Afghanistan : les jeunes filles se suicident pour échapper au mariage forcé
Le nombre de suicides a considérablement grimpé au cours des quatre dernières années chez les jeunes femmes afghanes. En cause ? Les mariages précoces et les mauvais traitements dont elles sont victimes.
Une vague importante de suicide touche les filles en Afghanistan. Une étude menée par le ministère de la Santé afghan révèle qu'elles sont 10 000 à avoir tenté de mettre fin à leurs jours en quatre ans, soit 2 500 personnes en moyenne par an, contre 1 205 en 2012. "La plupart sont des femmes âgées de 15 à 29 ans", précise le rapport. "Sur les dix derniers mois, rien qu'à Herat (ouest), environ 500 tentatives de suicides ont été enregistrées par les hôpitaux de la ville, contre 400 l'an dernier à la même période".
Un phénomène fréquent
Près de 80% des femmes qui ont attenté à leurs vies ont avalé de l'acide, de la mort-aux-rats, des poisons ou des pesticides. Mohammad Nasir Khazeh, le gouverneur de la province de Ghor au centre du pays, a retiré de la vente tous les raticides après le suicide de Fatima, âgée de 16 ans. Fiancée depuis ses 3 ans à l'un de ses proches, elle à avalé de la mort-aux-rats après avoir été abandonnée par son futur époux. Elle est la cinquième fille à en avoir ingéré et la première à en mourir, selon le porte-parole du gouverneur. Sa disparition est pourtant loin d'être un phénomène isolé ; à Kaboul, une autre jeune fille de 16 ans, enceinte et mariée depuis ses 14 ans, est décédée après s'être immolée par le feu.
Le mariage forcé comme principale cause
Si le ministère dénonce "les pressions économiques et sociales" comme les principales raisons de cet accroissement, les médias afghans et les ONG pointent du doigt les mariages précoces et les mauvais traitements que subissent les femmes. Dans ce pays en guerre depuis 40 ans et dont la sécurité se détériore de jour en jour, les jeunes filles sont fiancées dès leur plus jeune âge à des hommes beaucoup plus vieux.
Bien qu'elle soit déclarée comme une atteinte aux droits de l'homme par les Nations Unies, cette pratique ancienne reste très fréquente dans les pays du Moyen-Orient. Dans la majorité des cas, les traditions conservatrices et le taux d'illettrisme important poussent les familles à marier leurs filles mineures. Ce rite est plus particulièrement en hausse depuis le début de la guerre en Syrie : le taux de ces unions est passé de 13% à 32% pendant 2014.