Valérie Karsenti : "C'est très dur d'être parent, on se culpabilise beaucoup"

Valérie Karsenti joue le rôle poignant d'une mère à la recherche de sa fille disparue, dans "La Fugue", de Xavier Durringer, diffusé le 6 janvier à 21h05 sur France 2. Entretien avec une actrice brillante et talentueuse...

Valérie Karsenti : "C'est très dur d'être parent, on se culpabilise beaucoup"
© HASSEN BRAHITI / FTV

Valérie Karsenti campe avec brio une mère désemparée, à la recherche de sa fille disparue, dans La Fugue, de Xavier Durringer, diffusé le 6 janvier à 21h05, sur France 2. Un sujet encore tabou que la comédienne évoque avec pudeur et réflexion. L'actrice, qui nous amuse régulièrement avec son personnage de l'exubérante Liliane dans Scènes de Ménages sur M6, étonne par sa capacité à passer d'un registre à l'autre, d'émotions en émotions, d'aventures en aventures... Entretien. 

Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a convaincue d'interpréter le rôle de cette mère à la recherche de sa fille ?
Valérie Karsenti :
J'avais très envie de participer à ce projet. J'ai été, d'une part, séduite par l'écriture d'Olga (Vincent, la scénariste, ndlr) que je trouve sobre, pudique et simple. J'ai aimé l'idée de ce film d'ambiance, d'errance. Les moments de solitude que voulait mettre en lumière Xavier (Durringer, le réalisateur, ndlr) étaient artistiquement merveilleux. 

C'est un film au rythme particulier, la tension est palpable...
Valérie Karsenti : Nous avons filmé la fiction en décembre 2019, alors que les grèves battaient leur plein à Paris. Cela a finalement apporté une certaine tension aux scènes, on voyait des sirènes de police, des embouteillages… Ce dont Xavier s'est intelligemment servi pour ses scènes.

Vous êtes-vous entretenue avec un psychologue ou autre pour vous préparer à ce rôle ?
Valérie Karsenti : Je ne trouvais pas que cela était nécessaire dans la mesure où je savais que j'avais un bon réalisateur, j'étais totalement en confiance. Le psychiatre Xavier Pommereau a beaucoup travaillé avec Olga pour le scénario, mais cela n'avait pas d'intérêt pour moi que je sois nourrie d'informations que mon personnage n'a pas. Il fallait juste que je sois ancrée dans le moment présent, en réaction et en action. 
Nous avons d'ailleurs fait une seule lecture en une journée. Sur le tournage, nous avons même épuré des répliques. Point trop n'en fallait...

Certaines scènes sont relativement difficiles. Le tournage était-il éprouvant ?
Valérie Karsenti : Vous savez ce qui est éprouvant sur les tournages ou les pièces ? C'est lorsque l'on tombe sur des c*nnards, des gens qui humainement sont pervers, ont des égos démesurés et nous empêchent de travailler. À cause de leurs problèmes personnels non résolus, ils nous entraînent dans leurs névroses. Je ne citerai pas de nom, mais j'ai déjà croisé de telles personnes. Le tournage de La Fugue, par contre, n'était pas éprouvant, car nous étions en harmonie avec l'équipe. On s'est beaucoup marrés entre les prises...  

"J'ai été une adolescente assez calme, je n'ai même pas fait de crise d'ado" 

Lorsque l'on joue la mère d'une fille en fugue, se plonge-t-on dans ses souvenirs d'enfance pour s'identifier un peu à Chloé ?
Valérie Karsenti : Personnellement, je n'ai pas vécu les traumatismes de Chloé. Il n'y a rien de près ou de loin qui me rappelle mon enfance. J'ai été une adolescente assez calme, je n'ai même pas fait de crise d'ado ! De l'adolescence, je garde des souvenirs d'une période très belle où l'on vibre et où l'on est exalté. Et puis à mon époque, il n'y avait pas les réseaux sociaux…

Votre personnage le dit : les adolescents d'aujourd'hui sont happés par les réseaux sociaux, il devient impossible de connaître certains pans de leur vie. Pensez-vous qu'il soit plus dur d'être parent en 2021 ?
Valérie Karsenti : Je pense que les relations entre parents et enfants sont de toute éternité. Je suis absolument certaine qu'il y a 150 ans, ils vivaient la même chose, avec d'autres mots, en ayant des paroles certes moins libres, mais ils n'en pensaient pas moins. Tout contrôler serait non seulement un leurre mais une erreur absolue. Je trouve qu'il est normal pour un adolescent de commencer à mener une vie un peu secrète en dehors de sa famille. On ne peut pas tout contrôler, et heureusement (rires) !

En tant que mère, vous êtes-vous reconnue dans votre personnage ?
Valérie Karsenti : Les rôles que je joue me renvoient rarement à ma vie. C'est très dur d'être parent, on se culpabilise beaucoup. Je prie pour qu'une telle situation n'arrive pas autour de moi, mais il n'y a pas de recette pour éviter cela, les parents sont rarement responsables de ces drames. J'essaie d'avoir une parole de confiance, de dire que je suis toujours là s'il y a un problème, de manière douce et apaisée. J'ai des doutes, comme chaque parent. Je traverse des périodes harmonieuses, de remise en question… Mais c'est merveilleux d'être mère.

Ne manquez pas La Fugue, de Xavier Durringer, diffusé le 6 janvier à 21h05, sur France 2, qui sera suivi d'un débat thématique présenté par Julian Bugier.