Amel Bent : "Mes filles me disent que je suis une super maman"

Avec "Demain", Amel Bent revient sur le devant de la scène. La chanteuse, devenue maman, signe un sixième album mêlant douceur et mélancolie et se confie sur sa nouvelle vie. Rencontre intimiste au Tsuba Hôtel, en plein cœur de Paris.

Amel Bent : "Mes filles me disent que je suis une super maman"
© Benjamin Decoin

On a découvert Amel Bent en 2004 lors de son passage à la Nouvelle Star. Après cinq albums, et une absence de cinq ans, la chanteuse remonte sur scène pour présenter Demain. Devenue maman, l'interprète du tube Ma Philosophie dévoile un peu plus de sa nouvelle vie à travers ce sixième opus. Nous avons rencontré la star, pétillante et chaleureuse. Confidences.

Le Journal des Femmes : Pourquoi avoir choisi "Demain" comme nom d'album ?
Amel Bent :
 Cela n'a pas été évident parce que cet album s'est fait en plusieurs parties. Le début a été réalisé avant mes grossesses. Il y a eu une grosse coupure et ensuite, quand j'ai repris la création de l'album, ma vie avait complètement changé. Les chansons prenaient de nouveaux thèmes que j'abordais différemment. D'ailleurs, l'album s'est longtemps appelé L'autre avant Demain

Pourquoi avoir changé d'avis ?
Amel Bent : L'album s'appelait L'autre parce que je regardais derrière, j'étais portée sur le passé, comme s'il fallait que je colle à tout prix à la chanteuse que j'étais avant. Je ne suis pas obligée de regarder ce que j'ai fait avant, ce qui m'attend peut être génial aussi. Je me suis dit "Allez soyons positifs, gardons espoir et regardons devant". Voilà comment Demain est apparu.

Qu'est-ce qui vous a inspirée pour l'album ?
Amel Bent : Ma vie. J'ai tellement du mal à chanter autre chose que ma propre existence. Je ne chante que des chansons qui me touchent, je ne feins pas l'émotion. Elle est réelle et quand une chanson ne me touche pas, je peux même chanter très mal. Si l'on me met une chanson qui ne me parle pas, il y a tout qui se bloque, mes cordes vocales ne veulent plus y aller. Quand je suis transcendée par un texte, la voix s'envole directement. Donc, je m'inspire vraiment de ma vie pour pouvoir être performante .

Avez-vous une chanson favorite ou un titre qui vous touche particulièrement ?
Amel Bent : Il y en a beaucoup… La chanson Pour mes filles me bouleverse. J'étais en répétition de tournée, j'ai du la faire 20 fois, et 19 fois je me suis mise à pleurer. Et en plus, je fais pleurer tous les musiciens !

C'est vrai que toutes les chansons de l'album sont particulièrement émotives...
Amel Bent : Je le prends comme un compliment parce que mon but dans la vie est de faire pleurer les gens. On peut bien chanter, être un exécutant, faire toutes les notes parfaitement, sans forcément chanter dans l'émotion. L'interprétation, c'est un silence, un vibrato et là, on peut faire pleurer les gens et se faire pleurer soi-même. Quand j'étais en répétition de tournée, j'ai rechanté A 20 ans, je suis tombée à la renverse d'émotion. 

Vous parliez de la une chanson dédiée à vos filles. Comment s'est passé la Fête des mères cette année?
Amel Bent : C'était une journée de rêve, puisque je n'ai pas travaillé, J'étais seule avec mes enfants. Mon mari avait un mariage dans le Sud, je ne l'ai pas accompagné car je ne voulais pas me priver de ce dimanche de Fête des mères. On a fait un plateau-repas devant un bon Disney, plein de papouilles, on a dormi toutes les 3 ensemble. Le dimanche matin, nous sommes allées au jardin d'acclimatation, nous avons fait tous les manèges et ensuite, je les ai emmenées faire du poney. Le papa nous a rejoint, il est rentré avec un énorme bouquet de fleurs. 

Le fait d'être maman a-t-il changé votre façon d'interpréter ou votre vision du métier d'artiste ?
Amel Bent : Cela change la vision de la vie en général. Je pense que c'est un métier qui nous empêche un peu de grandir. Si l'on ne fait pas un petit effort pour rester connecté dans la vraie vie, on peut stagner. C'est un métier qui est très prenant, où l'on passe sa vie à se maquiller, se démaquiller, s'habiller, se déshabiller. On ressemble aux gens mais l'on ne vit pas comme eux. Les enfants nous forcent clairement à avoir une routine. Il faut penser aux couches, aux rendez-vous chez le pédiatre, la visite de la maternelle, les horaires, la crèche... On vit à leur rythme. De mes 18 à mes 30 ans, depuis la Nouvelle Star, j'ai survolé la vie. Maintenant, quand je me réveille, ma priorité, c'est mes enfants, ce n'est pas un public et un micro.

Quel type de maman êtes-vous ?
Amel Bent : Je suis une super maman, ce sont mes filles qui me l'ont dit. (rires) Je suis une maman à tout faire, parce que j'étais déjà une fille qui faisait tout. Je fais le ménage, je cuisine, je bricole, donc mes filles me voient tout le temps être active. Même mes moments off me servent à faire des choses. Ce n'est que lorsque j'ai tout fini à 1h30 du matin que je me mets devant un film. 

Dans le titre Une star, vous décrivez les moments plus douloureux, difficiles et mélancoliques de l'artiste. Cette star, c'est vous ?
Amel Bent :  Tout à fait. Parler à la 3e personne était un effet de style, mais j'aurais pu parler à la première personne. D'ailleurs, je me demande si sur scène je ne vais pas la chanter à la 1e personne et assumer, mais je vais pleurer. Une Star, c'est aussi une référence à la Nouvelle Star, c'est un terme qui est fréquemment associé à mon nom. Je voulais parler de tout l'envers du décor, des moments plus difficiles qui ne sont pas du tout strass, paillettes.

Comment appréhendez-vous la tournée ?
Amel Bent : Je suis passée par plein de phases. Au début, je ne me sentais pas prête physiquement. Je m'attaque à tous mes plus gros morceaux, donc physiquement, mentalement je me suis vraiment préparée, ce que je suis en train de vivre est militaire. J'avais perdu toute cette dynamique, cela fait 5 ans que je dors debout, donc c'est l'électro-choc pour moi. Les premiers jours, j'étais aphone, au bout de 4 chansons, il fallait que je me repose. Pour mes abdominaux aussi, c'était compliqué ! J'ai accouché deux fois, mon obstétricien m'a dit que je n'avais pas besoin de rééducation. Les chanteurs utilisent leurs périnées, leurs abdos et leurs diaphragme. C'est notre outil de travail, donc c'est ultra musclé. C'est une vraie séance de sport : on doit être gainé tout le temps sinon la voix ne sort pas. Il y a une vraie préparation physique qui n'est pas négligeable. Je ne pouvais pas arriver sur la tournée comme avant.

Peut-on dire que vous avez visé la lune ?
Amel Bent : (Rires) Non, parce que ce qui est beau dans ce métier, c'est qu'il n'y a pas de fatalité, tout est un recommencement, il n'y a jamais de fin. C'est à la fois une malédiction et une bénédiction.