Refus d'inhumer un bébé rom : l'intolérable décision
L'affaire fait grand bruit depuis ce week-end : le maire de Champlan, en région parisienne, a refusé qu'un nourrisson décédé soit enterré sur sa commune en raison de son origine. Révoltant.
Inhumain, injurieux, discriminatoire, pitoyable... Les mots ne manquent pas pour qualifier la décision du maire de Champlan, commune de l'Essonne. Christian Leclerc a refusé de porter en terre dans son village un bébé de 2 mois et demi, décédé dans la nuit du 25 au 26 décembre, pour la simple et mauvaise raison qu'il était rom.
Maria Fransesca a succombé à la mort subite du nourrisson le lendemain de Noël. Ses parents, résidant dans un bidonville de Champlan, souhaitaient l'inhumer dans le cimetière de la commune, mais leur demande s'est heurtée au "non" de la mairie. Comme si la perte d'un enfant n'était pas assez insupportable... Le bébé devrait être enterré aujourd'hui, lundi 5 janvier, dans l'agglomération voisine de Wissous.
A la suite de la polémique suscitée par la révélation de l'affaire, Christian Leclerc a proposé d'accueillir le corps de l'enfant dans le cimetière communal. Il s'est défendu d'avoir rejeté la demande de la famille via un communiqué. "Je n'ai jamais refusé l'inhumation de l'enfant dans notre cimetière, mais en ma qualité de maire je porte l'entière responsabilité des dysfonctionnements manifestes qui ont pu être commis dans l'instruction de la demande d'inhumation", a-t-il écrit avec ses excuses "sincères".
Des déclarations qui surviennent trop tard. Il y a quelques jours, l'élu local expliquait qu'il y avait "peu de places disponibles" au cimetière et que la priorité était donnée à "ceux qui paient leurs impôts locaux". Ces explications, en plus d'être hautement discriminatoires, sont irrecevables : un maire a pour obligation d'inhumer sur ses terres toute personne qui y meurt. Si la place manque, il a pour devoir de trouver une solution (reprise de sépulture, agrandissement ou création de cimetière).
Interviewée par Le Parisien, la mère endeuillée de la petite Maria Francesca a réagi à la décision de l'élu. "Avec ce qu'il a fait, il met de la douleur en plus", a-t-elle déclaré au journal.
Pour le Premier ministre Manuel Valls, "refuser la sépulture à un enfant en raison de son origine [est une] une injure à sa mémoire, une injure à ce qu'est la France."