Mélanie Laurent respire et lâche tout

Avec Respire, au cinéma le 12 novembre, Mélanie Laurent signe un deuxième film réussi sur l'adolescence, la perversion narcissique et les amitiés complexes. L'occasion pour l'actrice-réalisatrice de nous confier en exclusivité les dessous de ses rapports aux autres. Rencontre.

Mélanie Laurent continue son parcours de cinéaste avec Respire, un deuxième film empreint de noirceur et de justesse. La jeune femme de 31 ans a choisi d'adapter le roman du même nom d'Anne-Sophie Brasme, qui raconte l'histoire de Charlie et Sarah, 17 ans. Deux caractères différents, une relation ambigüe, entre passion et désamour. L'actrice d'Inglorious Basterds, qui avait déjà réalisé Les Adoptés il y a trois ans, nous a accordé un peu de son temps précieux autour d'une tasse de thé, cigarette à la main, pour se confier sur son adolescence, ses amitiés et son rôle de maman.

Le Journal des Femmes.com : Pourquoi avez-vous choisi de porter sur grand écran le roman d'Anne-Sophie Brasme ?
Mélanie Laurent : Parce qu'il ne m'a jamais quittée. Je l'ai lu à 17 ans et il m'a choquée, bouleversée. Je n'y ai pas pensé pour mon premier film et il est réapparu comme s'il était toujours là, qu'il avait laissé une trace et qu'il fallait que je le raconte.

Quelle adolescente étiez-vous ?
M. L. : J'étais au dernier rang de la classe, à regarder beaucoup la fenêtre (rires). A cause de l'envie d'être ailleurs... J'ai eu une adolescence particulière, puisque je tournais des films en tant qu'actrice. J'étais à la fois au lycée, à la fois sur des tournages avec des adultes. J'avais des groupes d'amis, mais j'étais assez solitaire.

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Mélanie Laurent, sur le tournage de Respire © Alice Dardun / Gaumont Distribution

Gardez-vous un bon souvenir de cette période ?
M.L.
: J'avais mal au ventre, souvent, sur la route du lycée... A l'époque, j'étais fascinée par une bande de filles dont je ne faisais pas partie et les rapports étaient déséquilibrés. J'avais ce fantasme d'appartenir à leur groupe, alors qu'elles ne me regardaient jamais.

Votre film parle de pervers narcissiques. Avez-vous déjà été confrontée à une telle personnalité ?
M. L.
: Oui, de nombreuses fois. Cela a alimenté le personnage de Sarah, qui a été construit sur des adultes que j'ai rencontrés, très manipulateurs et pervers, plutôt que sur des ados. J'avais envie que ce personnage soit mature, conscient de son pouvoir.

Quel est votre rapport à l'amitié ?
M. L.
: J'ai beaucoup plus d'amis hommes, mais j'ai lié de nouvelles amitiés pendant le film et je suis encore très proche de mes actrices et de Claire Keim (qui joue la tante de Charlie, ndlr).

Que recherchez-vous chez vos amis ?
M. L.
: C'est très compliqué de trouver l'ami(e) parfait(e). Ce qui est génial dans les amitiés, c'est qu'on peut aller puiser la "déconnade" chez certains, des conversations beaucoup plus intenses et philosophiques chez d'autres. Il y a les amis de café et de bar, les amis de petit-déj' (rires)... Plus on a d'amis, plus on peut se balader à travers différents sentiments.

Plaire, c'est important pour vous ?
M. L.
 C'est universel : l'être humain a besoin d'être aimé, on recherche tous ça. En tant qu'actrice ou réalisatrice, le rapport de désir est exacerbé par les règles du jeu. Dans le métier, c'est "aime-moi, fais-moi tourner". Une actrice a besoin d'un réalisateur, de quelqu'un qui vient poser un regard sur elle. Ce sont des rapports assez malsains finalement.

Quand vous êtes-vous sentie femme ?
M. L.
: Je me suis pris un coup de vieux sur ce tournage (rires). Je crois que c'est la première fois que je me suis sentie femme ! Comme tous les ados s'entendaient super bien, quand ils me disaient "viens manger avec nous", j'avais vraiment l'impression d'être d'une autre génération. Je me disais "oh c'est sympa, ils ont envie d'aller dîner avec moi" ! (rires)

Vous êtes maman d'un petit Léo, vous n'êtes plus une enfant...
M. L.
: Non, je profite de chaque jour et de ce qui est en train de venir. Il grandit, il n'a qu'un an. J'ai énormément de mal à projeter quel ado il sera. Déjà, voyons quel enfant il deviendra. Ne brûlons pas les étapes : ça va déjà tellement vite.

Dans By the Sea, le prochain film d'Angelina Jolie avec Brad Pitt, vous incarnez le fantasme du couple. Quel effet ça fait ?
M. L.
: (Rires) Ce n'est pas tout à fait ça. Le film parle de deux couples : l'un existe depuis 15 ans, il commence à mourir, il y a moins de désir, tout est dur et sombre. L'autre est un jeune couple en lune de miel, qui rit, fait l'amour... Il s'agit surtout du fantasme d'être encore animé par la passion !

Portrait chinois : si vous étiez...
Un mot : Envie
Un homme : Le mien
Un personnage fictif : Peau d'Âne
Un livre : Mille morceaux de James Frey
Un parfum : Tartine et Chocolat
Une musique : Une Nocturne de Chopin
Une drogue : Le travail

Regardez la bande-annonce de Respire, de Mélanie Laurent, au cinéma le 12 novembre :

"Bande annonce 1, Respire"