Violences sexuelles : une victime sur 12 porte plainte

Selon une étude publiée par le ministère de l'Intérieur, seulement une victime sur douze porte plainte après avoir subi des violences sexuelles. Deux personnes agressées sur trois connaissent personnellement leur bourreau.

Violences sexuelles : une victime sur 12 porte plainte
©  Rafael Ben-Ari/123RF

Les chiffres parlent là où les victimes se taisent. Une étude publiée par le ministère de l'Intérieur le 7 décembre révèle que seulement une victime sur douze porte plainte en cas de violences sexuelles. "L'écrasante majorité des victimes de violences sexuelles (86 %) ne font pas le déplacement au commissariat ou à la gendarmerie pour signaler les faits qu'elles ont subi", précise l'étude. Parmi celles qui se déplacent, seulement 4 sur 10 portent plainte. 

De la difficulté de signaler une agression

Celles qui ont subi une agression sexuelle par une personne de leur entourage prennent la parole moins fréquemment que les autres. Pression du bourreau, peur de faire voler en éclat le cadre familial, honte, appréhension des démarches : les raisons de ce silence peuvent être multiples. Or, dans 66 % des cas, la victime connaît personnellement son agresseur. Un chiffre qui explique en partie le peu de plaintes. Ainsi, dans 9% des cas, l'auteur de l'agression fait partie du cercle familial (parent, frère, oncle...) de la victime. Un tiers des meurtres de femmes sont commis par leur conjoint. De surcroît, lorsque les faits sont commis par un proche, ils sont souvent plus graves ou se produisent de manière plus fréquente. Enfin, l'étude rappelle qu'ils laissent souvent de profondes séquelles sur le plan psychologique : 58 femmes sur 100 "estiment que les dommages causés par les faits sont importants".

Ces chiffres évolueront peut-être rapidement. En octobre 2017, la gendarmerie a enregistré une hausse de 30% des plaintes par rapport à octobre 2016. Un constat positif qui pourrait être lié au retentissement de l'affaire Weinstein. Reste à savoir si les effets de ce mouvement de libération de la parole se feront ressentir sur le long terme. Le 25 novembre, lors de son allocution sur la lutte contre les violences faites aux femmes, Emmanuel Macron avait annoncé la création d'une plateforme en ligne pour faciliter les dépôts de plainte des victimes de violences sexuelles : un premier pas vers la fin du tabou ?