Démantèlement de la "jungle" de Calais : où sont les femmes ?

Avec le démantèlement de la "jungle" de Calais, les migrants ont pris la direction de l'un des centres d'accueil et d'orientation répartis dans toute la France. Qu'en est-il du traitement réservé aux femmes ? Le gouvernement ne se pose pas la question et les associations n'ont pas de réponse.

Démantèlement de la "jungle" de Calais : où sont les femmes ?
© SIPANY/SIPA

Le démantèlement de la "jungle" de Calais a débuté lundi 24 octobre, à l'aube. Entre 6000 et 8000 migrants on été évacués, avant d'être redirigés vers des centres d'accueil et d'orientation (CAO), définis en fonction de leur situation. Les familles, majeurs isolés, enfants non accompagnés et personnes vulnérables (malades, femmes enceintes, etc.) se sont vus proposer deux régions de destinations parmi 12.
Si des mesures ont été prises par le gouvernement pour traiter le cas très particulier des mineurs isolés et que les associations en ont fait leur priorité, qu'en est-il du sort des femmes migrantes, dont on sait que les conditions d'accueil ne sont pas toujours adaptées ?

Coup d'épée dans l'eau

Sur le site dédié au plus grand bidonville de France créé par le gouvernement, leur cas est résumé à une seule infographie datant de juillet 2016, précisant que 400 places leurs sont réservées dans le centre d'accueil Jules-Ferry à Calais, ainsi qu'aux enfants. D'après Natacha Bouchart, présidente de la région Hauts-de-France Nord-Pas-de-Calais, ils sont 450 à y vivre. Il n'existe pas de données chiffrées sur leur présence au global. Bernard Cazeneuve, dans sa déclaration à la presse du lundi 24 octobre, ne les a pas mentionnées une seule fois.
Contactées par nos soins, différentes associations sur le terrain (Médecins sans frontières, Gynécologie Sans Frontières, Utopia, France Terre d'Asile, ou encore le Secours Catholique) n'ont pu répondre à nos interrogations, soit par manque d'informations sur leur sort spécifique, soit par manque de temps. Le son de cloche est similaire du côté du centre Jules-Ferry, qui à ce jour, n'a pas répondu à nos sollicitations,

Mal informées et en rébellion

Quand on sait que les femmes migrantes ont besoin de soins particuliers, que les équipements leurs sont sanitairement inadaptés, qu'elles sont plus vulnérables face au danger (violences sexuelles, vols...) surtout la nuit, il nous parait nécessaire de s'inquiéter de leurs conditions d'accueil, mais ce n'est visiblement pas la priorité du ministère de l'Intérieur.
Le Monde, dans un article du 24 octobre sur le démantèlement, mettait en exergue le fait que la plupart d'entre elles étaient très mal renseignées. "Nos équipes sur place précisent qu'elles 'passent plus vite dans les files d'attente que les hommes seuls', ce qui explique en partie pourquoi on a vu principalement des hommes sur les images", Arte dans un sujet cherchant à répondre aux commentaires haineux de quelques internautes qui s’interrogeaient de ne voir que des hommes dans les reportages télévisés dédiés à l'évacuation du camp.

La chaîne franco-allemande a su nous apporter un autre élément de réponse sur leur sort, avec une vidéo tournée au troisième jour du démantèlement. On y voit un groupe de femmes majoritairement issues d'Ethiopie et d'Erythrée, sortir exceptionnellement du centre Jules-Ferry dans lequel elles vivent recluses, afin de manifester pour demander de l'aide au gouvernement britannique. Espérons que leur appel soit entendu.


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