Alix Poisson : "J'ai su que je voulais faire ce métier à 4 ans"

Tout sourit à Alix Poisson... À l'affiche de "Mon Cousin", de Jan Kounen, en salles le 30 septembre, elle montre également son talent dans la série LAËTITIA et donne la réplique à Vincent Dedienne dans "Parents d'Élèves". La comédienne de 40 ans nous raconte ses angoisses de maman, ses rôles, la charge mentale...

Alix Poisson : "J'ai su que je voulais faire ce métier à 4 ans"
© Alix Poisson dans "Laetitia" par Jérôme PRÉBOIS / FTV / PCB FILMS & L' ÎLE CLAVEL

Du rire aux larmes... Tous les masques lui vont à ravir. Alix Poisson jongle entre toutes les émotions avec brio, à la fois forte et sensible en assistante sociale dans la série LAËTITIA, dont les derniers épisodes seront diffusés le 29 septembre sur France 2 à 21h05, et exaltée en "super maman" dans Parents d'Élèves, de Noémie Saglio, en salles le 7 octobre. L'actrice de 40 ans, dont on avait déjà constaté le talent dans les séries Les Revenants ou Parents Mode d'Emploi, nous scotche à nouveau... Le tournage de Laëtitia, sa culpabilité de maman, son rapport avec son physique, la comédienne s'est confiée sans fard.

D'où vous vient votre passion pour la comédie ?
Alix Poisson : Je crois que c'est comme un mille-feuille, on découvre les raisons de notre choix une par une. J'ai su que je voulais faire ce métier à 4 ans. Je me suis très vite intéressée aux films et j'étais capable de regarder des trucs qui nécessitaient quelques années de plus (rires). Plus tard, j'ai compris que ma passion venait d'un mélange entre un vrai plaisir de jouer la comédie, et un besoin vital de faire face à certaines souffrances, transcender une épreuve pour en faire quelque chose de beau.

Vous jouez le rôle d'une assistante sociale dépassée par les évènements dans la série LAËTITIA, qui raconte les dessous du meurtre de l'adolescente, en 2011. Le tournage était-il éprouvant ?
Alix Poisson :
Certaines scènes étaient très délicates à jouer, même si je n'ai pas eu les plus dures. Le jeu d'acteur de Noam (Morgensztern, qui campe Tony Meilhon, ndlr) et Marie (Collomb, interprète de Laetitia Perrais, ndlr) dans la scène où Tony Meilhon la viole, est absolument hors-du-commun… Tout le monde était extrêmement concentré. Pour une ou deux scènes, certains acteurs ont préféré sortir. Mais le tournage n'a pas été éprouvant, parce que c'était une aventure collective incroyable, notamment grâce au réalisateur.

Dans la série, le réalisateur Jean-Xavier de Lestrade met en lumière une part d'ombre de l'affaire Laetitia Perrais…
Alix Poisson : 
Ce qui l'intéressait n'était pas de traiter un fait divers. Laetitia a été résumée à sa mort avec des raccourcis médiatiques… En partant du fait divers, il fait un travail sous-terrain pour montrer toute la violence ordinaire qui a lieu dans notre société et qu'il faut changer, notamment la violence faite aux femmes, la maltraitance infantile…

Comment se prépare-t-on à un tel rôle ?
Alix Poisson : 
J'ai rencontré des assistantes sociales pour connaître leur quotidien, les absences de considération, de moyen… Étant marraine de l'Enfant-Bleu, j'avais déjà lu et entendu beaucoup de témoignages de victimes et de psychologues de l'association. J'étais déjà consciente de l'omerta qui persiste sur la maltraitance infantile, et particulièrement les violences sexuelles. 

