Princesse Masako, strass et dépression: qui est l'impératrice du Japon?

C'est un nouveau règne qui s'amorce au Japon. L'empereur a annoncé son abdication le 30 avril, après 37 ans à la tête du pays. L'ère Heisei laisse donc sa place à l'ère Reiwa. Akihito met sur le trône du Chrysanthème son fils, Naruhito. Mais qui est vraiment Masako Owada, la nouvelle impératrice, qui a traversé de nombreux drames...

Princesse Masako, strass et dépression: qui est l'impératrice du Japon?
©  Pool for Yomiuri/AP/SIPA

Masako Owada était déjà extrêmement populaire au pays du Soleil-Levant. Elle est maintenant sous les feux des projecteurs, depuis l'abdication le 30 avril 2019 de son beau-père, l'empereur Akihito, âgé de 86 ans, qui lègue le flambeau à son fils de 59 ans, Naruhito. Dans son bel ensemble blanc cassé, l'épouse du nouvel empereur fait déjà sensation auprès du reste du monde. Regards avenants, sourires polis et gestes de la main discrets : il ne fait aucun doute qu'à 55 ans, Masako Owada excelle dans son nouveau rôle d'impératrice. Pourtant promise à une carrière de diplomate aguerrie, elle se voit contrainte de suspendre ses activités dans les années 90 pour devenir la princesse héritière du Japon. 

Masako Owada : un destin déjà tout tracé

Masako Owada nait à Tokyo en  1963. Elle évolue au sein d'une famille de bonne société japonaise, son père est un diplomate reconnu. La petite fille suit d'ailleurs ses parents au rythme des affectations paternelles. Elle quitte le Japon à l'âge de 2 ans pour rejoindre le froid de la Russie et effectue toute sa maternelle à Moscou. Masako retourne dans sa contrée natale jusqu'à la moitié de ses années lycée. Elle se nourrit de différentes cultures et voyage beaucoup ; elle visite souvent la France ou l'Allemagne et apprend d'ailleurs le français en 1983 au centre universitaire d'études françaises de Grenoble. En 1978, Hisashi Owada est nommé vice-ambassadeur aux nations unies, le clan Owada s'installe alors aux Etats-Unis. La jeune fille termine ses études secondaires en obtenant le diplôme du lycée de Belmont dans le Massachussets. Masako souhaite suivre une carrière illustre à l'instar du modèle qu'elle a eu dès sa naissance. Elle entre donc au département d'économie d'Harvard en 1881. Un diplôme avec mention bien en poche, l'élève brillante décide de s'inscrire à la faculté de droit de Tokyo. C'est en 1986 que Masako touche à son but. Sur 800 participants au concours d'entrée du Ministère des Affaires étrangères, elle fait partie des 28 candidats retenus. L'élite de l'élite !

Masako Owada : la rencontre princière

Masako Owada devient l'une des plumes du Premier ministre japonais. C'est alors qu'elle reçoit une invitation de la part de la Cour Impériale qui la convie elle et sa famille à une réception en l'honneur de l'infante Elena d'Espagne au sein du Palais de l'empereur Akihito. Ce dernier voit son fils vieillir sans être marié : Naruhito a 27 ans et toujours pas d'héritier. Dans sa biographie Princesse Masako : prisonnière du trône de Chrysanthème, Ben Hills raconte que celle-ci est ajoutée à la liste des invités in extremis. Qu'importe, le coup de foudre opère. Le futur empereur tombe vite sous le charme de l'élégance et l'intellect de Masako. Mais séduire cette indépendante ne se révèle pas chose aisée. Peu après leur rencontre, elle s'envole vers Oxford où elle part étudier les relations internationales. Après plusieurs tentatives, le prince réitère sa demande en mariage. Masako accepte finalement en 1992. Bien qu'elle redoute les conditions strictes et millimétrées de la cour impériale japonaise, la jeune femme épouse officiellement son prétendant le 9 juin 1993.

Masako Owada : le poids du protocole

Les hauts dirigeants nippons reprochent à la nouvelle princesse d'être trop américanisée et indépendante. Elle est la deuxième à ne pas descendre directement de l'ancienne aristocratie : Michiko, la mère de Naruhito est elle aussi une "roturière". En plus de cette image néfaste, l'Agence Impériale, qui veille au bon fonctionnement du protocole, continue de faire pression sur les époux princiers. La tradition veut que le couple héritier donne naissance à un garçon. Après une fausse couche en 1999, Masako Owada tombe enceinte grâce à la procréation médicalement assistée, processus pourtant tabou au pays du soleil levant. À 38 ans, elle accouche le 1er décembre 2001 de la petite Aiko de Toshi. Il s'agit de l'unique enfant du mariage désormais impérial. Au grand désarroi de l'Agence Impériale, la fillette est fille unique. Jugée de toutes parts, Masako Owada sombre dans la dépression. En 2004, les médecins lui diagnostiquent un trouble de l'adaptation. Son mari accuse alors les dignitaires japonais et le débat est engagé : doit-on laisser une femme s'asseoir sur le trône de Chrysanthème ? Finalement, la question est abandonnée lorsque le frère du prince a un fils en 2006. Si la princesse devenue impératrice ne donne pas un successeur direct, elle assure néanmoins son rôle à merveille, en parfaite ambassadrice du pays.