Homards géants, Cheval Blanc et pétales de rose... sur la table de Rugy

François de Rugy a présenté sa démission du gouvernement. A-t-il pêché par excès de mondanité ? Selon Mediapart, l'ex-ministre de l'Ecologie aurait organisé des dîners fastueux à base de homards géants et de champagne prestigieux... aux frais du contribuable, durant son mandat de président de l'Assemblée nationale. Dans la foulée, l'homme politique a été épinglé pour avoir fait réaliser des travaux au coût faramineux et acheté un séchoir "aux feuilles d'or" et sa collaboratrice a été limogée.

Homards géants, Cheval Blanc et pétales de rose... sur la table de Rugy
© Michel Euler/AP/SIPA

[Mise à jour le 16 juillet à 15h36] La combativité de François de Rugy n'aura finalement pas été suffisante pour résister à la polémique. L'homme politique, désormais ex-ministre de la Transition Écologique et Solidaire, a présenté sa démission du gouvernement le 16 juillet, las du "lynchage médiatique" après le scandale qui a secoué la planète "peopolitique" et fait des bulles. Selon Mediapart, François de Rugy aurait organisé une dizaine de dîners fastueux aux frais du contribuable, alors qu'il était président de l'Assemblée nationale, entre octobre 2017 et juin 2018. Le média rapporte que son épouse, la journaliste Séverine Servat, aurait également participé à ces dîners. Mais la polémique ne s'arrête pas là : l'ancien ministre de l'Écologie a été épinglé pour avoir réalisé des travaux coûteux aux frais de l'État, dans les appartements privés du ministère de l'Écologie, avoir fait facturer un sèche-cheveux "plaqué or" et s'être accordé le luxe d'un troisième chauffeur. Cerise sur le gâteau: l'opprobre a été jeté sur sa directrice de cabinet, qui est restée locataire d'un HLM sans pour autant l'occuper pendant 12 ans. En dépit de ces scandales en cascade, François de Rugy avait assuré de "rembourser chaque euro contesté" et était déterminé à rester en poste... jusqu'à présent. 

Démission et plainte en diffamation

"Les attaques et le lynchage médiatique dont ma famille fait l'objet me conduisent aujourd'hui à prendre le recul nécessaire - ce que chacun comprendra", a déclaré François de Rugy le 16 juillet, après avoir présenté sa démission. Et de poursuivre : "La mobilisation nécessaire pour me défendre fait que je ne suis pas en mesure d'assumer sereinement et efficacement la mission que m'ont confiée le Président de la République et le Premier ministre. Dès lors, j'ai présenté ma démission au Premier ministre ce matin". L'homme politique a également annoncé qu'il avait déposé une "plainte pénale en diffamation" contre Mediapart.

Homards géants et grands vins

Avoir mené une "vie de château" aux frais de la République: voici ce que les médias reprochent à l'ancien ministre de l'Écologie. Une dizaine de repas opulents et fastueux auraient été organisés dans les salons de l'hôtel de Lassay, résidence de la présidence de l'Assemblée nationale. Au menu ? François de Rugy, son épouse et leurs invités auraient dégusté des homards géants, du champagne et des vins du Château Cheval Blanc 2001 estimé à 550 euros la bouteille ou du Château d'Yquem 1999, qui vaudrait 265 euros. Ajoutons que les grands crus seraient en provenance des caves de l'Assemblée nationale. Rien que ça ! "Ce n'était pas vraiment le genre à la bonne franquette, ça, c'est sûr", a témoigné une source anonyme dans Mediapart. Le principal intéressé s'est justifié en assurant : "Il s'agissait de dîners informels liés à l'exercice de mes fonctions avec des personnalités issues de la société civile pour répondre à l'exigence de représentation liée à ma fonction."
En ce qui concerne la consommation de homards et de grands vins, l'homme politique s'est défendu, auprès de Jean-Jacques Bourdin, sur BFM TV: "J'ai une intolérance aux crustacés et aux fruits de mer. Je déteste le caviar (...) Je ne suis pas amateur de grands crus. Le champagne me donne mal à la tête." Certains rigolos se sont d'ailleurs permis de modifier sa page Wikipédia. "François de Rugy ou pour les intimes sous le sobriquet de 'Homard m'a tué'", lisait-on dans sa présentation avant que celle-ci ne soit à nouveau changée. Quant aux internautes, ils ont été inspirés par ce "homardgate" et n'ont pas hésité à publier leurs traits d'humour (plus ou moins judicieux).

