Maria Callas, cantatrice star et prima donna

Une extrême virtuosité, un charisme inouï et un destin tragique. Maria Callas nous a quittés prématurément le 16 septembre 1977. Celle qui fut la plus célèbre cantatrice du XXe siècle, une tragédienne sur scène et à la ville, figure toujours au panthéon des amateurs d'opéra, mais sa légende dépasse le cercle des mélomanes.

Née à Manhattan, le 2 décembre 1923 dans une famille modeste, Cécilia Sofia Anna Kalogheropoulos est le vilain petit canard de la maison. Entre une génitrice peu aimante et un père volage, souvent absent, elle passe son temps (quand elle ne se réfugie pas dans la nourriture) à imiter les crooners à la mode entendus à la radio. Sa voix enchante et sa mère, qui cherche à fuir les Etats-Unis et son mari, saisit l'occasion pour rentrer au pays.

A 13 ans, l'ado au physique ingrat et aux grosses lunettes entre au conservatoire d'Athènes. C'est là qu'Elvira de Hidalgo la prend sous son aile et lui apprend les rudiments du métier. Les auditions s'enchaînent, c'est loin d'être la consécration. Miracle, le directeur des Arènes de Vérone l'engage pour interpréter le rôle-titre dans la Gioconda de Ponchielli. En route pour l'Italie... Et le succès!

Phénomène vocal sans vraie descendance qui se complaît sur trois octaves et demie, elle est soprano colorature et aborde une large gamme de rôles allant du lyrique voire léger aux rôles dramatiques. Elle interprète aussi bien La Walkyrie que le Trouvère, Aïda ou Norma, de Bellini, son opéra fétiche. Entre 1948 et 1952, elle donne plus de 173 représentations et entre dans la légende, grâce à sa rencontre avec le chef Tullio Serafin, pilier de la prestigieuse Scala de Milan, mais surtout grâce à Giovanni Meneghini, son agent et futur époux.
La Divine, qui pèse 108 kilos le jour de ses noces, en perd 40 à la demande de son mari. Elle mesure 1m73 et son tour de taille est celui d'un top-model : 58 centimètres. "La Callas" est née. Les années 1950 concentrent les plus fortes incarnations de cette "prima donna" qui habite chaque rôle d'une présence alors inhabituelle pour une cantatrice.
Devenue icône, La Callas brûle les planches, fait la Une des journaux et les plus grands couturiers se battent pour l'habiller. En 1956, elle est proclamée "l'une des dix femmes les plus élégantes du monde".

Après avoir annulé une représentation devant le président de la République italien à Rome, la star du bel canto s'envole pour Paris... Et s'enflamme pour l'armateur grec Aristote Onassis. Sa vie privée très publique et cette liaison font plus parler que sa carrière, pratiquement terminée. En 1968, l'excentrique milliardaire la quitte pour épouser Jackie Kennedy. Déception amoureuse immense pour l'artiste qui devient l'ombre d'elle-même. 

À partir de 1974, La Callas vit recluse dans son appartement parisien du XVIe arrondissement, au 36 avenue Georges-Mandel et écoute inlassablement ses disques. La mort d'Onassis en 1975, l'année où Pasolini est assassiné, puis de son ami Luchino Visconti en 1976, achève de la murer dans la solitude. "D'abord j'ai perdu du poids, ensuite j'ai perdu ma voix, et puis j'ai perdu Onassis", dira-t-elle avec ironie.

Épuisée moralement et physiquement, elle s'éteint le 16 septembre 1977, à l'âge de 53 ans. "Les Dieux s'ennuyaient, ils ont rappelé leur voix", regrettera le couturier Yves Saint Laurent.
Cocktail fatal de médicaments ? Infarctus ? Suicide ? Renoncement ? Les causes de sa disparition restent mystérieuses...