Dépression et odorat : un lien troublant

Chez les personnes souffrant de dépression sévère, des troubles olfactifs rendent les mauvaises odeurs plus neutres et moins désagréables. L'altération de l'odorat pourrait ainsi devenir l'un des marqueurs de cette maladie.

Dépression et odorat : un lien troublant
© jedi-master

A Tours, une équipe de chercheurs vient de rendre une étude sur la dépression, une maladie encore difficile à diagnostiquer et à guérir et qui touche 10 % à 15 % des Français. Elle démontre le lien qui pourrait exister entre l'odorat et ses troubles, et la dépression. "Les personnes atteintes de dépression sévère ont des difficultés à expérimenter les plaisirs," indique Catherine Belzung, coauteur de cette étude publiée par l'Inserm (Institut national de la recherche et de la santé médicale). "Par ailleurs, la zone du cerveau impliquée dans la sensation agréable provoquée par des odeurs présente des dysfonctionnements chez ces personnes", poursuit la chercheuse. Le processus médical suivi a été le suivant : 18 personnes hospitalisées souffrant de dépression sévère ont été soumises à des tests olfactifs. Les résultats obtenus ont été comparés à ceux de 54 volontaires en bonne santé. Les chercheurs ont exposé tous les participants à huit odeurs différentes, agréables ou non, et à un mélange d'odeurs "qui correspond davantage à la perception des odeurs de tous les jours," explique Catherine Belzung. Ils sont arrivés à la conclusion que, chez les personnes dépressives, les différentes intensités des odeurs sont moins marquées. Les malades identifient également moins bien les odeurs du mélange auquel ils ont été exposé et sont peu sensibles aux odeurs dites "agréables". Par exemple, lors des tests, les odeurs de vanille ou de cannelle étaient classées comme désagréables. Puis, durant six semaines, les patients dépressifs ont suivi un traitement antidépresseur, pour ensuite refaire les mêmes tests à la fin de cette période. Au bout du compte, le traitement s'est révélé efficace mais les troubles olfactifs ont demeuré.

depression mauvaises odeurs2
Chez un dépressif sévère, les troubles de l'odorat sont avérés. © jedi-master/Fotolia

Que peut apporter une telle étude face à la dépression ? Les tests et recherches doivent être poursuivis avant d'assurer que les troubles de l'odorat constituent un marqueur fiable de la maladie et de son risque de rechute.