"J'adore critiquer Jessica Chastain"

C'est un rôle qui contraste avec votre personnalité solaire. Sur Instagram, vous n'hésitez pas à nous montrer votre côté déjanté, vous vous filmez par exemple avec un masque à mousse sur le visage...
Alix Poisson : 
J'ai clôturé mon compte Facebook pendant le confinement. Je n'ai pas eu Instagram jusqu'à l'année dernière car j'ai compris que nous étions dans un monde où cela devient un outil, et c'est assez terrible… Mais j'ai décidé que je ne posterais des posts sur des engagements qui me tiennent à cœur ou des posts drôles où l'on ne se prend pas au sérieux ! Ça me fait marrer de critiquer Jessica Chastain, car je l'adore, mais sur Instagram, elle est un peu "too much", tout est trop parfait...

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Alix Poisson © J.M. HAEDRICH/SIPA

Est-ce important de vous montrer sans filtre ? 
Alix Poisson : Comme toutes les femmes de la terre, j'aime poster des photos où je suis à mon avantage, mais je trouve qu'il faut montrer qu'il y a des moments où j'ai des cernes, où je suis fatiguée, où je fais l'andouille. Parfois, je fais des trucs tellement dingos, que j'ai l'impression de retomber en enfance, quand j'avais 4 ans et que je mettais des turbans sur la tête (rires)... 

Votre personnage dans "Parents d'élèves" montre bien ce côté pétillant de votre personnalité.
Alix Poisson :
Clarisse (son personnage, ndlr), c'est un mélange délicieux. Elle est à la fois totalement psychorigide, elle a un petit côté Monica dans Friends. Cet aspect un peu énervant est compensé par le fait qu'elle est ultra solaire ! J'espère ne pas être aussi survoltée dans la vie (rires)...

"J'ai beaucoup culpabilisé de laisser mon fils"

Quel parent d'élève êtes-vous ?
Alix Poisson : Je suis un peu comme mon personnage, mais dans une moindre mesure. À l'inverse d'autres parents, j'aime bien aller aux conseils d'école, aux réunions… Je le fais parce que ça m'intéresse vachement de savoir ce qu'il se passe dans la vie de mon fils, mais aussi parce que je trouve passionnant de connaître le fonctionnement de l'école publique, savoir à quoi ils sont confrontés, à quels manques de moyens ils font face… C'est marrant, ce qui se passe dans le film, je l'ai vécu. Une classe devait fermer dans l'école de mon fils. On a eu la tentation de se résoudre à la fatalité, mais finalement, chacun y a mis du sien… et la classe n'a pas fermé ! Je crois en la force du collectif. 

La charge mentale est évoquée plusieurs fois dans le film. Est-ce un phénomène que vous expérimentez au quotidien ?
Alix Poisson :
Absolument, mais je m'en suis rendue compte tardivement. Mon compagnon est hyper impliqué dans l'éducation des enfants, la maison...  Je trouvais très étrange que même en étant très accompagnée par un conjoint très présent, et en ayant un métier où je suis privilégiée puisque je ne travaille pas tout le temps, je me suis retrouvée avec une charge mentale énorme. C'est aussi parce que mon conditionnement était profond… C'est à moi de le déconstruire.
Je me suis dit : "Pourquoi est-ce que je me persuade que c'est super grave si je n'ai pas tout fait comme il faut ?" J'ai pris conscience qu'il fallait que j'arrête de culpabiliser quand j'ai envie de prendre du temps pour moi. La plupart des hommes, eux, ne culpabilisent pas. Et ils ont raison ! Il  faut qu'on nous laisse la possibilité de se dire : "J'aime mes enfants du plus profond de mon âme, j'adore m'occuper d'eux, mais j'ai aussi un destin à accomplir".

Avez-vous trouvé l'équilibre entre votre vie professionnelle et votre vie de famille ?
Alix Poisson :
Les deux premières années ont été difficiles pour moi, car je culpabilisais beaucoup… Mais après, je me suis affranchie de cette culpabilité, qui aurait fait porter un poids à mon fils. Les enfants préfèrent avoir une maman épanouie. Quand je pars en tournage, j'ai quand même un petit pincement au cœur, mais je ne culpabilise plus…