Meurtre du Coq Marcel : le voisin, condamné

Justice a été rendue dans le poulailler pour Marcel, le coq abattu par un voisin ardéchois. Le tueur a écopé d'une amende et d'une peine de prison le 7 décembre. L'histoire de ce gallinacé chanteur a eu une fin moins heureuse que celle de Maurice, le coq de Saint-Pierre d'Oléron, qui lui, n'est pas près de rabattre son caquet.

Meurtre du Coq Marcel : le voisin, condamné
© IBO/SIPA

[Mis à jour le mardi 8 décembre à 15h11] Il a tué un coq avec un fusil. Devant le tribunal correctionnel de Privas, un Ardéchois a été condamné à cinq mois de prison avec sursis pour avoir tiré sur Marcel, le coq de son voisin, en mai 2020. Une peine assortie de 300 euros d'amende et de trois ans d'interdiction de port d'arme. L'habitant de la commune de Vinzieux, en Ardèche, était agacé par le chant du gallinacé qui aimait faire des vocalises matinales. Il a tout de même exprimé des remords et a déclaré à la barre: "Je regrette ce que j'ai fait je n'aurai jamais du prendre mon fusil. Mais j'étais excédé, je n'en pouvais plus".
Mais ce mea culpa, aussi sincère soit-il, ne ramènera pas le joyeux coq Marcel à sa famille d'accueil, toujours marquée et sous le choc. Celui qui était son propriétaire, le père de famille Sébastien Verney, a déclaré: "Un terrible drame a frappé notre famille: notre potager familial a été saccagé et notre pauvre coq Marcel a été massacré avec une extrême cruauté, acte barbare qui nous a profondément choqué en détruisant ce petit havre de paix que nous avions bâti pour notre famille et nos animaux".

Marcel, érigé au rang de symbole

L'homme a également tenu à fédérer autour de son défunt coq, désormais un symbole de la préservation des milieux ruraux. Il a donc créé une pétition intitulée "Justice pour le coq Marcel", déjà signée par près de 100 000 personnes.

"Nous sommes en Ardèche, fier territoire rural, alors qui sera la prochaine victime : le chant des tourterelles, la moisson du blé, les tomates qui poussent, le braiment de l'âne, le son de nos clochers ou la mise en pâturage de nos vaches ? ", lit-on dans la pétition. Il a même fondé l'association "Laissez-les chanter, protégeons le patrimoine rural".

Si cette histoire a malheureusement connu une fin tragique, celle du coq Maurice, qui réside à Saint-Pierre d'Oléron, s'est achevée sur une victoire.

Le coq Maurice pourra continuer à donner de la voix : en septembre 2019, le tribunal correctionnel de Rochefort, en Charente-Maritime, a rejeté la plainte des voisins qui se disaient perturbés par le chant matinal du gallinacé.

Cocorico ! Victoire pour Maurice ! 

"Maurice a gagné et les plaignants devront verser à sa propriétaire 1 000 euros de dommages et intérêts", a clamé Julien Papineau, avocat de Corinne Fesseau, propriétaire du coq, à l'AFP.

Et d'expliquer : "En droit français il faut faire la preuve d'une nuisance, et elle n'a pas été faite". D'autant que ni les plaignants ni leur avocat n'étaient au procès.

Quant à Corinne Fesseau, "sans voix" (contrairement à Maurice), elle ne pourrait être plus ravie : "On leur a volé dans les plumes. C'est une victoire pour tous les gens dans la même situation que moi. J'espère que cela fera jurisprudence pour eux. Pourquoi pas une loi Maurice pour protéger tous les bruits ruraux ?".  Après cette bienheureuse victoire, retour sur l'affaire de Maurice le coq.

Maurice, le coq star à qui l'on voulait fermer le bec

"Cocorico !", entendent les voisins de Corinne Fesseau, dès les premières lueurs du jour. Si certains apprécieraient d'ouvrir les yeux avec le chant d'un gallinacé, réveil-matin original et automatiquement programmé, ce n'est pas le cas de tous les riverains. 

En 2015, la chanteuse de Saint-Pierre d'Oléron, en Charente-Maritime, adopte un petit poussin qu'elle nomme… Mauricette. Avec le temps, elle découvre que l'animal qu'elle pensait être une pondeuse est en réalité un coq ! Qu'à cela ne tienne : Mauricette devient Maurice.

Lorsqu'il atteint l'âge adulte, celui-ci commence à donner de la voix pour le plus grand plaisir de sa propriétaire qui apprécie le chant de son coq. Toutefois, le couple de retraités qui habite l'une des maisons attenantes depuis 2007 est loin d'être aussi enthousiaste. Ils considèrent les vocalises du gallinacé comme une véritable nuisance sonore régulière.

Dès lors, ceux-ci inondent Corinne Fesseau de courriers d'avertissement appelant à faire taire le gallinacé, jusqu'à dépêcher un huissier à trois reprises pour enregistrer le chant de Maurice et constituer un dossier en béton.

Conciliante, la chanteuse enferme son coq jusqu'à 8h30 dans une cabane, afin que les voisins ne soient pas dérangés outre-mesure. Une initiative qui ne fait pas mouche auprès des plaignants. Visiblement, ce n'est pas Maurice qui pousse le bouchon un peu trop loin...

Maurice le coq : Laissez-moi chanter

Déterminée à ne pas être réduite au silence (ni Maurice), Corinne Fesseau cherche à réunir du soutien auprès des élus et des habitants de l'île d'Oléron. Maman poule avec son coq, elle crée sa propre association Les Coqs d'Oléron en colère et lance deux pétitions sur Internet qui récoltent 100 000 signatures en tout.

"Que doit-on interdire ? le chant des tourterelles, le cri des mouettes ? Les cloches qui sonnent ?", lit-on dans l'une des pétitions. Bingo ! La propriétaire de Maurice attire l'attention de Bruno Dionis du Séjour, agriculteur et maire de Gajac en Gironde, qui entreprend de faire classer les bruits de la campagne "au patrimoine national", dans une lettre ouverte.

"Un coq doit vivre, c'est joyeux. Il doit chanter. Peut-être qu'après tout ce tapage, il rechantera. Mais on n'en est même pas sûr", confie Corinne Fesseau au Monde.

En janvier 2020, les députés ont voté une proposition de loi autorisant les chants du coq, sons de cloches et "émissions olfactives des espaces et milieux naturels", qui font "partie intégrante de la vie rurale" et sont désormais considérés comme des "bruits normaux" de la campagne ! 

Maurice le coq pourra continuer à donner de la voix. Après tout, la vie, c'est plus marrant, c'est moins dé-ses-pé-rant en chantaaaaaaaaaant...