La contagion au harcèlement de rue est planétaire

De plus en plus dénoncé par les réseaux sociaux et les campagnes de sensibilisation, le harcèlement de rue reste un fléau que la majorité des femmes subit au quotidien. Le site américain Medium a cherché à mieux cerner ce phénomène qui gangrène tous les pays.

La contagion au harcèlement de rue est planétaire

"Il est impossible d'empêcher quelqu'un de vous déshabiller du regard", raconte Sarah Emerson, correspondante du site américain Medium à New York. Comme 70 à 90 % des femmes au monde, elle est régulièrement confrontée aux remarques dégradantes et aux regards insistants de certains hommes. Le harcèlement de rue, cette pratique sexiste et humiliante, a beau être pointée du doigt, critiquée au moyen des réseaux sociaux et autres initiatives, elle n'en reste pas moins trop fréquente.
Pour preuve, le site Medium a demandé à 10 femmes de huit pays différents de tenir un journal détaillant les entreprises non désirées des hommes à leur encontre pendant une semaine. Regard lourds, des "salut poupée" jusqu'aux commentaires graveleux, tout est référencé.
Mexico s'avère être la pire ville en la matière avec 29 interpellations en une semaine tandis que San Francisco (17) et Nairobi (16) se talonnent pour la deuxième place. A l'inverse, à Los Angeles et Tel Aviv, les correspondantes n'ont été sifflées "que" deux fois en sept jours.
Quelles sont les attaques auxquelles elles ont été le plus souvent confrontées ? Les regards lubriques en direction de leur sourire, leurs fesses ou leur poitrine. Le plus souvent accompagnés d'une charmante remarque telle que "Je peux avoir un sourire ?", comme si ce geste était naturellement dû à celui qui le demande.
Les témoignages révèlent aussi que les hommes osent bien plus aborder les femmes lorsqu'elles sont seules (72 %) . En revanche, qu'ils soient en bande ou non, eux, les "catcallers" (siffleurs) continuent leur pratique, et rivalisent même d'originalité. "L'homme situé juste derrière moi rota, dégageant en ma direction un souffle empreint d'une forte odeur de vodka. Les poils du bas de ma nuque se hérissèrent", raconte une habitante d'Ulan-Bator en Mongolie. Sans commentaire.
La conclusion de l'enquête menée par le site américain est sans appel : "Dès qu'une femme marche dans la rue, va s'acheter des talons hauts ou des tampons, ou chante simplement haut et fort du Taylor Swift dans sa voiture (...), il y a un mec pervers qui lui demande si elle se rappelle comment sourire." Et nous, ça nous file plutôt le cafard.

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Le harcèlement de rue est dénoncé par l'enquête menée par le site américain Medium. © LoLoStock Fotolia