Caroline Dublanche, psychologue des ondes : "Je ne suis pas un gourou"

Chaque soir au micro de RTL, Caroline Dublanche brandit son oreille attentive et met sa sagesse et son expérience au service d'auditeurs qui ont besoin de se confier. Cette fois, les rôles s'inversent : c'est la psychologue des ondes qui se livre sur son métier hors du commun au Journal des Femmes. Entretien.

Caroline Dublanche, psychologue des ondes : "Je ne suis pas un gourou"
© RTL

Caroline Dublanche console, écoute, conseille les auditeurs de RTL du lundi au jeudi, entre 22h30 et 1h, dans l'émission Parlons-nous, après avoir longtemps officié à l'antenne d'Europe 1. La psychologue de formation recueille les confidences d'âmes en peine ou de quidams empêtrés dans des conflits intérieurs. Toutefois, Caroline Dublanche le précise : elle n'est pas un gourou et ne prétend pas apaiser tous les maux. "Mon métier m'apprend à connaître mes limites", nous précise-t-elle. Son rôle : aider l'auditeur à puiser en lui-même afin qu'il puisse trouver les ressources dont il ne soupçonnait pas l'existence. La psychologue de 52 ans tente de fixer un véritable rendez-vous avec soi-même. 
Parcours, difficultés du métier et moments exaltants : la confidente des ondes se raconte au Journal des Femmes. Entretien. 

Le Journal des Femmes : Vous avez embrassé la carrière peu commune de psychologue sur les ondes. Comment l'aventure a-t-elle débuté ?
Caroline Dublanche : À l'origine, je travaillais au planning familial, dans une association militante. Le groupe de parole d'adolescentes que j'animais a été filmé dans un reportage dans l'émission Capital, sur M6. C'est ainsi que la directrice des programmes à Europe 1 m'a remarquée et m'a demandé d'intervenir dans des émissions radios en tant que spécialiste, de manière ponctuelle. En parallèle, je continuais mes activités de psy… jusqu'à ce que l'on me propose d'animer ma propre émission.

Qu'est-ce qui vous plaît dans cet exercice ?
Caroline Dublanche : Je sais à quel point il est difficile de faire une démarche de consultation avec un psychologue, cela fait peur. Dès lors, je me sens utile. Mon rôle est de permettre une approche plus en douceur, afin que, par la suite, les auditeurs qui en ont besoin franchissent le pas de la consultation avec un psychologue. Il n'est pas question de faire de thérapie à l'antenne car dans ce cas, il faut un suivi et une connaissance de la personne.

Le fait de ne pas suivre les patients, de les écouter uniquement pendant une dizaine de minutes, n'est-ce pas frustrant ?
Caroline Dublanche : Au départ ce n'était pas simple, mais j'ai appris à faire avec. Certains auditeurs me donnent des nouvelles, c'est toujours très gratifiant. Le fait de ne pas pouvoir les suivre m'a également appris à lâcher prise et prendre du recul. Dans un suivi thérapeutique, il y a un aspect de responsabilité. Finalement, la personne a son libre-arbitre. Même si l'on fait tout pour qu'elle aille mieux, je ne suis pas un gourou (rires). Il m'est arrivé de rappeler des gens hors-antenne, car nous avions dû rendre le micro alors que je sentais que mon interlocuteur n'avait pas été apaisé. On ne sait jamais ce qui peut se passer après...

Les auditeurs n'osent pas forcément saisir leur téléphone pour vous parler de leur histoire, pourtant ils continuent de vous écouter fidèlement…
Caroline Dublanche : Parfois, un morceau de l'histoire d'un autre fait écho à ce que l'on a pu vivre. Moi la première ! Certains auditeurs, qui ne sont jamais intervenus à l'antenne, m'écrivent pour me dire à quel point les témoignages les ont aidés dans leur histoire personnelle. Dans ce métier, on apprend en permanence des personnes, car la psyché humaine est tellement complexe. Pour aider autrui, je me sers de toutes ces grandes théories liées à ma formation, mais avant tout, j'apprends sur le terrain, au contact.

Vous arrive-t-il de ne pas savoir comment aider l'auditeur ? Que fait-on lorsque l'on ne trouve pas les mots pour apaiser ?
Caroline Dublanche : Il y a des situations de grande détresse où l'on se rend compte des limites de l'antenne. Ne pas connaître la personne fait que l'on ne sait pas comment elle peut faire face. Dans ce cas, le fait de "simplement" écouter apaise. Bien souvent, ces personnes ont avant tout le besoin de s'exprimer. Le fait de mettre des mots sur ce qu'ils traversent leur permet de trouver une forme d'apaisement. Dans le cas où une personne m'est énigmatique voire hermétique, les auditeurs également ont un rôle important. Lorsqu'ils ils comprennent quelque chose qui m'échappe, ils interviennent en direct pour conseiller la personne qui se confie sur les ondes. C'est un véritable échange.

Lorsque l'on vous écoute, on devine une véritable fibre maternelle…
Caroline Dublanche : C'est vrai que le fait d'écouter et d'être dans l'empathie à la radio a ce côté enveloppant et rassurant. De plus, mon émission se passe la nuit, un moment très particulier où les angoisses et les peurs peuvent revenir. Il nous ramène à l'enfance, lorsque l'on avait du mal à se séparer des parents pour aller se coucher et que ceux-ci nous racontaient une histoire pour nous apaiser. Les adultes me parlent très souvent de leurs blessures d'enfance. On sait à quel point elles peuvent conditionner une vie.

Comment réagissez-vous lorsque vous êtes particulièrement bouleversée par un témoignage ?
Caroline Dublanche : J'aime cette émission car je ne sais jamais ce qui va se passer. Lorsque je suis émue, je le dis, mais il faut essayer d'aller au-delà… La personne n'attend pas que l'on pleure avec elle. Souvent, une fois que le micro est coupé, je reviens sur des témoignages avec mon équipe. Le fait de pouvoir parler d'une histoire qui m'a particulièrement touchée, de la partager, fait partie de ma formation. Parfois, je continue un travail de supervision où je parle de certains témoignages à une psychanalyste afin de voir si ce que j'ai pu dire était indiqué ou pas… Il n'y a pas de certitude dans notre métier. C'est un travail qui nous amène à nous remettre sans cesse en question.

Vous avez officié sur Europe 1 pendant presque 20 ans, avant de débarquer sur RTL à la rentrée 2018. Pourquoi avoir choisi de changer de radio... et de cap ?
Caroline Dublanche : Cela m'a donné un élan. Je ressens ce changement comme quelque chose de très positif. On porte un regard neuf sur mon travail, là où le risque est de s'enfermer dans une forme de routine. Travailler avec une nouvelle technique, de nouveaux auditeurs, dans un autre cadre, cela fait peur, mais bousculer ses habitudes est très stimulant.

Retrouvez Caroline Dublanche dans l'émission Parlons-nous, du lundi au jeudi sur RTL, de 22h30 à 1h.