les parkingsIls disent qu'ils ont peur de se faire repérer, donc on doit aller chez eux et là, ça m'est arrivé d'être violentée, qu'un client refuse de mettre un préservatif alors qu'on avait un accord. Ils finissent toujours par nous dire que si on n'est pas d'accord, on n'a qu'à appeler la police, mais ils savent très bien qu'on ne peut pas refuser, puisqu'on ne parle pas assez bien français, ou qu'on a peur d'être renvoyé dans notre pays si on n'a pas de papiers". 
Maître Patrice Spinosi, qui plaindra, encore une fois, pour l'abrogation de la Loi prostitution, résume assez bien la situation dans laquelle la France se trouve : "C'est absurde : on est libre de vendre mais il est interdit d'acheter".