Lauren Bacall, femme fatale et actrice sublime, mourait il y a 5 ans

Le 12 août 2014, le 7e Art perdait son plus beau regard. Les paupières lourdes de Lauren Bacall se fermaient cette nuit là, à New York, la Ville qui ne dort jamais, pour toujours...

Lauren Bacall, femme fatale et actrice sublime, mourait il y a 5 ans
© NANA PRODUCTIONS/SIPA

Elle refusait d'être une légende (trop "has-been" disait-elle). Lauren Bacall, star parmi les stars, vivait dans le présent, voulait s'inscrire dans le futur, continuer à agir, à exister. Celle que l'on surnommait "The Look" a succombé à un accident cardio-vasculaire, il y a cinq ans, jour pour jour.
Femme de poigne, Lauren Bacall affichait son activisme politique. Fer de lance avec Humphrey Bogart de la lutte contre le McCarthysme et la mise à l'écart des cinéastes soupçonnés de communisme, elle se revendiquait "férocement démocrate, libérale, et même anti-républicaine".
Avec son esprit acerbe, elle faisait trembler les journalistes qui la rencontraient et ses répliques incisives resteront célèbres : "Nous vivons dans un âge de médiocrité", "trouvez-moi un homme assez intéressant pour que je dîne avec lui et je serai heureuse", "une femme n'est pas complète sans un homme. Mais où trouvez-vous un homme, un vrai, ces jours-ci?". Sacrée Lauren Bacall ! A 89 ans, son cœur s'est arrêté de battre.

Née le 16 septembre 1924 à New York, Betty Joan Perske de son vrai nom est la fille unique d'immigrants juifs roumano-polonais, de la famille de l'ancien président israélien Shimon Peres. Lorsqu'elle a six ans, ses parents divorcent. Betty vit avec sa mère, secrétaire, qui "par son immense amour la persuade qu'elle peut conquérir le monde". Yeux bleu azur, moue boudeuse, élégance bourgeoise, cette grande blonde (1m73) en impose. Bientôt sa silhouette longiligne à la classe folle fait la Une du prestigieux magazine de mode Harper's Bazaar. C'est grâce à cette photo qu'elle est remarquée, en 1943, par la femme du réalisateur Howard Hawks, lequel lui offre ensuite à 19 ans de partager l'affiche du "Port de l'angoisse" avec un certain Humphrey Bogart. "Bogie" a 25 ans de plus qu'elle, est marié en troisièmes noces avec Mayo Methot, mais se consume lorsque cette jeunesse insolente allume une cigarette. Il l'appelle baby, tombe sous le charme. Lors d'une scène culte, Lauren, timbre suave et lèvres charnues, lui intime: "Vous n'avez pas à jouer avec moi, Steve. (...) Si vous avez besoin de moi, vous n'avez qu'à siffler. Vous savez siffler, Steve ? Vous rapprochez vos lèvres comme ça, et vous soufflez". Coup de foudre servi sur plateau, amour passion. Ils se marient, ont deux enfants, incarnent l'un des couples les plus mythiques et glamour du showbiz jusqu'au décès de Bogart d'un cancer en 1957. Après une liaison médiatisée avec Frank Sinatra, Lauren Bacall épouse l'acteur Jason Robards, s'ensuit une union houleuse de huit années qui donne naissance à un garçon, Sam.

Elle n'était pas une minette, un petit oiseau, une lolita, mais une vamp à la voix rauque, au caractère fort et aux exigences à l'avenant. Immense interprète, vraie diva avec ses caprices, ses emportements, ses coups d'éclat, Lauren Bacall, qui tirait son nom de scène du nom de jeune fille de sa mère, Bacal, aura tourné dans plus de 30 films, rivalisé de sex-appeal avec Marilyn Monroe dans "Comment épouser un millionnaire", à chaque fois brillé par son talent jusque dans "Le Crime de l'Orient-Express" de Sidnet Lumet (1974), "Prêt-à-porter" de Robert Altman (1994), "Dogville" de Lars von Trier (2002) ou encore la série télé culte "Les Soprano". Récompensée d'un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 2009, elle n'a jamais décroché la précieuse statuette pour l'une de ses performances. Injustice.

En cet été 2019, Hollywood se remémore l'une de ses dernières "grandes dames" et le monde entier regrette une icône de l'âge d'or du cinéma.

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Lauren Bacall, femme fatale, ici en 1950 © REX-SIPA