Alice Taglioni : "J'ai pris confiance en moi"

Sophistication extrême, contrôle de l'image et discours formaté: tout cela n'existe pas chez Alice Taglioni. Cette blonde sublime illumine "Je Voudrais que quelqu'un m'attende quelque part", l'adaptation au cinéma du roman à succès d'Anna Gavalda, disponible en VOD le 27 mai, et se confie à nous, avec intelligence et répartie. Brillante, sincère, épanouie, cette beauté nous bluffe et son esprit nous ravit.

Alice Taglioni : "J'ai pris confiance en moi"
© face to face/Shuttersto/SIPA

Alice, pouvez-vous me présenter votre personnage dans Je Voudrais que quelqu'un m'attende quelque part ?
Alice Taglioni : Juliette est une femme enceinte d'une quarantaine d'année, professeur d'Université, installée dans son quotidien, assez passive, sans aspiration.... Juliette est "empêchée" par une peur de mal faire qui la bloque. Au fil du film, des tourments traversés, elle va ouvrir ses ailes et se rendre compte qu'elle a des rêves, la force et l'imagination de les réaliser.

Dans sa note d'intention, le réalisateur Arnaud Viard dit que Juliette  est l'héroïne du film, presque au sens guerrier du terme.
C'est parce qu'il y voit une renaissance. Au départ, Juliette est transparente : on l'entend peu, elle est très discrète pour ne pas déranger. Puis, elle refuse son sort et prend en main son avenir. Finalement, c'est elle qui donne de l'espoir. 

Est-ce qu'il y a, une puissance ou une résilience spécifique aux femmes ?
Oui, certainement à cause de la maternité. Il y a quelque chose d'animal, un instinct de survie, de sauvegarder ses petits, de pérenniser l'espèce... 

Et le désir qui l'anime est-il typiquement féminin ?
C'est une question de foi, la foi divine, la foi en la nature, en l'homme, en ce qu'on veut, mais c'est ça qui soutient, guide et ouvre au monde.

"J'ai beaucoup d'admiration pour les gens qui se plantent royalement !"

Cette crainte d'échouer, de blesser les autres, de passer à côté de sa vie, vous a-t-elle paralysée ?
Je ne suis pas dans le renoncement, davantage dans l'action et la motivation, mais cette peur de ne pas y arriver, de ne pas avoir le droit, de ne pas être à ma place… j'ai pu la ressentir. C'est dommage parce qu'au-delà de la carrière ou du succès, on passe à côté de nombreux plaisirs.

Vous êtes-vous octroyé le droit de vous tromper ?
C'est compliqué… J'essaye de m'extraire de mon propre jugement, mais j'ai beaucoup d'estime voire d'admiration pour les gens qui se plantent royalement !

Ceux qui ne tentent rien peuvent-ils vous agacer ?
Non. Je n'ai aucun problème avec une passivité assumée. A l'inverse, je ne suis pas d'accord avec ceux qui sont dans la revendication gratuite, la plainte, l'envie, ceux qui se considèrent comme victimes sans raison, parlent de malchance, mais ne se donnent pas les moyens de réussir.  Même sans courage particulier, je pense qu'on est artisan de son destin, au moins dans ce pays. A titre personnel, c'est à moi de décider, de choisir ma route. Il ne faut pas que j'attende que ça me tombe dessus.

Juliette donne du sens à son existence à travers l'écriture... Vous, Alice, est-ce la comédie qui permet votre histoire, votre récit ?
Complètement. Exercer le métier d'actrice donne une liberté d'être incroyable. Quand j'interprète un rôle, j'ai le droit d'être fragile, d'être triste, de faire des conneries, de marcher dans le plat… On fait appel à nous pour nos émotions, pour aller chercher au plus profond… Jouer, c'est s'autoriser beaucoup. Ce n'est pas une thérapie, mais je sens qu'il me manque quelque chose quand je ne tourne pas. C'est un sentiment d'évasion que je retrouve alors grâce à la musique… Quoique, le piano m'a isolée, parfois...

"La famille, c'est la matrice..."

Ce film est aussi sur la famille, ce qui lie les individus de la manière la plus solide, le socle des névroses aussi...
La famille, c'est la matrice, terrible ou géniale, le début de tout. A l'adolescence arrive la colère, mais l'on garde cet amour profond qu'on a entre frères et sœurs, qu'on a pour ses parents… Cet amour peut nous bloquer, il faut alors s'en émanciper, mais ne jamais le fuir. Cela prend du temps de bâtir son propre foyer.

Alice Taglioni © UGC Distribution

Venez-vous d'un milieu artistique ?
Je viens d'une famille où la musique était le maître mot. La musique avait une place immense même si ce n'était pas la profession de mes parents… (son père travaillait dans l'immobilier et sa mère était visiteuse médicale, ndlr).

Le réalisateur dit vous avoir choisie pour votre côté solaire et vous irradiez à l'écran… Où puisez-vous cette énergie ?
Qui dit solaire, dit lunaire aussi ! Le soleil est caché de temps en temps. Tant mieux si les gens ressentent plutôt la lumière et le bonheur que l'ombre, la tristesse et la nuit.... Le positif est dans cette conscience d'être là, d'être en vie, d'essayer d'en profiter le plus possible ! 

Comment vous reconnectez-vous à ces bonnes ondes ? 
En regardant ce que j'ai autour de moi : mes enfants avant tout, ma famille, les gens que j'aime... Ils me rendent heureuse et fière.

Le metteur en scène dit aussi avoir été saisi, terrassé, par votre beauté... Quel rapport entretenez-vous avec votre corps, vous l'ancienne Miss Corse ?
Franchement, j'ai été très complexée jusqu'à 25 ans. J'ai découvert avec ce métier, que des personnes me trouvaient jolie et j'ai trouvé ça très agréable. J'ai fini par m'accepter comme je suis. Je remercie pour les compliments, mais je ne polarise pas sur mon physique. Je fais attention, mais ce n'est pas une préoccupation, pas une obsession. Je vais mettre une crème, appliquer un soin du visage, veiller à ma peau… mais je pense que la "beauté" entre guillemets viendra de mon épanouissement,.. pas du temps passé à me regarder dans la glace !

Comment composez-vous avec le regard des autres, curieux, bienveillant ou inquisiteur face à votre célébrité, à votre couple ?
C'est à mettre sur le même plan que l'apparence. Ce sont des choses annexes, anecdotiques dont je ne souffre pas. On ne m'arrête pas dans la rue, je ne me sens pas harcelée ou observée différemment parce que je suis connue. Même les paparazzi qui nous emmerdent et qui nous courent après, c'est totalement accessoire. Je ne vais pas me torturer l'esprit pour trois photos volées !  

Vous semblez sereine... Qu'est-ce qui a le plus changé chez vous depuis vos débuts?
J'ai pris confiance en moi !

Je Voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, d'Arnaud Viard, avec Jean-Paul Rouve, Alice Taglioni, Benjamin Lavernhe, (1h29), disponible en VOD le 27 mai

En salles le 22 janvier 2020 © UGC Distribution