Mike Horn a-t-il tué des gens en Afrique du Sud ? "Ça faisait partie de ma vie", il réagit aux accusations

Un documentaire de la chaîne suisse RTS sur le régime de l'apartheid en Afrique du Sud révèle l'implication de l'aventurier, Mike Horn, dans une unité de bataille chargée de traquer les insurgés indépendantistes. Un passé teinté de violences, au sujet duquel la star a tenté de se justifier.

Mike Horn a-t-il tué des gens en Afrique du Sud ? "Ça faisait partie de ma vie", il réagit aux accusations
© Lafargue Raphael/ABACA

Le passé rattrape-t-il Mike Horn ? Le célèbre aventurier est connu pour ses expéditions aux quatre coins du globe, dans des endroits que les hommes n'osent pas braver. Si sa réputation est bien établie, de nouvelles informations risquent d'entacher son image. En effet, la chaîne suisse RTS a mené une enquête d'investigation sur le passé militaire de l'homme de 56 ans intitulée La face cachée de l'aventurier. "Pourquoi et comment a-t-il atterri mystérieusement en Suisse en 1990 ? Avec quelle unité d'élite a-t-il vraiment combattu pour le régime de l'apartheid sud-africain ?", interroge la chaîne publique dans son magazine d'investigation Temps présent, jeudi 19 janvier.

Mike Horn : son passé sulfureux refait surface

Ainsi, l'homme né en Afrique du Sud le 16 juillet 1966 aurait rejoint "volontairement" le bataillon 101 qui agissait à l'époque à la frontière avec la Namibie afin d'imposer le régime de l'apartheid - sa mission aurait été de traquer les insurgés indépendantistes. La législation instaurant la ségrégation raciale a été instaurée en 1948 en Afrique du Sud et instaurait la séparation territoriale systématique entre les Blancs et les autres groupes ethniques du pays.

"Les civils étaient traités de manière épouvantable, tués"

Mike Horn aurait ainsi été un acteur dans les violences de l'apartheid. Waal de Waal, son ancien supérieur, raconte ainsi ce sombre épisode de l'histoire de l'Afrique : "C'était notre boulot. On était considérés comme la meilleure unité de contre-insurrection au monde. (...) Nous nous tirions dessus, nous nous roulions dessus. En fait, eux ne pouvaient pas nous rouler dessus car ils étaient au sol. Mais nous, nous étions sur des véhicules. Et l'arme du conducteur c'est son véhicule."

Un autre témoin a livré un récit poignant de cette terrible époque. Le juge à la Cour suprême de Namibie Dave Smuts, à l'époque avocat, raconte : "Les civils étaient traités de manière épouvantable, tués. Tout comme les insurgés capturés qui étaient souvent assassinés. (...) Le bataillon 101 lui-même a parfois opéré complètement en dehors de la légalité."

Mike Horn exprime des regrets, mais assume ce sombre passé

Approché pour le documentaire, Mike Horn a tenté d'étouffer le scandale. "C'était il y a tellement longtemps... Je dois regarder dans mon agenda... Je ne suis pas sûr que j'étais présent", a-t-il ainsi avancé à la RTS. Dans son portrait dressé par l'émission Temps Présent sur la RTS, il confie : "A cette époque, pour moi, être dans une unité réputée, c'était de jouer un rôle actif dans la protection de l'Afrique du Sud. Les gens pensent à chasser et tuer. Ce n'est pas chasser et tuer, c'est de chasser des gens qui vont tuer des autres gens. C'est un peu comme la police que je l'ai accepté - pas pour tuer des gens, mais pour empêcher de nouveaux éléments de tuer des gens que j'aime." 

A-t-il été traumatisé par ces violences qui ont marqué la période de l'apartheid ? "Ça faisait partie de ma vie comme partir en expédition ou aller acheter des croissants, a-t-il répondu à la RTS. C'est-à-dire que dès que tu veux que quelque chose te traumatise, c'est là où cela te traumatise pour toute ta vie."

La Suisse réagit à ces révélations

Après la diffusion du documentaire, Mike Horn déclarera "regretter d'avoir participé à ces opérations", tout en assumant "parfaitement" son passé. "Je n'ai jamais soutenu le régime de l'Apartheid, non seulement durant mes obligations militaires, mais également une fois celles-ci accomplies", a-t-il assuré 48 heures plus tard. C'est à la libération de Nelson Mandela, en 1990, que Mike Horn aurait fui en Suisse, où il vit depuis et élève ses deux filles, Annika et Jessica. Il a obtenu en 2011 la nationalité helvétique.

Ces nouvelles révélations ont interpellé l'exécutif suisse. Ainsi, la députée Jessica Jaccoud a interpellé ce mardi le Grand Conseil de l'État de Vaud, où réside l'aventurier. La socialiste lui demande de prendre position et de déterminer si la star conserve ou non son statut au sein du comité directeur de Vaud Promotion ainsi que son titre de membre d'honneur.