Patrick Juvet : son décès, Véronique Sanson et Nicoletta racontent...

Patrick Juvet "allait tellement mal"... Marc Lavoine, Nicoletta, Véronique Sanson: tous sont dévastés par la disparition de leur ami. Le chanteur avait vécu des dernières années difficiles, empreintes de deuil et de solitude. Fier d'avoir épousé la femme de vie, il disait ne pas craindre la mort et avait évoqué héritage et testament...

Patrick Juvet : son décès, Véronique Sanson et Nicoletta racontent...
© BENAROCH/SIPA

Patrick Juvet aurait pu chanter de longues années encore. Le chanteur était même prêt à enregistrer un nouvel album. "Il avait contacté des gens aux Etats-Unis. Nous attendions que le Covid soit passé", a assuré son agent depuis 20 ans, Yann Idoux, au Parisien. Mais il est mort à 70 ans, sans avoir eu le temps de concrétiser ce projet. Le 1er avril, le manager avait demandé à des amis de se rendre dans l'appartement de l'artiste à Barcelone, là où il vivait depuis plusieurs années. Il s'inquiétait de ne pas avoir eu de ses nouvelles depuis plus de deux jours. C'est là que la macabre découverte a été faite. Mais que s'est-il réellement passé?

Les raisons de la mort de Patrick Juvet

"Il y aura une autopsie mais sa mort semble naturelle. Patrick était quelqu'un de très sensible, il avait des hauts et des bas et souffrait d'une addiction à l'alcool. Le décès de son frère, il y a deux ans, l'avait beaucoup affecté", a-t-il expliqué.

Patrick Juvet était particulièrement apprécié, pas seulement par ses fans et les nostalgiques des années 70, mais également par les personnalités de la chanson française. 

Véronique Sanson, qui a bien connu l'interprète de La Musica, est dévastée: "Sa disparition me crève le cœur, car il avait quelque chose de très rare, la fidélité".

Marc Lavoine, également bouleversé par la mort du chanteur, n'a pas pu s'exprimer auprès des médias pour l'instant.

Patrick Juvet, marqué par son grand amour 

Alors son compositeur Fabrice Aboulker a évoqué le souvenir de Patrick Juvet à sa place, dans Le Parisien: "Patrick était homo mais il a eu une grande histoire d'amour avec ma mère (la productrice Florence Aboulker, ndlr) dans les années 70".

La romancière a été son grand amour. Ils se seraient d'ailleurs mariés... Grâce à elle, il a pu rencontrer le célèbre Eddie Barclay, avec qui il a longtemps travaillé.

"Au début, elle ne m'attirait pas, mais elle avait une telle élégance, un tel charme, une telle intelligence", avait d'ailleurs déclaré Patrick Juvet à son propos.

Leurs chemins se sont ensuite séparés, mais l'affection est restée intacte.

Patrick Juvet : sa "prison"

"Patrick, c'est beaucoup de talent et de gâchis. Il avait un toucher au piano unique et un sens de la mélodie incroyable. Mais il a vite connu le succès et a brûlé la vie des deux côtés", a poursuivi Fabrice Aboulker, dans Le Parisien.

Le succès a en effet été trop brusque, et le soufflé est retombé trop rapidement. "Il a fait des tubes éternels, qui ont été sa prison. Il était heureux de les chanter, mais il aurait préféré chanter d'autres morceaux", a expliqué Christophe Dechavanne, qui l'avait convié à la tournée Âge Tendre. 

"Il allait tellement mal"

Après avoir connu un immense succès avec son titre Où Sont Les Femmes, il a vu ses espoirs déçus lorsque ses albums suivants ont fait un flop, dans les années 80. C'est là que celui qui chantait Souviens-Toi Minette a commencé à sombrer dans l'alcool, la drogue, la tristesse

Ces dernières années ont été d'autant plus difficiles. Nicoletta, sa grande amie, a expliqué au Parisien: "Il allait tellement mal. Il a commencé à lâcher prise quand sa mère avec qui il était fusionnel est décédée, il y a trois ou quatre ans. On s'appelait souvent".

"J'essayais de le motiver pour qu'il travaille son piano — car c'était un excellent pianiste — et fasse une tournée des théâtres, mais il ne m'écoutait plus. Il n'avait plus le courage. La solitude, c'est dur quand tu as connu la grande lumière", a-t-elle ajouté.

Patrick Juvet, face à la mort : son héritage

Quant à son héritage, le chanteur qui n'avait pas d'enfants, y a pensé une décennie avant sa mort. En 2010, il confiait à France Dimanche: "Je n'ai pas fait de testament, mais j'aimerais léguer tout mon argent aux enfants défavorisés. J'ai déjà prévu que la fille de ma sœur sera en charge de la succession et des droits d'auteur... Je souhaite aussi que ma maison au Brésil devienne un lieu de vacances destiné aux enfants qui ne peuvent pas s'en offrir".

Et d'ajouter, en évoquant la mort: "Peut-être me faudrait-il officialiser mes désirs en allant signer des papiers chez un notaire, mais, par superstition, je ne l'ai toujours pas fait. Ça me donnerait l'impression que je vais mourir le lendemain. Pourtant je n'en ai pas du tout peur. Je suis même persuadé qu'il y a un 'après', que nous ne sommes que 'de passage.".

Sa crise de tétanie qui aurait pu tout changer

Mais le compositeur du titre de Cloclo, Le Lundi Au Soleil (si, si), était tout de même heureux de mener sa vie à Barcelone, en Espagne, où il s'était installé à la fin des années 90. Pourtant, à cause d'un incident du passé, Patrick Juvet s'était juré de ne plus jamais retourner dans le pays.

"Lors d'une tournée éprouvante aux États-Unis et dans toute l'Europe, ma maison de disques m'avait imposé une énième interview pour une télévision espagnole. Il faisait une chaleur étouffante et, avec la fatigue accumulée, j'ai fait une crise de tétanie. Stupidement, j'ai donc gardé un souvenir épouvantable de ce pays", avait raconté le chanteur de I Love America à France Dimanche, en 2010.

Puis, il s'était de nouveau rendu en Espagne pour rendre visite à "un copain souffrant". Et ce fut le coup de foudre. 

L'Espagne, son havre de paix

"J'y ai alors découvert une autre vie, bien plus agréable qu'en France (...) et à une période de mon existence où j'avais besoin de repos, j'ai décidé de louer une 'petite' baraque de 150 m² avec un terrain de 16000 m² sur la Costa Brava. C'était si vaste que je n'ai jamais fait le tour entier de la propriété ! (...) J'ai donc loué un petit deux pièces dans Barcelone, à une heure de route de ma maison de campagne", avait-il ajouté.

Depuis, Patrick Juvet avait acheté un appartement à Barcelone, où il se sentait si bien... qu'il y a vécu ses derniers instants.