Mort de Patrice Chéreau : le rideau tombe sur un maître de la scène

Figure majeure de la scène théâtrale, Patrice Chéreau a marqué le monde du spectacle.
Né dans une famille d'artistes en 1944 dans le Maine-et-Loire, il a tout d'abord fait ses premiers pas au théâtre sous la tutelle des grands comme Roger Planchon.
Dès les années 60, il prend possession de la scène et se fait un nom dans le théâtre avec des pièces à succès. En 1966, il prend la direction du Théâtre de Sartrouville et s'engage dans un théâtre politique où il affiche des positions affirmées. Marivaux ou encore Eugène Labiche sont ceux qui l'ont inspiré et dont il reprend les pièces. En 1967, il reçoit le Prix du Concours des Jeunes Compagnies après avoir assuré la mise en scène des "Soldats" de Jakob Michael Reinhold Lenz.
En France, il voyage un peu partout. Tout d'abord à Marseille, où il met en scène "Richard II" de William Shakespeare. Ensuite à Lyon où il monte une nouvelle version de "Don Juan" de Molière. Mais Patrice Chéreau traverse aussi le cinéma qui lui permet de mieux mettre en valeur les émotions picturales de son enfance. En 1974, il réalise son premier long métrage, La Chair de l'orchidée qu'il adapte librement du roman de James Hadley Chase.
L'homme de théâtre est également acteur : il interprète Camille Desmoulins dans Danton d'Andrzej Wajda et devient empereur dans le film "Adieu Bonaparte" de Youssef Chahine.
En 1983, il réalise son film le plus intime avec "L'homme blessé" qui choque par l'évocation d'une crise d'identité sexuelle. Il en est récompensé en recevant le César du meilleur scénario original en 1984. Au total, il réalisera dix longs-métrages dont "La Reine Margot" primé à Cannes ou encore "Intimité" qui a reçu l'Ours d'Or à Berlin en 2001.
Sa dernière mise en scène, "Elektra" de Richard Strauss, avait électrisé la scène et été ovationnée en juillet dernier au festival lyrique d'Aix-en-Provence.  
Metteur en scène de théâtre et d'opéra, réalisateur, scénariste et acteur, autant de cordes qui viennent s'ajouter à son arc. Boulimique du travail, Patrice Chéreau a toujours été exigeant, humble et discret.
Sans un mot, l'homme de théâtre a quitté la scène, lundi matin, à 68 ans, après avoir lutté de longs mois contre un cancer du poumon qui a finalement eu raison de lui.