Vers une assistance médicalisée pour mourir dans la dignité

La fin d'une tabou ? Pour la première fois, l'Ordre des médecins envisage une aide à mourir permettant d'administrer une "sédation adaptée, profonde et terminale" à des patients qui le réclament.

L'Ordre évoque "un devoir d'humanité", sans employer directement le terme d'euthanasie pour décrire cette aide qui doit relever d'un collège médical, et non d'un médecin qui agirait seul, sans consulter qui que ce soit. L'instance préconise donc "une évolution de la législation sur la fin de vie" pour répondre à ces "situations exceptionnelles".
La loi Leonetti de 2005, encore mal connue, "répond au plus grand nombre de situations de fin de vie", souligne le conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) dans un texte intitulé "Fin de vie, Assistance à mourir", rendu public jeudi (http://bit.ly/YZAsRN) avant d'aborder ces "situations exceptionnelles" où il envisage ce geste ultime.
L'euthanasie n'est pas légale en France mais la loi Leonetti admet qu'on puisse soulager avec des anti-douleurs un malade au stade terminal au point d'en "abréger la vie". Toutefois, elle "peut n'offrir aucune solution pour certaines agonies prolongées ou pour des douleurs psychologiques et/ou physiques qui, malgré les moyens mis en oeuvre, restent incontrôlables", reconnaît l'Ordre. Il s'agit donc de répondre à "des requêtes persistantes, lucides et réitérées de la personne atteinte".
Pour l'Ordre, les médecins doivent pouvoir se retrancher derrière la clause de conscience pour refuser d'administrer cette médication, mais ils n'en gardent pas moins "le devoir d'accompagner leurs patients jusque dans leurs derniers jours".
Malgré l'interdiction, le nombre d'euthanasies peut être évalué à 3000 par an dans notre pays et la majorité des Français souhaitent que les médecins les aident à mourir en cas de situation insupportable (56 % d'après un sondage réalisé pour la mission Sicard). Durant sa campagne présidentielle, François Hollande avait promis "une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité" pour "toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable", sans jamais utiliser le mot euthanasie.
Le chef de l'Etat a indiqué qu'un projet de loi sera présenté au Parlement en juin 2013. Le Comité national consultatif d'Ethique (CCNE) doit pour sa part rendre son avis sur la question vers le mois d'avril.

 

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