Mort de Daniel Darc, chanteur torturé
"Combien de ruptures, combien de blessures..." Daniel Darc est décédé jeudi à l'âge de 53 ans. Chanteur d'enfer du groupe Taxi Girl, influencé par la mouvance punk, il a rendu l'âme après une carrière assombrie par les addictions. Hommage à un poète auto-destructeur, mais classe et attachant.
Daniel Darc était un écorché vif, un rockeur à l'état pur. Le chanteur des Taxi Girl a été retrouvé inanimé, dans son appartement du XIe arrondissement de Paris ce jeudi. Il aurait succombé à un cocktail explosif, une surdose d'alcool et de médicament.
Né Daniel Rozoum, le 20 mai 1959 à Paris, il a chanté dans le groupe Taxi Girl dans les années 80'. Il a connu un succès retentissant avec le single "Cherchez le garçon" en 1981. L'homme était un artiste complet, passionné de rock, de littérature et d'arts martiaux. Fan de la mouvance punk, il en avait fait son mode de vie. Les Inrocks ont écrit leur crainte de ce destin tragique : "Depuis qu'on le connaît, à l'aube des eighties, il aurait pu dix fois finir dans le fil noir des dépêches d'agences, mort d'un abus de vie ou d'un autre". L'amoureux des Sex Pistols et des Clashs aimait l'extrême : "J'aime pas jouer les vieux cons mais je viens d'un moment où le rock était dangereux. J'aime ce danger-là. [...] Sans le punk et l'écriture, je serais forcément mort ou en prison, parce que rien d'autre ne m'intéresse. Il n'y a qu'avec ça que j'arrive à me débarrasser un peu de tout ce qui me fait chier", avait-il déclaré.
En 1979, il n'avait pas hésité à se trancher les veines sur la scène du Palace. Il touchait à la drogue et y trouvait là une aide pour survivre au temps qui passe : "Quand les gens disent "problèmes de drogue", je dis "solutions de drogue". Sans les drogues, je serais mort depuis longtemps, j'aurais pas pu supporter tout ce qui se passe", affirmait-il.
Après la période Taxi Girl, le chanteur s'est lancé dans une carrière solo. Il a connu le succès avec l'album "Crève-Cœur" en 2004. Avec 60 000 ventes, le disque lui a valu à 45 ans une Victoire de la musique de "Révélation de l'année". Daniel Darc a ensuite sorti "Amours suprêmes" (2007) et "La taille de mon âme" (2011).
Il était encore sur scène l'année dernière au printemps de Bourges, où il est resté fidèle à lui-même : attitude de dur à cuire, lunettes noires, tatouages sur tout le corps. Il avait chanté ses amis disparus et lancé au public : "Quelles drôles de vies que nos vies suspendues aux larmes". La délivrance a sonné pour l'artiste à l'élégance rare. Daniel Darc restera une icône, un grand monsieur du rock français.
