Emilie Dequenne : "La naissance d'un enfant est un choc incroyable"

Emilie Dequenne campe une directrice d'école impuissante face au sort de Stella, une enfant maltraitée par ses parents, dans la fiction bouleversante "La Maladroite", d'Éléonore Faucher, diffusée le 18 novembre à 21h05, sur France 2. Pour l'occasion, l'actrice s'est confiée sur son rôle, la maternité...

Emilie Dequenne : "La naissance d'un enfant est un choc incroyable"
© Aurore Marechal/ABACAPRESS.COM

A l'affiche de la fiction La Maladroite, qui interpelle sur la maltraitance des enfants, Emilie Dequenne reste profondément touchée par ce tournage, des mois après le clap de fin. Le long-métrage bouleversant d'Éléonore Faucher, diffusé le 18 novembre à 21h05 sur France 2, suivie du documentaire produit par Mélissa Theuriau, Bouche Cousue, nous narre le récit effroyable de la petite Stella, maltraitée par ses parents. Son institutrice, interprétée par Isabelle Carré, et la directrice de son école, campée par Emilie Dequenne, ont beau se rendre compte de l'horreur qui se déroule derrière les murs du domicile de Stella, elles sont impuissantes face aux parents irresponsables qui continuent de tirer les sinistres ficelles du drame. L'actrice de 38 ans se confie au Journal des Femmes et aborde avec émotion la maltraitance infantile, sujet de société tristement d'actualité.

Qu'est-ce qui vous a interpellée dans le scénario de cette fiction ? 
Emilie Dequenne :
En tant que femme et mère (de Milla, 17 ans, née de son ancienne relation avec Alexandre Savarese, ndlr), je ne peux pas passer à côté de la raison pour laquelle le film a été créé, l'engagement qu'il représente. Je sais ce que j'ai éprouvé à la naissance de ma fille, je ne peux pas imaginer qu'une personne puisse toucher ne serait-ce qu'un cheveu de ses enfants ! Même s'il s'agit d'une "simple" fessée, c'est quelque chose qui m'échappe, je ne le comprends pas. Savoir qu'il y a tant de maltraitance sur les enfants, que nous pouvons passer à côté et qu'ils peuvent en mourir, cela me semble insensé. 

En quoi cette fiction peut-elle aider ? 
Emilie Dequenne : Je ne pense pas que le film changera le monde, mais j'ai l'espoir qu'il éveille les consciences. Je pense que c'est le cas. Le processus d'identification avec ces personnages, dans cette société qui gravite autour de cet enfant, est tel que l'on peut s'y retrouver facilement. L'histoire renvoie à soi et c'est nous qui devons faire que les choses changent. On peut lire toutes les statistiques et entendre les faits divers les plus sordides, mais je pense que le fait de se plonger dans ce type de long-métrage interpelle davantage.

Dans quelle mesure avez-vous puisé dans votre quotidien de mère pour camper cette directrice d'école au contact d'enfants ? 
Emilie Dequenne :
J'ai toujours aimé être au contact des enfants. Dans ce cas, c'est une directrice d'école qui n'a pas de classe, donc c'est encore différent. Ce que cela a changé pour moi, c'est cette distance professionnelle à mettre en place par rapport à ce qu'elle éprouve et ce dont elle est témoin. Je ne me nourris jamais que de moi, même pour les personnages les plus opposés à mon caractère. On ne peut pas faire semblant, fabriquer les choses, sinon cela ne fonctionne pas à l'écran. Il y a une partie de soi dans chacun de nos rôles.

Comment vous êtes-vous préparée à ce rôle ?
Emilie Dequenne :
Il m'a fallu nouer des liens avec les enfants tout en embrassant le côté administratif et responsable du personnage. C'est Éléonore (Faucher, la réalisatrice de la fiction, ndlr) qui m'a bridée. Je me suis dit que mon personnage savait ce qu'il se passait, qu'il voulait tirer la sonnette d'alarme. À chaque fois que je voyais le personnage de Damien (Jouillerot, ndlr), qui joue le père, je savais qu'il fallait l'arrêter et en même temps, j'étais bridée par cette responsabilité de directrice. Je suis aussi l'État et j'ai cette barrière qui me retient. C'était sans cesse un jeu de va et vient entre mon cœur qui a envie d'exploser et mon poste qui le retient.

Le fait d'être mère vous a-t-il davantage sensibilisé à l'histoire ?
Emilie Dequenne : 
J'imagine que oui. Je pense que n'importe quel être humain détesterait voir un enfant violenté, mais en étant parent, cela prend une tout autre dimension. La naissance d'un enfant est un choc incroyable et c'est comme si le cœur se retrouvait doté d'un ventricule supplémentaire. Il y a un nouvel amour qui apparaît, une sorte d'amour que l'on a jamais éprouvé auparavant. C'est immense. À chaque fois que je voyais Elsa Hyvaert (l'actrice qui joue la petite Stella, ndlr), je m'écroulais en larmes parce que je me disais : "Comment peut-on faire du mal à une petite chose comme ça, qui est d'une vulnérabilité infinie ?"