Une Saint-Valentin pas comme les autres

François de Rugy et Séverine Servat auraient également mis les petits plats dans les grands pour la Saint-Valentin 2018. Ce fameux soir, le personnel de la résidence du président de l'Assemblée nationale était de service. Des pétales de roses ont été disposées sur une nappe blanche pour une atmosphère romantique à souhait sous les ors de l'Hôtel de Lassay. "C'était les services de l'Assemblée nationale qui avaient fait cela pour me faire plaisir, mais c'était en effet quelque chose d'inopportun", a regretté François de Rugy lors du compte rendu du Conseil des ministres. Et de préciser : "Il s'agissait simplement d'un dîner à deux dans le salon du rez-de-chaussée de l'Assemblée au lieu d'être dans la salle à manger du premier étage, mais cela n'a pas coûté un euro à l'Assemblée nationale". 

Sèche-cheveux en or et appareil à raclette

Après ces révélations, Le Parisien en a rajouté une couche, affirmant que l'épouse de l'ex-ministre de l'Ecologie s'était procurée un sèche-cheveux "aux feuilles d'or" pour la modique somme de 499 euros, toujours aux frais de l'Etat. "Il y a un sèche-cheveux, mais pas plaqué or. C'est n'importe quoi ! Je vais demander au Parisien qu'ils me le montrent !", s'est offusqué François de Rugy auprès de Jean-Jacques Bourdin, sur le plateau de BFM TV.  En juillet 2018, le quotidien avait également pointé le couple du doigt, les accusant de s'être offert, avec l'argent du contribuable, un appareil à raclette à 201 euros et un vélo elliptique à 769 euros. 

La directrice du cabinet de Ministre de l'Ecologie, limogée

Un scandale en cache souvent un autre… Outre les dîners fastueux, l'ex-ministre de la Transition Ecologique et Solidaire a été éclaboussé par la polémique liée à la directrice de son cabinet Nicole Klein. Pendant 12 ans, sa proche collaboratrice est restée locataire d'un logement social dans le quartier de la porte de Vanves, dans le 14e arrondissement de Paris, sans pour autant y habiter. "Entre 2006 et 2018, elle a continué à profiter de ce bien, alors qu'elle travaillait hors de la capitale", lit-on. En effet, durant cette période, elle a travaillé dans cinq préfectures de province différentes. Face à la polémique, Nicole Klein a été limogée par François de Rugy, quelques heures après la publication du papier de Mediapart, a-t-on appris dans Ouest France

Travaux coûteux (et douteux)

Pour enfoncer le clou, Mediapart a fait d'autres révélations gênantes sur François de Rugy : celui-ci aurait fait réaliser des travaux dans les appartements privés du ministère de l'Écologie, dont le montant s'élevait à plus de 63 000 euros… Le tout, supposément au frais du contribuable. On compte notamment 17 000 euros pour l'installation d'un dressing. Toutefois, selon Le Point, qui a visité l'hôtel de Roquelaure, résidence du ministre de l'Écologie, l'appartement est "lumineux", mais pas extravagant. La cuisine fait cinq mètres carrés avec un placard unique. La "petite" salle de bains est dotée d'une baignoire "vieillotte". En somme, Séverine Servat, l'épouse de François de Rugy, ne comprend pas ce qui lui est reproché et juge que les travaux n'étaient pas de simples "caprices". "Les services en charge de la gestion des bâtiments du ministère ont fait le constat partagé de la nécessité d'effectuer des travaux de rénovation dans l'appartement de fonction du ministère, qualifié, je cite, de 'vétuste'", s'est justifié François de Rugy sur Facebook. Sale temps et drôle d'environnement pour notre politicien breton de 45 ans... Mais on le sait, petite pluie abat grand vent !