PQ, déo, serviettes : 2 millions de victimes de précarité hygiénique

On en parle peu, pourtant la précarité hygiénique est un fléau. En France, 2 millions de personnes aux revenus modestes sont touchées par le manque de produits d'hygiène, ce qui a des conséquences sur l'estime de soi : 12% des sondés confient manquer le travail à cause de leur apparence, d'après une étude menée par l'IFOP et l'association Dons Solidaires.

PQ, déo, serviettes : 2 millions de victimes de précarité hygiénique
© avesun

Prendre une douche, se changer, pouvoir se sentir propre : pour certains d'entre nous, cette routine semble acquise. Pourtant, d'après une étude de l'IFOP pour l'association Dons Solidaires, qui collecte depuis 2014 des produits non-alimentaires pour les redistribuer à des foyers modestes, 2 millions de Français se sentent mal à l'aise par rapport à leur hygiène corporelle. En 2018, Dons Solidaires a distribué pour 35 millions d'euros de produits à 600 associations dont des foyers, centres d'accueil et épiceries solidaires.  

La précarité hygiénique, un mal encore trop peu connu 

Selon cette étude, 32% des Français déclarent que le manque de confiance en leur apparence les empêche de sortir de chez eux et 12% manquent le travail pour la même raison ! Un handicap de plus à surmonter lorsque l'on connaît de graves difficultés financières. Pour les foyers pauvres, la précarité hygiénique est une barrière de plus à franchir pour faire partie de la société. "Les premiers résultats de l'étude mettent en évidence l'importance de la présentation de soi dans les interactions sociales et démontrent que la précarité hygiénique peut devenir un véritable handicap pour aller à l'école, suivre une formation, retrouver un travail", déclare Dominique Besançon, déléguée générale de Dons Solidaires.

La précarité hygiénique fragilise les foyers aux revenus modestes

Une mauvaise odeur corporelle, des vêtements sales ou usagés et une hygiène bucco-dentaire délaissée sont les premiers éléments qui peuvent donner une opinion négative de soi, selon les sondés. 17% des foyers bénéficiant d'aides d'associations déclarent que leur hygiène corporelle peut être à l'origine d'un malaise, contre seulement 8% du grand public. Autre chiffre percutant : 59% des foyers modestes avouent renoncer "souvent" ou "de temps en temps" à acheter du maquillage et 56% d'entre eux disent faire ou avoir déjà fait une croix sur des soins pour le visage, les mains ou le corps par manque d'argent. Les produits de base ne font pas non plus exception car 43% des sondés qui bénéficient d'aides assurent ne plus pouvoir se procurer de déodorant, shampoing (39%) ou produits de rasage (51%). 
Les produits d'hygiène intime comme le papier toilette ou les protections (serviettes et tampons) ne dérogent pas à la règle avec respectivement 30% et 28% des interrogés qui renoncent à en acheter. Pour s'approvisionner, 50% des foyers aux revenus modestes se tournent vers les enseignes hard-discount (Leader Price, Netto, Lidl), mais également vers les associations comme la Croix-Rouge ou le Secours Populaire (33%) et les épiceries sociales (46%). 

Les femmes et les enfants souffrent le plus de précarité hygiénique

Ce manque d'hygiène causée par les prix élevés de certains produits et une situation financière compliquée a des conséquences néfastes sur l'estime de soi. L'étude montre bien le lien entre précarité hygiénique et bien-être. 31% des femmes bénéficiaires d'aides caritatives avouent devoir utiliser du papier toilette ou autre par manque de serviettes ou tampons ! Résultat : 12% des mères déclarent que leur fille a déjà raté l'école à cause d'une protection hygiénique défectueuse ou manquante  et 17% des femmes disent ne pas sortir ou manquer le travail à cause de ce problème. Même les bébés sont touchés : 34% des bénéficiaires d'associations déclarent renoncer "souvent" ou "de temps en temps" à acheter des couches pour leurs petits par manque d'argent.