Le Grand débat de la fondation des femmes : les temps forts

PRESIDENTIELLE - Grands oubliés des débats, les droits des femmes étaient à l'honneur lors d'une soirée organisée à la maison du barreau à Paris. Les représentantes de François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron ont présenté les programmes de leur candidat en la matière. Le Journal des Femmes y était.

Le Grand débat de la fondation des femmes : les temps forts
© Logo Fondation des Femmes

Le hall de la maison du barreau, dans le 1er arrondissement de Paris est bondé. Vendredi 24 mars, la Fondation des Femmes organisait un grand débat avec les candidats à l'élection présidentielle et des associations féministes pour parler des droits des femmes, complètement absents de la campagne. Du moins, c'est ainsi que la soirée a été annoncée. Car Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, François Fillon ou Emmanuel Macron n'avaient pas fait le déplacement et envoyé à leur place leurs porte-paroles en matière de droits des femmes. Des porte-paroles exclusivement féminines, évidemment. Certains ont été prévenus trop tard et n'ont pu changer leur agenda, à l'image du candidat d'En Marche, en déplacement ce week-end à la Réunion. De là à penser que leur absence reflète leur manque d'intérêt pour le thème de la soirée, il n'y a qu'un pas. Quant à Marine Le Pen, on nous a expliqué que le Front national n'était, "par tradition", jamais invité dans les débats sur le sujet. Et inviter les 6 autres candidats aurait rendu impossible la tenue du débat dans de bonnes conditions. Soit.

C'est Delphine Beauvois qui a ouvert la soirée, pour exposer le programme de Jean-Luc Mélenchon. Elle a assuré que l'ensemble des mesures avait été "pensé sous le prisme de l'égalité femmes-hommes" et que le candidat de la France Insoumise s'engageait à abolir le patriarcat. Il veut aussi sanctionner les publicités sexistes, "comme celle de Yves Saint Laurent", qui a récemment fait un tollé : "Les femmes chosifiées, cela contribue à la culture de la violence. Il faut réglementer ça."

Porte-parole d'Emmanuel Macron, Marlène Schiappa a commencé par rappeler que "le féminisme était aussi un courant économiste", puisque "les violences sexistes ont un impact sur les inégalités salariales". Après avoir insisté sur l'importance de démocratiser l'étude du code à l'école, pour féminiser les métiers liés à l'informatique et aux jeux vidéos, elle a abordé le thème des violences sexuelles et mis l'accent sur le rôle des médias qui "doivent changer leur manière de parler du viol". Et de rappeler, à juste titre, qu'"une femme ne révèle pas, ou n'avoue pas, avoir été violée", comme on le lit trop souvent dans les titres de presse. Emmanuel Macron souhaite par ailleurs rétablir la police de proximité pour faciliter la verbalisation des agressions sexistes et  entend faire de l'égalité hommes-femmes une grande cause nationale de son mandat, s'il est élu.

Des engagements à tenir 

Nicole Ameline a ensuite pris la parole pour François Fillon. Interrogée sur l'abrogation du délit d'entrave numérique à l'IVG, souhaité par le candidat Les Républicains, elle a botté en touche : "Je n'ai pas entendu François Fillon dire ça." La remarque est accueillie dans la salle par des cris indignés. Pour la députée du Calvados, l'égalité salariale ne peut être atteinte sans "un vrai partenariat avec les entreprises". Elle a également assuré que le chômage était "la première des violences" contre les femmes, l'absence d'autonomie financière équivalant à une privation de liberté. Quant aux mesures concrètes pour changer tout cela ? Mystère. L'intervention de Nicole Ameline se limite à des constats.

Dernière représentante à participer au débat, Laura Slimani, porte-parole à l'égalité de Benoît Hamon. Celle-ci rappelle que le candidat socialiste a inclus dans son programme la formation des professeurs à l'égalité hommes-femmes, afin que les plus jeunes y soient sensibilisés à l'école. Elle rappelle également que l'ancien ministre de l'Education est le seul candidat qui s'engage à doubler le budget du ministère des Droits des Femmes - une annonce à relativiser toutefois, la somme allouée à l'égalité hommes-femmes n'ayant représenté, en 2016, que 0,05% du budget de l'Etat, soit 221, 2 millions d'euros. Laura Slimani a réaffirmé que son candidat entendait "généraliser les services d'accueil des femmes victimes de violences dans tous les commissariats" et s'était engagé à créer 4 500 places d'hébergement supplémentaires pour leur venir en aide.

Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et François Fillon semblent avoir pris conscience de l'importance de la question des droits des femmes, même si leur absence ce soir-là laisse un goût amer. Le candidat devenu président devra maintenant tenir ses engagements. Les associations féministes y veilleront.