Charlotte des Georges, comédienne à aimer un peu, beaucoup

Dans "On va s'aimer un peu, beaucoup", les femmes prennent le pouvoir. La nouvelle série de France 2 met en scène des avocates brillantes, décomplexées, tantôt fragiles, tantôt fortes, qui jonglent entre leur vie de famille et leur carrière. Charlotte des Georges, qui joue le rôle de Sofia, nous parle de cette série qui brise les clichés.

Charlotte des Georges, comédienne à aimer un peu, beaucoup
© Ben Dauchez

Actrice, humoriste, chroniqueuse radio... Charlotte des Georges sait tout faire. La comédienne, qui compte déjà plusieurs one-woman shows à son actif, a fait ses preuves sur grand écran en jouant dans Coco, au côté de Gad Elmaleh et dans L'un reste, l'autre part, avec Charlotte Gainsbourg et Daniel Auteuil. Elle a également officié en tant que chroniqueuse radio sur RTL, avec Stéphane Bern, avant de briller sur le petit écran dans les séries Pep's et Une chance de trop

Dans On va s'aimer un peu, beaucoup, la nouvelle série de France 2 diffusée tous les mercredis soirs et créée par Pascal Fontanille et Emmanuelle Rey-Magnan (producteurs de Clem), Charlotte des Georges campe Sofia, l'un des rôles principaux. Le programme nous propulse dans le quotidien passionnant de trois avocates qui tentent d'allier leur vie privée et leur carrière. Courageuses, fragiles, drôles, émouvantes, elles oscillent entre grandeurs et décadences. Au cabinet d'avocates Lartigues & Lorenzi, les femmes sont les "Maîtres" du jeu, et cela fait du bien.

Le Journal des Femmes : Comment vous présenteriez-vous à nos lectrices ?
Charlotte des Georges : J'ai commencé par l'humour parce que c'est là où j'étais le plus à l'aise, ça me semblait nécessaire. J'ai ensuite eu beaucoup de mal à me défaire des étiquettes. Lorsque vous êtes humoriste, on ne conçoit pas que vous puissiez être actrice tout court. J'ai dû arrêter la radio, les spectacles seule en scène, pour pouvoir me concentrer sur ma carrière d'actrice.

Vous jouez le rôle de Sofia dans On va s'aimer un peu, beaucoup, une série dont les personnages principaux sont uniquement des femmes...
Ce qui est drôle, c'est que les personnages masculins sont traités comme les personnages féminins le sont habituellement. Je pense à Lionel Erdogan (qui joue le rôle de Paul, ndlr) : il est nu sous la douche, il se fait tromper, on a l'impression qu'il a un travail qui ne sert à rien, on le voit souvent à la maison avec les enfants... Les rôles sont complètement inversés.

Comment vous êtes-vous retrouvée sur ce projet ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'y participer ?
J'ai reçu les textes via mon agent parce que la directrice de casting a demandé à me voir. Pour la petite histoire, j'étais venue pour le personnage qui est joué par Ophélia Kolb (Audrey dans la série, ndlr) et le réalisateur Julien Zidi a dit : "Mais non, c'est Sofia !" En lisant le script pour la première fois, c'est elle qui me plaisait… La vie est bien faite ! Et puis, il fallait un trio qui fonctionne, c'était important. Donc on a passé plusieurs essais pour trouver la mère, la fille, que ça aille avec moi… Ça a été assez évident. Nous avons toutes des physiques très particuliers, des énergies différentes, des types de beauté différentes. C'est vraiment agréable de voir un casting de femmes singulières.

À première vue, Sofia est plutôt légère et apporte une touche d'humour à la série. Puis on se rend compte que le personnage est plus complexe. Elle est alcoolique, accro au poker… Cet aspect dramatique vous plaît ?
C'est vrai que ce personnage est génial pour ça. Sofia est à la fois très drôle parce qu'elle est libre, désinhibée, qu'elle met "les pieds dans le plat", mais elle cache une part dramatique. On sent que derrière, il y a une espèce de faille énorme et forcément, elle finit par tomber. L'alcool, le jeu, le mensonge... Elle va être obligée de régler des choses parce qu'elle ne peut pas tenir ce rythme indéfiniment, sinon elle va exploser.

Sofia a également un côté "tête brûlée"...
Oui, ce personnage fait toujours des pirouettes. S'il y a une décision A ou une décision B à prendre, tout le monde ferait la A parce que l'on sait que la B va nous mettre dans une merde noire, mais elle va prendre la B, parce que c'est interdit. Il y a l'adrénaline, le challenge... Forcément, elle se brûle.

Sofia prétend que tout va bien, alors que cela n'est pas le cas. Vous jouez le rôle d'une personne qui joue un rôle, c'est une sorte de mise en abyme ?
Oui, parce qu'on a l'impression qu'elle est en surreprésentation tout le temps. Il y a quelque chose de l'ordre de la façade, du surjeu. Tout doit être parfait : son maquillage, sa tenue, sa démarche chaloupée… Et lorsqu'elle est seule chez elle, ce n'est pas glorieux.

Les personnages principaux sont uniquement des femmes. Elles sont fortes, opiniâtres et la problématique de l'envie d'avoir une carrière et d'être mère est abordée. Est-ce une série "féministe" pour vous ?
Absolument. Malgré beaucoup de boulot, des enfants à élever, j'aime le fait qu'on soit toujours super belles, mais belles pour soi, pas pour les autres. C'est une féminité conquérante, assumée, et en cela, la série est assez féministe. On les voit également subir l'arrogance des hommes et ne pas se laisser faire…

Être une femme actrice, c'est difficile ?
En général, quand vous regardez une série ou un film, la quantité de rôles masculins est beaucoup plus importante que la quantité de rôles féminins. Or, on est beaucoup plus de femmes dans le métier. Donc c'est la bagarre (rires). Je suis ravie que des femmes se mettent à écrire et réaliser et je compte bien en faire partie. En l'occurrence, On va s'aimer un peu, beaucoup est écrit par un homme et une femme. Dans cette série, on sort des clichés. Elles travaillent, elles fument, elles baisent, elle ne sont pas forcément fidèles. Le programme apporte un nouveau souffle qui fait du bien.

Monter sur scène en tant qu'humoriste, ça vous manque ?
Oui, comme quand je joue le personnage de Sofia, la scène, c'est des grandes montées d'adrénaline, des grandes émotions. Le rire, c'est toujours à un millimètre, on ne sait jamais pourquoi une blague fait rire un jour et pas l'autre. Est-ce que le personnage est bien placé, assez crédible, est-ce que j'en ai trop fait ? Il y a une espèce de précision, de mécanique, comme une Ferrari, pour que cela fonctionne et c'est assez passionnant à explorer.

Avez-vous des projets ?
On tourne actuellement la saison 2 d'On va s'aimer, un peu, beaucoup. J'ai également participé à la mini-série L'accident, une adaptation d'un roman de Linwood Barclay composée de 6 épisodes de 52 minutes. Elle sera diffusée sur France 3 en février. Et puis, comme ça me démange, je vais remonter sur scène avec un nouveau spectacle qui s'appelle L'art de rompre. On va le créer à Avignon cet été et je le jouerai à Paris.

Ne manquez pas On va s'aimer un peu, beaucoup tous les mercredis à 20h55 sur France 2.