Claude Jade : passions, amours, handicap d'une actrice indomptable

Claude Jade mourait le 1er décembre 2006... La talentueuse comédienne, qui a failli devenir l'épouse de François Truffaut, a parcouru le globe en quête de succès, de bonheur, tout au long de sa courte vie. Retour sur les moments marquants de son existence...

Claude Jade : passions, amours, handicap d'une actrice indomptable
©  LIDO/SIPA

Claude Jade nous a quittés il y a 14 ans. Morte d'un cancer de la rétine, à l'âge de 58 ans, le 1er décembre 2006, elle avait été promise à un avenir radieux dès ses premiers pas sur scène. À l'époque, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture, avait rendu hommage à "l'incarnation de l'élégance, de la simplicité et du charme à la française" et avait déclaré, après le décès de la comédienne: "Elle reste en cela un exemple pour des générations de comédiens qui gardent l'envie de croire en ce fichu métier comme elle aimait l'appeler".

Claude Jade, aimantée par la comédie 

Claude Jade naît à Dijon d'un père inspecteur pédagogique et d'une mère professeure. Un environnement qui ne la destine pas, a priori, aux lumières des projecteurs. Pourtant, la petite fille se rêve comédienne.

Elle tente le tout pour le tout et se présente au concours d'entrée du conservatoire de Dijon, alors qu'elle a 15 ans. Son interprétation de la fable de La Fontaine Le Coq et le Renard et du poème de Paul Verlaine Après trois ans scotche l'audience et elle est immédiatement reçue.

Puis, elle se rend à Paris pour concrétiser ses rêves de comédie. Elle devient, au théâtre Édouard VII, l'élève de Jean-Laurent Cochet, dont elle suit les cours pendant plus d'un an.

Sa relation romantique avec François Truffaut

Après quelques passages à la télévision, elle est repérée par François Truffaut en personne, au théâtre Moderne. Celui-ci l'engage pour son film, le très acclamé Baisers Volés, en 1968.

Sous le charme, celui-ci la surnomme la "petite fiancée du cinéma français" et va même jusqu'à la comparer à Grace Kelly, en déclarant qu'elle pourrait être sa "fille clandestine".

Le cinéaste est si subjugué par l'aura de l'actrice qu'il se décide à l'épouser. Il demande sa main à ses parents, mais au dernier moment, change d'avis… Dès lors, cette idylle naissante se transforme en amitié solide. 

Une épouse et une mère

En 1972, Claude Jade épouse le diplomate Bernard Coste, qu'elle a rencontré quelques temps plus tôt, lors d'un voyage à Rio, au Brésil. Alfred Hitchcock, avec qui elle s'est liée d'amitié, lui fait alors parvenir une drôle de lettre, pour la féliciter: "Chère Claude, mes plus chaleureuses félicitations à l'occasion de votre mariage dont le faire-part vient de me parvenir. Efforcez-vous d'être le plus fidèle possible à votre mari. Cordialement, Hitch."

Ensemble, Bernard Coste et Claude Jade donnent naissance à un fils, Pierre Coste, en 1976. Lorsqu'elle devient mère, la comédienne lève un peu le pied. Elle tourne moins et ses apparitions publiques se font plus rares.

Elle a refusé un contrat juteux

Après avoir tourné pour André Hunebelle, Édouard Molinaro ou encore Alfred Hitchcock, Universal Pictures lui propose un contrat de sept ans. Une aubaine ? Pas forcément pour cette comédienne qui chérit sa liberté par dessus tout. "Je suis française, je tenais à pouvoir jouer dans ma langue et à vivre chez moi, auprès de ceux que j'aime. J'ai donc refusé", a-t-elle confié dans une interview.

Une globe-trotteuse (malgré elle)

Claude Jade n'est pas le genre de femme à tenir en place. Avide d'aventures, elle tourne en Italie, en Belgique, et même au Japon... avant de s'envoler pour Moscou. Là-bas, elle rejoint son époux Bernard Coste, qui a été muté sur le territoire pour raisons professionnelles. Son départ, l'actrice ne le vit pas avec facilité. Mais heureusement, elle continue d'exercer sa passion en tournant plusieurs films pour des réalisateurs soviétiques, tels que Téhéran 43 d'Alexandre Alov et Vladimir Naoumov, ou encore Lénine à Paris, de Sergueï Youtkevitch. 

Puis, c'est à Nicosie, à Chypre, que Claude Jade pose ses bagages quelques années plus tard. Son mari vient d'y être nommé conseiller culturel. Là-bas, en 1984, elle y apprend avec effroi la mort de son fidèle ami, celui qui fut un peu plus qu'un confident, François Truffaut. "La mort de François fut la première d'une longue liste d'êtres chers à mon cœur, et curieusement ma vie n'a plus été la même", déclare-t-elle à la presse.  

Lorsqu'elle retourne en France, fin 1985, sa notoriété est moindre. Ces années passées à l'étranger sont loin d'avoir été bénéfiques pour sa carrière. 

L'âge, son nouvel handicap

Elle tourne beaucoup moins, les demandes se font plus rares. Mais ce n'est pas simplement à cause de cet éloignement géographique de plusieurs années. L'âge est aussi devenu un handicap pour Claude Jade.

 "Quand j'ai débuté, j'ai eu tant de facilité, que je ne pensais pas qu'il pût y avoir des lendemains incertains. Ils existent bel et bien (...) Pour une femme particulièrement, c'est un métier difficile, car, avec l'âge l'emploi change, et les beaux rôles se raréfient […] Il faut pouvoir et savoir attendre qu'un metteur en scène fasse appel à vous", a-t-elle expliqué à la presse.

Morte sur scène (ou presque)

Les derniers mois de sa vie, l'actrice les passe sur scène, en représentation pour une pièce de Jacques Rampal, Célimène et le Cardinal. Atteinte d'un cancer de la rétine, elle doit porter une prothèse oculaire.

Les souffrances, toutefois, ne durent pas bien longtemps. Elle meurt relativement vite, le 1er décembre 2006.