"Je ne dois rien à personne" : Omar Sy, agacé par la polémique, "assume" ce qu'il a dit

La promotion du film "Les Tirailleurs" a été chamboulée par l'interview donnée par l'acteur Omar Sy au journal "Le Parisien". Evoquant le sujet de la guerre, en général, il a eu des mots clivants et s'est retrouvé dans une polémique qui agite la classe politique et les réseaux sociaux. Il a pris la parole dans "Quotidien".

"Je ne dois rien à personne" : Omar Sy, agacé par la polémique, "assume" ce qu'il a dit
© Berzane Nasser/ABACA

Interviewé par Le Parisien pour parler du film Tirailleurs, réalisé par Mathieu Vadepied - et présenté lors du dernier Festival de Cannes -, Omar Sy a de nouveau mis le feu aux poudres en pleine promo... Alors qu'il évoquait avec le journaliste de sort méconnu de ces 200 000 hommes venus de lointaines colonies pour monter au front dans l'enfer de 1914-1918, l'acteur français en est ensuite venu à parler de la guerre en général. Certaines phrases de cette interview, publiée dimanche 1er janvier dans Le Parisien, ont fortement déplu à certains, anonymes comme politiques. À tel point que le quotidien a volé à son secours lundi 2 janvier, invoquant des phrases "sorties de leur contexte".

Invité le 3 janvier de Quotidien, sur TMC, Omar Sy a réagi à la polémique. Et il assume pleinement ses propos, estimant qu'il est devenu une cible et qu'il ne peut plus rien dire sans qu'on lui tombe dessus...

Omar Sy "assume" : il se dit attaqué personnellement 

Sur le plateau de l'émission de Yann Barthès, le comédien a donc réagi à la polémique en cours. "En fait, il y a un système qui est en place et à chaque fois que je sors de ma petite cachette avec ma petite barbe, on vient me chercher des polémiques, des trucs, pour que je rentre dans des explications. (...) C'est pas vraiment ce que je dis le problème, c'est ce que je suis. (...) Ce qui est clair, c'est pas ce que je dis qu'on attaque, c'est moi ! C'est pas un problème (...) Ce que j'ai dit, c'est écrit quelque part, lisez-le ! Comprenez ce que vous voulez, ce que j'ai dit, je l'ai dit. Je le pense et je l'assume. Ce que je refuse de me faire, c'est me justifier, parce que je ne dois rien à personne, je suis Français", a clamé l'acteur.

Libre à chacun de retourner lire avec attention son interview au Parisien.

"Ça veut dire que quand c'est en Afrique vous êtes moins atteints ?" : la phrase choc

Face à Yves Jaeglé, journaliste culture au Parisien, Omar Sy avait parlé d'abord de Bakary, un Sénégalais dont il incarne le rôle pour ce film et qui décide d'accompagner son jeune fils enrôlé de force dans l'armée française pour aller se battre en 1917 dans les tranchées de Verdun. Ce projet est l'aboutissement de 10 ans de réflexion et de travail entre l'acteur et le réalisateur, qui était alors directeur de la photo sur Intouchables.

Au fil de la conversation, enregistrée sur le téléphone du journaliste "pour ne rien perdre de ses propos et ne pas risquer le contresens", le comédien de 44 ans en vient à parler de la guerre en général, et plus précisément de la guerre en Ukraine, qui occupe largement le devant de l'actualité depuis plusieurs mois. "Je suis surpris que les gens soient si atteints. Ça veut dire que quand c'est en Afrique vous êtes moins atteints ?", questionne alors Omar Sy.

Nathalie Loiseau "blessée" par les propos de l'acteur

Une sortie qui n'a pas du tout plu à certains politiques et qui a vite enflammé le débat. Quelques heures après la publication de l'interview, la députée européenne Nathalie Loiseau et ancienne ministre du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, a cité sur BFMTV "58 militaires français morts au Sahel en luttant contre les djihadistes", au Mali, ajoutant que les Français se sentent bien "atteints" par la situation en Afrique. "J'ai été blessée pour ces familles d'entendre que les Français ne s'intéresseraient pas aux conflits en Afrique. [...] Il ne faut pas oublier les Français morts pour le Mali", rétorque-t-elle, contrariée.

Le RN critique une "starlette du showbiz ultra privilégiée"

Encore sur BFMTV, le porte-parole du Rassemblement national, Julien Odoul, a fustigé une "indignation sélective" de cette "starlette du showbiz ultra privilégiée" - Omar Sy a décidé de vivre avec sa femme Hélène et leurs enfants dans une villa à Los Angeles - et a estimé que l'acteur d'origine mauritanienne "n'a pas de leçon à donner". "Monsieur Omar Sy ne s'est jamais intéressé aux victimes des guerres africaines, aux victimes du terrorisme islamiste", assure-t-il.

Un "exilé fiscal" qui n'aurait pas son mot à dire

De son côté Charles Consigny, soutien de Valérie Pécresse à la présidentielle et candidat LR perdant dans les Yvelines, jugeait sur RMC les propos d'Omar Sy "déconnectés" et "abominables". "C'est un exilé fiscal, peut-être que lui n'est pas touché par la pauvreté des Français !", ajoutait le chroniqueur des Grandes Gueules.

Omar Sy un "homme sensible" aux propos incompris : Le Parisien revient sur la polémique

Face à cette salve de critiques, Le Parisien a rapidement pris la défense de l'acteur, évoquant "la parole d'un homme sensible aux atrocités" et "habitué à la violence d'autres conflits guerriers en Afrique, auxquelles il a été confronté depuis son enfance". Selon le journal, la phrase "Quand c'est en Afrique, vous êtes moins atteints ?", ne désigne pas, comme le laissent entendre celles et ceux qui ont nourri cette polémique, la France ou les Français. mais "ceux qui se sentent moins concernés quand des enfants sont massacrés par des bombardements à l'autre bout du monde".

"Ce n'était pas l'interview d'un politologue ou d'un historien par un journaliste politique, mais d'un acteur engagé dans la reconnaissance des tirailleurs sénégalais à travers un film puissant", conclut le journaliste, bien décidé à sortir Omar Sy de cette mauvaise passe.

Un bad buzz de plus pour l'acteur - Omar Sy avait déjà arrêté sa promo en 2017 pour le film Knock, après un clash avec Eric Zemmour - qui aura un impact sur le succès dans les salles de Tirailleurs